Dans un entretien avec le quotidien Le Jour, Joubert Nouafo, Camerounais qui a fui la Côte d’Ivoire pour sa sécurité et celle de sa famille, a peint un tableau bien sombre de la situation en Côte d’Ivoire, véritablement sous le feu du conflit entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, les deux prétendants à la présidence ivoirienne depuis de nombreux mois.
Dans cet entretien, il présente un sombre tableau en commençant par les immigrés du Cameroun et d’ailleurs abandonnés par le Hcr – Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés – et leurs administrations consulaires, les Camerounais par exemple ayant du rejoindre leur pays par leurs propres moyens.
Dans son cas par exemple, craignant pour sa sécurité et celle de ses enfants après avoir vu d’autres jeunes prendre des balles perdues, a préféré rentrer au Cameroun, et a d’ailleurs rencontré dans l’avion une trentaine de Camerounais qui rentraient par leurs propres moyens.
Concernant le conflit proprement dit, Joubert Nouafo décrit un clivage entre Ouattara qui représente l’Occident, ayant été reconnu par la communauté internationale, et Laurent Gbagbo qui représente la souveraineté du peuple, ayant été adoubé par le conseil constitutionnel ; une donnée qui semble totalement oubliée aujourd’hui par les différents représentants des organisations, ou les médias qui présentent aujourd’hui Alassane Ouattara comme le « président démocratiquement élu ».
Selon lui, ce clivage entre les deux ennemis se traduit dans les rues : d’un côté, Alassane Ouattara qui cherche à prendre le pouvoir par la force et avance donc avec ceux qu’il conçoit ni plus ni comme des rebelles, et de l’autre, Laurent Gbagbo qui a le soutien de la population qui refuse la domination de l’Occident.
C’est pour cette raison qu’il attribue les exactions au camp Ouattara puisque la plus grande partie des milices défendant Gbagbo n’est pas armée : une thèse qui concorde avec les informations relayées par les médias, puisque les Etats-Unis ont condamné la volonté de Gbagbo de justement armer les jeunes qui le défendent.
Une exaction qu'il rend crédible en citant l'affaire des conteneurs d'armes frappés du sigle de l'Onu saisis au Cameroun, puis finalement réachéminés en Côte d'Ivoire.
D’après lui, le conflit aurait pu trouver une issue sans l’intervention de l’extérieur, de différents chefs d’état, de la communauté internationale ou autres qui se sont empressés de reconnaître sans réelle légitimité Alassane Ouattara et de mettre la pression à Laurent Gbagbo avec des méthodes plus ou moins diplomatiques : ces intrusions ont envenimé le conflit et vraiment créé une scission entre les peuples ivoiriens.
Voir l’interview sur le site du quotidien Le Jour
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