Woungly Massaga
Des événements de février pour lesquels l'ancien militant de l'Union des populations du Cameroun indique qu' " Il est difficile d'admettre la thèse du discours présidentiel selon laquelle des partis politiques auraient monté des jeunes pour les lancer à la rue ". Une manipulation qui s'explique selon lui par le fait qu'il s'agit d'une jeunesse qui avait décidé de sortir de " la grande passivité " dans laquelle elle semblait plongée.
La situation était d'autant plus préoccupante que selon celui que l'on connaît également sous le pseudonyme de "Commandant Kissamba" qu'en plus de Douala où la situation avait rapidement dégénéré avec des jeunes s'attaquant à quelques édifices publics, le même type de scènes se produisait à Yaoundé, que le président Biya avait tendance à considérer comme un sanctuaire". Ce qui provoqua selon lui un affolement du pouvoir " qui fit tirer sur les jeunes à balles réelles, faisant des centaines de morts ".
Pour Ngouo Woungly Massaga et les siens, l'ampleur de la contestation des jeunes a amené le président Biya à faire "un discours où il apparut, selon une mise en scène délibérée, coléreux, brutal et ferme, annonçant que l'Etat allait utiliser tous les moyens à sa disposition et accusant" des apprentis sorciers de l'opposition " d'avoir lancé des jeunes dans la rue ".
Dans la suite des mesures prises par le chef de l'Etat rentrant dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie des populations, s'il dit " appuyer les mesures dites d'amélioration des conditions de vie de notre peuple même si elles nous paraissent insuffisantes ", il dénonce leur improvisation, mais surtout "la brutalité avec laquelle le régime a réagi en massacrant des jeunes sans défense". Autant de choses qui montrent selon lui que " la crise actuelle doit être prise au sérieux ".
Une crise qui, selon le Commandant Kissamba trouverait sa source dans ce qui était encore le débat sur le projet de modification de la constitution. " Il y a au sein du RDPC parmi les activistes de l'entourage du chef de l'Etat, des opportunistes dangereux chantres de la politique " sans état d'âme " qui le poussent à la non limitation des mandats parce qu'ils cherchent à monter à leur tour au contrôle du pouvoir au cours d'un prochain mandat du président Biya" indique-t-il. Il s'agit pour lui de "véritables apprentis sorciers parce qu'ils jouent avec le feu".
Pour Woungly Massaga " A 75 ans, après 25 ans de gestion inévitablement éprouvante d'un pouvoir personnel, n'importe quel homme politique aspirerait à un paisible repos. Mais le président Biya n'a pas su, pu ou voulu préparer sa succession ". Ce qui pousserait actuellement " une génération de prétendants obscurs, jeunes loups aux dents longues, aux conceptions politiques fascisantes, " à lutter pour qu'il reste encore au pouvoir quelque temps afin de les adouber, de les installer aux commandes de l'Etat ". Un projet qui selon lui n'a pour fondement que "le déficit de patriotisme et le manque de lucidité politique ".
Au chapitre des solutions de sortie de crise, il propose aux Camerounais de s'adresser au président Paul Biya sous la forme d'une pétition. Celle-ci évoque notamment la " libération immédiate et amnistie inconditionnelle de tous les jeunes arrêtés lors des émeutes… l'amplification et l'accélération des mesures dans le cadre des négociations sérieuses avec les syndicats pour la création d'au moins 14.000 emplois, la mise en place immédiate d'un gouvernement d'union nationale patriotique ", même s'il n'indique s'il est prêt à y participer.
Source: Quotidien Mutations
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