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Yaoundé, au rythme des Châteaux
(01/04/2008)
La capitale camerounaise voit pousser tous les jours des résidences au style particulier. A coup de centaines millions de Fcfa dont les propriétaires ne disent pas toujours comment ils ont gagné cet argent.
Par Jean François Channon

De Mfandena à Koweït City

Le quartier s’appelle Mfandena II. Il part de l’arrière du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo à Yaoundé, au quartier dit lycée bilingue d’Essos. Il y a encore quelques années, c’était absolument le grand vide. Une espèce de forêt occupait cet immense terrain. “ On a chassé des rats partout ici. C’était la brousse totale. Dans les bas-fonds, il y avait plein de marécages boueux. Je me souviens même que vers 1992, mon oncle y reccueillait du vin de palme et venait le vendre au marché d’Essos ”, commente Essomba M. un natif du coin. Aujourd’hui, le quartier Mfandena II dont les Yaoundéens ignoraient jusqu’au nom il y a pas longtemps de cela, est devenu l’une des agglomérations de grand luxe de la capitale camerounaise.
C’est à la célèbre rue Marc-Vivien Foé, dédié au regretté footballeur, que commence cette cité baptisé “ cité des milliardaires ”.

De la rue Foé, on ne distingue pas très bien les merveilles qui s’y trouvent. Mais une fois à l’intérieur du quartier, on a bien l’impression d’être ailleurs que dans ce Cameroun où la misère rampante a presque assassiné nombre des citoyens. Des constructions de rêves s’étendent à perte de vue. Ce ne sont pas de simples villas que l’on a connues au début des années 80. Et qui constituaient la grande majorité des habitations des quartiers résidentiels tels que Bastos, Camp Sonel, Cité verte, et autres Essos et Tsinga. Il s’agit plutôt des duplex et triplex, avec plusieurs étages et plusieurs sous-sols. Avec des clôtures de plus trois mètres de hauteur. En fait, on dirait des châteaux de mille et une nuit. Tellement leurs architectures font penser aux demeures de rêve que l’on rencontre à Beverly-Hills aux Etats unis, ou encore dans les alentours de la Principauté de Monaco.

Même scénario du côté du quartier du Golf vers les abords du Mont-Febé. Il y a exactement 10 ans, c’était aussi le grand vide ici. Depuis que les Américains ont décidé d’y construire leur superbe ambassade, des bâtisses imposantes ont commencé à pousser dans les environs. Le couple présidentiel est entrain d’y achever une maison privée aux allures de palais princier. Mais à côté de la maison des Biya, il y a encore mieux que cela. Ici on voit une maison aux pylônes semblables à celles de la Basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro. Là, c’est l’impressionnant portail en acier d’une maison qui compte un sous-sol de trois étages. Plus loin, c’est une maison tout de marbre. Sa particularité, un ascenseur qui s’ouvre sur ses étages.

Et lorsqu’on continue du côté du quartier Odza, à l’entrée Sud de Yaoundé, ou encore du côté du lieu dit Santa Barbara, vers le quartier Ngousso, on atteint pratiquement le comble de la démesure. A Odza, le quartier a pris le nom de Koweït city. En référence au défunt Jean Assoumou Mvé, ancien directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Ce dernier avait été le premier à construire une maison qui, à l’époque, étourdissait tout le monde. Aujourd’hui, cette demeure transformée en hôtel ne vaut plus rien par rapport à ce qu’on rencontre à Koweït City. Ou encore dans presque tous les nouveaux quartiers de Yaoundé. Tout comme d’ailleurs aussi dans les anciens quartiers tels Bastos où la tendance générale est à la construction des maisons incommensurables.

De centaines de millions

Dans tous ces quartiers où poussent des châteaux, le terrain s’acquiert à des prix exorbitants. A Mfandena, depuis que le terrain a été viabilisé, le mètre carré ne se vend pas à moins de 50 mille Fcfa. Il en est de même du quartier du Golf, de Koweït City ou encore de la nouvelle zone d’Ekounou où parfois on atteint les 100 mille Fcfa le mètre carré. “ En réalité, le discernement des occupants de ces nouveaux quartiers se fait en fonction du critère de l’argent. Car rien n’explique le fait que ces terrains aient des prix aussi élevés. On a comme l’impression que les riches ont décidés de se mettre ensemble. Et s’éloigner des pauvres. Puisque lorsque vous venez y acheter du terrain, on évalue qui vous êtes avant de vous le vendre ”, explique un expert immobilier.

Conséquence, le genre de logements qui sont bâtis dans ces quartiers, va chercher au minimum dans les 300 millions de Fcfa.
Certains parlent de maison à plus d’un milliard de Fcfa. D’ou le nom de Châteaux qui leur est donné. “ A Mfandena, si vous observez bien, la plupart des habitations qui y sont construites sont en marbre. Et il s’agit pour la plupart du temps du marbre de qualité supérieure dont on vend le mètre carré à plus de 200 mille Fcfa. Vous avez des gens, des Camerounais précisément, qui ont construit au vu et au su de tout le monde des maisons totalement protégées de marbre. Lorsqu’on ajoute à cela, les différents matériaux de construction chers et rares qui sont utilisés pour ces maisons de grand luxe, allez donc évaluer ce que cela peut coûter ”, commente notre expert immobilier.

Fonctionnaires, hommes d’affaires et “Suissesses”

Qui sont donc les propriétaires de ces châteaux qui poussent chaque jour à Yaoundé et ses environs. Selon nos enquêtes, ce ne sont pas des étrangers qui investissent ainsi de manière ostensible dans l’immobilier. Sinon très peu. Dans le contexte camerounais, où la pauvreté est la chose du monde la mieux partagée, on peut donc logiquement s’étonner que des compatriotes, (du moins un certain nombre) aient ainsi le vent en poupe. Au point de construire des châteaux en pleine capitale. A Mfandena, la plupart des gardiens et autres vigiles de ces luxueuses demeures que nous avons approchés, indiquent que les “ patrons ” travaillent soit aux Impôts, soit aux Douanes, ou alors ce sont des hauts cadres des sociétés d’Etat. Ce sont aussi des magistrats, des membres du gouvernement, des officiers supérieurs de l’armée camerounaise, des policiers de haut rang…

Généralement, presque tous sont toujours des hauts commis de l’Etat camerounais, occupent ou ont occupé des postes de responsabilité sensible sur le plan financier. Et dont on est pas vraiment sûr qu’ils pourraient apporter la preuve des ressources financières qui leur ont ainsi permis d’invertir, au cas ou l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) par exemple se mettaient à leurs trousses. A Koweït City, ou encore à Santa Barbara, un autre quartier aux nombreux châteaux, on retrouve aussi ces hauts commis de l’Etat, des hommes d’affaires spécialisés dans les marchés publics, des membres du gouvernements, des officiers supérieurs de l’armée, mais davantage celles qu’on appelle là-bas “ les suissesses ”. Il s’agit de ces bonnes dames, très souvent mariées au Cameroun, mais qui se sont exilées en Suisse ou ailleurs en Europe pour pratiquer des métiers inavouables dont le fruit permet ainsi de construire ces belles résidences.

Au final, on peut se réjouir que Yaoundé connaisse ainsi une évolution croissante avec ses châteaux. Il y en a certainement qui ont honnêtement gagné cet argent. N’empêche, le petit peuple a l’impression que dans son dos, certaines élites qui occupent des fonctions publiques s’enrichissent et viennent encore ainsi les narguer. Hélas !



Source: Le Messager


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