Tsimi Evouna a présenté un plan de réinsertion aux commerçants.
Interpellé hier, dimanche 15 mars, au cours d'une conférence de presse donnée par l'Archevêque de Yaoundé, le délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Yaoundé a toutefois précisé " ce n'est pas à moi de recaser les gens. Yaoundé doit être construite et elle le sera ". Cependant, Gilbert Tsimi Evouna reconnaît que des actions doivent être entreprises pour réinsérer les jeunes dont les commerces ont été démolis bien que, dit-il, " les décisions de recasement ne seront pas prises par moi. Si en d'autres lieux les gens sont incapables d'engager des réflexions, ce n'est pas mon problème."
Rappelant que les casses ne sont aucunement liées à l'arrivée imminente du pape Benoit XVI, Gilbert Tsimi Evouna a cependant tenu à parler du plan de réinsertion des jeunes commerçants qu'il a soumis, dit-il, la semaine dernière au Premier ministre, Inoni Ephraïm.
A propos donc de cet éventuel recasement des commerçants, Gilbert Tsimi Evouna a confié : "j'ai envoyé une correspondance au premier ministre la semaine dernière où je lui présentais un plan de soutien aux jeunes déguerpis car, je suis bien conscient de ce que ces opérations peuvent avoir des conséquences sociales. Il s'agit de trouver un site sur lequel on va créer des espaces pour ces jeunes. Ce plan devrait être soutenu par les ministères du Commerce, de l'emploi, des Affaires sociales, le Feicom et le Crédit foncier. Par souci de clarté, j'ai demandé que les dossiers de ces jeunes soient déposés au Fonds national de l'emploi qui les étudiera et renverra les dossiers de ceux qui ont été retenu au comité qui sera composé des différents ministères impliqués dans ce processus".
Malgré tout, Gilbert Tsimi Evouna a rappelé : "Je ne me suis rendu compte, au cours des différentes casses que nous avons démoli environ 100.000 personnes et mes statistiques montrent que 30% de ces personnes ne sont pas des camerounais. Nous veillerons également à ce que l'équilibre régional soit respecté et que tout le monde soit satisfait. Par ailleurs, étant donné que ces boutiques seront subventionnées par l'Etat, le loyer reviendra moins cher pour ces jeunes. Je prends le risque d'en parler parce que je sui certain que ce plan sera adopté vu son importance".
Cette sortie de Gilbert Tsimi Evouna est intervenue quelques heures avant que le président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, Shanda Tonme ait écrit une lettre au premier ministre. Dans cette correspondance, M. Shanda Tonme demande au premier ministre la mise sur pied d'une commission d'enquête sur les destructions des biens et les brutalités en cours à Yaoundé sous le prétexte de nettoyage de la ville avant l'arrivée du Pape. Dans sa correspondance, il affirme en effet : " Il y a lieu de s'interroger sur les motivations réelles de monsieur le Délégué et de ses conseillers.
Dans certains cas, ce sont des actes de vol qui ont été mis en exergue, et dans d'autres, des démonstrations de haine gratuite, tantôt de discrimination, tantôt de tribalisme. Il n'y a donc pas eu d'application d'une ligne de conduite générale. " La Commission demande donc, de ce fait, au premier ministre de " Faire cesser immédiatement les destructions, convoquer le Délégué du gouvernement et lui servir une demande d'explication, publier un communiqué de clarification avant l'arrivée du Pape, mettre sur pied une commission d'enquête impartiale associant les représentants des victimes et des personnalités de la société civile et la commission devra procéder à la restitution des marchandises emportées et indemniser les personnes injustement et illégalement brutalisées. "
Depuis le 04 mars dernier en effet, le centre commercial de Yaoundé et les commerces installés aux abords des rues dans les quartiers périphériques de la ville connaît une opération de dégagement des abords de rue. A chaque passage des pelleteuses, le désespoir s'installe et ces jeunes désespérés de ne plus avoir d'occupations envahissent les rues, assomés.
Source: Quotidien Mutations
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