Titus Edzoa se retrouve encore dans le box des accusés.
Selon Me Léonard Ndem, avocat de M. Edzoa, la cour a en somme remis tous les accusés dans le box de l'accusation. L'on se souvient en effet que la cour d'appel du Centre avait été saisie par le ministre de la Justice, insatisfait de la décision du juge Pascal Magnaguémabé le 23 octobre 2003 dans le cadre de l'instruction de cette affaire de détournements de deniers publics portée devant le tribunal de grande instance du Mfoundi.
En fait, sur des charges qui avaient été retenues contre Titus Edzoa, il y a onze ans (3 juillet 1997), plus de 63 milliards Fcfa et sept voitures en principe auraient été détournés. A la fin de ses investigations, le juge d'instruction avait finalement retenu les chefs d'accusation de " concussion " et de " détournement " des voitures contre l'ancien secrétaire général de la présidence de la République. Il avait conclu à un non-lieu pour le reste. Ce qui devait éteindre, en principe, l'ensemble des poursuites engagées contre tous les autres co-accusés de Titus Edzoa.
Depuis le 2 décembre 2008, la décision de la chambre du contrôle de l'instruction de la cour d'appel du Centre était donc attendue. En rejetant les conclusions du juge d'instruction, la cour remet sur le tapis les charges dont devaient répondre Titus Edzoa et les autres suspects : la co-action de détournement de deniers publics, la tentative de détournement des deniers publics, la co-action de corruption et de trafic d'influence. Pour un montant cumulé de plus de 63 milliards Fcfa.
Etaient particulièrement visés, la gestion du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (Oua, aujourd'hui Union africaine) organisé en juillet 1996; la gestion du Comité de pilotage et de suivi des projets de construction des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua (Copisur), structure mise sur pied par arrêté présidentiel du 8 juillet 1994 à l'époque où Joseph Owona était secrétaire général de la présidence de la République; la gestion d'un don de cinq voitures reçues de l'Ambassade de Corée en 1996, et, enfin, le sort réservé à deux voitures mises à la disposition de M. Edzoa dans le cadre de ses anciennes fonctions à la présidence de la République, notamment comme conseiller spécial du président de la République avant 1991 et comme secrétaire général de la présidence.
La question de savoir comment le juge d'instruction a-t-il pu auparavant renoncer à poursuivre M. Edzoa devant un dossier apparemment lourd se posera donc dans cette nouvelle affaire Edzoa. Devant le tribunal de grande instance, les juges devraient dire publiquement qui de Pascal Magnaguémabé ou des " contrôleurs " de l'instruction avait raison. Mais Mutations relevait déjà lors de l'introduction de la requête du ministre de la Justice que la sentence de Pascal Magnaguémabé était assise sur de nombreuses auditions, y compris des ministres en fonction et d'une expertise judiciaire…
Source: Quotidien Mutations
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