En prenant, récemment, et contre toute attente, des mesures publiques ou discrètes visant à restaurer la souveraineté de l'Etat, le président de la République semble avoir résolument tourné le dos à la diplomatie de la permissivité qui a livré les intérêts du pays aux appétits de ses voisins...
On a rarement reconnu au président Paul Biya, ces sorties médiatiques d’une détermination martiale. La face qu’on lui reconnaît, par contre, est celle d’un homme d’Etat qui a toujours prôné une diplomatie de clémence confinant au renoncement. Ses décisions, bien que généralement aux allures de coups de tète, ont toujours surpris. A l’image de ce communiqué du ministre de la Communication, Pierre Moukoko Mbonjo, du 22 juin dernier, qui confirme des attaques successives perpétrées contre des positions camerounaises par les forces nigérianes, dans la péninsule litigieuse de Bakassi. Alors que c’est depuis l’offensive fatale du 17 courant, qui fait un mort, un blessé grave et des dégâts matériels importants, côté camerounais, que les Camerounais attendaient une mesure de cette veine. Laquelle intervient finalement une semaine après l’incident, et pour que Paul Biya trouve les mots Justes pour stigmatiser un acte que le communiqué du Mincom taxe de provocation. Pourtant, si Abuja s’était résolu à se retirer et à transférer l’autorité de la péninsule à Yaoundé, conformément à l’arrêt de la Cour internationale de Justice de La Haye, du 10 octobre 2002, qui reconnaît la souveraineté du Cameroun sur Bakassi, l’on n’en serait pas arrivé là.
Cette situation, le président, Paul Biya a tout fait, jusqu’à la lisère de l’humiliation, pour l’éviter. Il s’est même volontairement livré aux caprices de son homologue nigérian, Olusegun Obasanjo qui, depuis trois ans, le soumet à un rallye diplomatique de dupes dont le plus récent est la tripartite de Genève d’il y a presque un mois, la quatrième du genre. Qui plus est, le chef de l’Etat a accepté que Abuja repousse l’échéance du 15 septembre 2004, date butoir du retrait des forces nigérianes de la péninsule et, aussi, le report à une date hypothétique, du conclave de la commission mixte y relative, initialement prévu entre le 10 et 15 Juin derniers. Mais, avec l’incident du 17 juin dernier, les forces nigérianes semblent avoir franchi le seuil de la tolérable réglementaire en diplomatie. Trop, c’est trop, se serait-il finalement exclamé pour prendre la décision qui fédère aujourd’hui les différents clivages politiques du Cameroun.
Détermination
La détermination d’Etoudi à sécuriser ses frontières s’est aussi récemment manifestée, mais de manière discrète. Le gouvernement s’est finalement décidé d’en finir avec les coupeurs de route qui sévissent aux frontières camerounaises sur le flanc est des provinces de l’Est et de l’Adamaoua.
Selon la Pana, le Cameroun a déployé 400 éléments des forces de l’ordre dans les zones concernées aux fins d’enrayer l’activité des grands bandits qui s’attaquent généralement aux bergers bororos, enlevant des enfants et exigeant des rançons faramineuses. Le week-end dernier, dix coupeurs de route auraient été tués au cours d’un affrontement dans l’arrondissement de Djohong (Mbéré) qui a permis aux forces camerounaises de saisir un arsenal de guerre impressionnant constitué de poignards, de deux Kalachnikov, d’un pistolet automatique et de 500 munitions.
Le déploiement des éléments nationaux justifie la nouvelle option du chef de l’Etat à ne plus souscrire à la diplomatie permissive dont il a longtemps fait preuve à l’endroit de ses voisins au détriment des Intérêts de l’Etat et des populations. 400 éléments des forces de l’ordre, c’est dix fois leur effectif d’avant le 15 mai dernier, date à laquelle les coupeurs de route s’étaient résolus à libérer les 27 otages qu’ils détenaient encore des 70 kidnappés, plus d’un mois plus tôt.
Selon des sources proches des zones naguère propices à leurs exactions, le calme revient peu à peu, permettant ainsi le flux retour des populations actives qui avaient fui le département du Mbéré, pour préserver leurs biens.
A l’unisson, les Camerounais ne peuvent que se réjouir d’une attitude présidentielle porteuse d’espoir, mais rarissime.
La nouvelle expression
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