Le premier étage et l'esplanade du " Pentagone " étaient noirs. De monde certes, 
    mais surtout des traces du feu qui s'y est déclenché à 17h30 hier mardi 7 
    octobre, selon divers témoins. "C'était surprenant parce qu'il s'agit d'un 
        des endroits les plus calmes du quartier militaire et on s'apprêtait à rentrer. 
        On n'a pas compris que le feu (qui n'a fait aucune victime selon les 
        pompiers) puisse partir de là, les camarades s'y trouvaient ", confesse un militaire 
    naturellement anonyme. Le " Pentagone ", qui emprunte son nom au ministère 
    américain de la Défense et l'état-major de l'armée des Usa, est l'immeuble qui 
    abrite les généraux mis sur la touche et divers services de l'armée camerounaise 
    notamment le contrôle général des armées que préside le général d'armée Pierre 
    Semengue, l'officier général le plus gradé des forces armées camerounaises. 
     
    Au Contrôle général des armées, se trouvent des vétérans des premières heures de 
        l'armée camerounaise qui s'est faite sur la lutte contre l'Armée nationale de 
        libération du Kamerun (la branche armée de l'Upc) au début des années 1960. 
        C'est donc le bureau de l'un d'eux, Jean Nganso Sunji, général de corps d'armée, 
        et les installations de son cabinet, qui ont été complètement dévastées par les 
        flammes, ont indiqué diverses sources. Le feu serait parti des installations 
        électriques, après une coupure d'électricité survenue aux alentours de 17h. 
         
    L'intervention rapide des pompiers venus de l'état-major de ce corps de l'armée 
    camerounaise situé au centre-ville à environ 1km a permis de circonscrire 
    rapidement le feu. Mais avant, les soldats qui se trouvaient encore dans les 
    bureaux du cabinet du général Nganso Sunji ont tôt fait de déménager les 
    documents et mobiliers facilement transportables qui se trouvaient là. C'est du 
    moins ce que des soldats attirés par le remue-ménage qui s'observait autour du " 
    Pentagone " ont laissé entendre. 
  
                                                                                                 
                                                												
                                                
    Pour autant, une heure et demie après le moment probable de déclenchement du 
    feu, les plus importants officiers généraux qui devaient se trouver à Yaoundé 
    défilaient encore sur les lieux. Certains, visiblement surpris, se demandaient " 
    ce qui a bien pu se passer". L'on a ainsi pu voir sortir de la barrière lâche de 
    sécurité érigée à l'entrée de l'immeuble de deux étages, le colonel Gabriel 
    Mbida, commandant du quartier général situé à un jet de pierre. Le général 
    commandant le corps national des sapeurs pompiers, Baba Souley, les " anciens " 
    Pierre Semengue, James Tataw, René Youmba et la " victime " principale de 
    l'incendie Jean Nganso Sundji inspectaient encore les abords de l’immeuble à 
    19h. 
         
    Tout au long de la rue, le ballet des agents des services de renseignement en 
    ajoutait à l'ambiance bizarre de cet incendie. A pied, en effet, des badauds 
    passant par là se renseignaient. Mais les soldats renouvelaient l'interdiction 
    de filmer quoi que ce soit.  
     
    Autant l'on pouvait noter la mine grave des chefs de l'armée camerounaise, 
    autant les petits soldats tout autour commentaient et réfléchissaient sur cet 
    incident qui survient alors que les forces armées n'avaient pas encore donné une 
    réponse à l'attaque de Limbé. Dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 septembre 
    en effet, des personnes non identifiées ont attaqué, durant deux heures au 
    moins, quatre banques à Limbé, un des mini quartiers généraux de l'armée. Plus 
    de 200 millions de Fcfa ont été emportés sans la moindre réaction des militaires 
    établis aux alentours. Le ministre de la Défense que l'on attendait sur les 
    lieux de l'incendie hier soir, avait déclaré qu'il était au courant et que des 
    mesures avaient été prises. Ce qui aurait permis de limiter les dégâts. Au " 
    Pentagone ", anciennement siège du Grand Hôtel, pensait-on à la riposte avant 
    cet incident? 
Source : Mutations
  
                                                												
                                                
  
                                                												
                                                
  
                                                												
                                                
  
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