En décembre 2003 a eu lieu, dans l’entente et la paix, le retrait et le transfert d’autorité dans la zone du Lac Tchad.
Quant à la zone de Bakassi, le retrait de l’administration civile, des forces militaires et de police nigérianes devait y être effectué au plus tard le 15 septembre 2004. Mais l’on a observé depuis lors que les forces nigérianes campent toujours sur le terrain. Les autorités d’Abuja évoquent " des problèmes internes " pour justifier leur attitude et usent, selon les observateurs, de toutes sortes de manœuvres dilatoires. Que cache le dilatoire Nigérian ? Combien de temps faudra-t-il aux autorités d’Abuja pour " régler les problèmes internes " ? Sont-elles véritablement disposées à faire reprendre rapidement les travaux de la commission mixe ? Telles sont les questions que se posent les observateurs. C’est le lieu de rappeler que le refus constaté de quitter la péninsule de Bakassi dont les richesses notamment halieutiques et pétrolifères sont connues et convoitées a conduit au blocage de la situation. La Commission mixte ne s’est plus réunie depuis octobre 2004, date de sa dernière rencontre. Les Camerounais et la communauté internationale en général attendaient le déblocage de la situation par la réunion de la Commission mixte à la suite du sommet Paul Biya-Kofi Annan-Olusegun Obasanjo à Genève en mai, lorsqu’est survenu l’incident du week-end dernier, incident qui n’est pas le premier du genre selon des sources concordantes. Des tirs d’obus nigérians ont entraîné à Bakassi la mort d’un caporal chef camerounais ; un adjudant chef, grièvement blessé, se trouve hospitalisé à Douala. Cette situation qui suscite des doutes sur la volonté réelle d’Abuja de contribuer efficacement à la mise en œuvre intégrale de l’arrêt de la Haye amène les autorités de Yaoundé, selon de bonnes sources, à examiner la possibilité de saisir le Conseil de sécurité, afin que les engagements pris par le Cameroun et le Nigeria avant et après l’arrêt de la CIJ soient respectés.
L’on se souvient que le 10 octobre 2002, la Cour Internationale de Justice de la Haye a rendu l’arrêt sur l’affaire de la frontière terrestre et maritime opposant le Cameroun au Nigeria, communément appelée Affaire Bakassi. Pour assurer l’application et le suivi de cette décision importante, les présidents Paul Biya et Olusegun Obasanjo se sont rencontrés à Genève le 15 novembre 2002 au Palais des Nations, à l’invitation du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Déjà avant l’arrêt de la cour, les deux chefs d’Etat avaient convenu de respecter et de mettre en œuvre la décision de la Cour Internationale de Justice et de créer un mécanisme de mise en œuvre avec l’appui des Nations unies. C’était le 5 septembre 2002 à Paris, en présence de Kofi Annan. C’est dans ce contexte que les présidents Paul Biya et Olusegun Obasanjo ont décidé, avec l’appui de Kofi Annan, de mettre en place une commission mixte bilatérale présidée par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Ahmedou Ould-Abdallah. Cette commission a été chargée de réfléchir sur les voies et moyens de donner suite à l’arrêt de la CIJ et de faire avancer le processus ainsi enclenché.
Depuis le 1er décembre 2002 jusqu’au 22 novembre 2004, la Commission mixte Cameroun-Nigeria, présidée par l’ambassadeur mauritanien Ahmedou Ould-Abdallah s’est réunie alternativement à Yaoundé et à Abuja tenant tous les deux mois des sessions ordinaires et en cas de nécessité, des sessions extraordinaires. Conformément aux missions qui lui ont été confiées, elle a mis sur pied une méthodologie et un calendrier de travail qui ont permis un début d’application concret de l’arrêt de la CIJ. Il faut espérer que le blocage observé actuellement sera bientôt levé et que l’accord de la Haye sera appliqué intégralement.
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