WikiLeaks est un site internet dont le but est de divulguer au grand public des dossiers à caractère principalement politique issus d’Afrique, d'Asie, des États-Unis ou encore du Moyen-Orient.
Ces dossiers secrets ou tout au moins confidentiels mettent souvent en cause des politiques étatiques de prises de positions sociétales ayant un impact certain sur la vie des citoyens de par le monde. Ses objectifs de transparence et de dénonciation veulent en faire « la source d’information la plus puissante.»
Depuis le 28 Novembre dernier, WikiLeaks a commencé à publier et classer des mémos issus d’ambassades américaines de par le monde. Environ 260.000 mémos classés d’usage interne à top secret seront mis à la disposition du grand public. 337 de ces mémos concerneraient le Cameroun.
12 documents seraient classés « Secret », 129 « Confidentiel ». La majeure partie des documents concernant Yaoundé couvrirait la période de 2006 à 2010. Ceux-ci seraient d’autant plus intéressants à consulter que le Cameroun a essuyé diverses remontrances ces dernières années émises par des États-Unis critiquant sa politique en matière de corruption et son laxisme présumé vis-à-vis des détourneurs de fonds, entre autres.
Mais le jeu est double : on découvre ainsi des américains heureux de la volonté affichée de Nicolas Sarkozy de tourner la page de la françafrique, ce qui leur permettrait de se positionner stratégiquement sans pour autant se mettre en porte-à-faux avec l’hexagone.
L’existence d’accords secrets mis en place dans les années 60 est également établie. Ainsi raillée, l'obligation d’intervention de la France en cas de conflit armé dans ses anciennes colonies ou les contrats d’exclusivité en matière d’exploitation de ressources minières et matières premières des nouveaux indépendants.
On peut lire un mémo concernant la sécurisation par l’armée djiboutienne d’un transport maritime d’armes militaires pour le compte de Blackwater Worldwide. L’armée privée la plus puissante au monde planifiait de prendre pour base africaine Djibouti afin de proposer une protection aux navires passant la baie somalienne à raison de 200.000 dollars par voyage. La note précise l’intérêt économique de Djibouti qui ne pouvait ainsi qu’accepter d’accueillir l’entreprise sur son territoire.
Collecte d’ADN de dirigeants africains et entente France Chine sur le continent
Mais surtout on ne peut s’empêcher d’être surpris par un mémo statuant de l’éventualité d’une entente entre la France et la Chine en Afrique. Un partage des biens du parent pauvre qui démontre si besoin est que les richesses africaines dépassent ce à quoi l’on pourrait penser et que loin de se battre, Chinois et Français veulent optimiser leur exploitation commune du territoire.
De même, à la hauteur des blockbusters hollywoodiens, Washington a expressément demandé la collecte « d’empreintes digitales, d’ADN, d’images de visages et de scans d’iris » de dirigeants africains, en plus de leurs adresses e-mail, cartes de crédit, de calendriers de travail ou autres informations biographiques pertinentes.
Des conséquences ?
Les mémos sont rendus publique de manière aléatoire au cours des semaines voire des mois à venir. Depuis dimanche un peu plus de 600 d’entre eux sont consultables sur le site dédié.
On peut s’interroger sur les conséquences diplomatiques de telles révélations. Y aura-t-il deux poids deux mesures ? Si Hillary Clinton a passé la semaine précédant les premières mises en ligne à appeler les dirigeants et ministres des affaires étrangères des plus grandes capitales mondiale en prévision d’un embrasement diplomatique, il est peu certain que les capitales africaines aient reçu des coups de fil de la Secrétaire d'État.
La gestion du contenu sera elle aussi révélatrice du poids qu’estime posséder une telle ou autre démocratie face à des prises de positions américaines qui infantilisent certains leaders (cf Nicolas Sarkozy dont on remet en cause la capacité de dirigeant suite à son divorce)…
Selon MSN, les diplomates américains mentionnés dans les cables seront déplacés : le jeu de dupes étant faussé, il leur est impossible de rester en place.
Au final les pays occidentaux découvrent ce que pensent vraiment les américains à la différence qu’hier ils osaient le dire en face aux africains et qu’aujourd’hui Wikileaks ose le révéler au monde entier.
|