Afin de remporter, à tout prix, au moins une victoire dans quelque discipline que ce soit, Universités, instituts et autres grandes Ecoles ont recours désormais à ce qui, en matière d’éthique sportive, est assimilable à la plus grossière des turpitudes : la tricherie. Celle-ci est un jeu d’enfant : on enrôle dans ses effectifs d’authentiques athlètes qui n’ont, avec l’établissement qui l’aligne, aucun autre rapport que les muscles saillants, porteurs de toutes les promesses de victoire. Sans doute y a t-il également entre ces athlètes ambulants et les Universités qui louent leurs services d’autres relations qui concernent les primes à payer en cas de succès final. Mais, bien évidemment, ce n’est pas ce genre de tractations souterraines que l’on évoque, lors des conférences de presse. De ce côté-là donc, on perdrait inutilement beaucoup de temps, en cherchant à en savoir davantage.
A coup sûr, les tricheries qui ternissent en ce moment les jeux universitaires de Dschang ne doivent pas être les premières du genre. D’autres responsables universitaires ont certainement dû les expérimenter en d’autres occasions. Seulement, les doses ne revêtaient pas encore, pouvons-nous croire, le caractère gourmand comparable à ce qu’on est en train de déplorer dans le chef-lieu de la Menoua. Bien entendu, que les tricheries aient été inventées depuis longtemps au sein des jeux universitaires ou qu’elles aient atteint une ampleur intolérable à Dschang, les dégâts, énormes, restent sensiblement de même nature.
En effet, parce que ces tricheries impliquent, en premier lieu, une jeunesse qui sort peu à peu de l’adolescence, une jeunesse qui, presque déjà avertie, est censée délaisser la naïveté et l’insouciance, pour intégrer l’âge de la responsabilité, elles comportent forcément le risque d’être considérées comme un apprentissage salutaire. L’exemple a sur la jeunesse une force d’attraction irrésistible. C’est à vingt ans — la moyenne d’âge de ces garçons et filles qui compétissent à Dschang — que des modèles se prennent pour la vie entière. De cette manière, si, avec le 100m, le saut en hauteur ou le football, la tricherie est enseignée à nos étudiants et étudiantes comme une autre discipline sportive grâce à la quelle on peut gagner une médaille, on a des raisons de craindre que c’est définitivement parti pour la vie. Demain, quelle que soit la fonction que ces athlètes à vendre occuperont au sein de la société, le souvenir de leurs exploits truqués au cours des jeux universitaires — à Dschang ou ailleurs — leur présentera sans cesse la tricherie comme le meilleur raccourci qui soit, pour accéder à mieux, le plus rapidement possible.
C’est, bien entendu, aux encadreurs sportifs de nos Universités, instituts et grandes Ecoles, que la plus grande part de ces tricheries incombe. C’est eux que la honte de ces pratiques déplorables éclabousse le plus. Des éducateurs et encadreurs qui cherchent dans la tricherie un baume magique qui ferait croire qu’ils ont génie et talent, en matière d’entraînement sportif, sont indignes, incapables et dangereux. Ce n’est pas aux individus d’un tel acabit qu’il faut confier l’éducation de notre jeunesse. Dans tous les cas, aucune victoire ne saurait être belle, quand on l’a obtenue en trichant.
Source: Cameroun Tribune
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