Les populations de Limbe sont encore sous le coup de la terreur. Cette ville a été, au petit matin de dimanche, le théâtre d’un braquage spectaculaire. La rue des banques (située non loin du site populaire de Down Beach) où se trouvent les plus grandes agences bancaires de cette cité dont la Beac, la Sgbc, la Scb Cameroun, Amity Bank la Bicec ainsi que beaucoup d’autres établissements financiers, a été prise d’assaut par un commando qui a opéré pendant plus de trois heures d’horloge avant de prendre le large.
Selon les informations recueillies sur les lieux, c’est aux environs de 1h 30 ce 28 septembre que les assaillants, plus d’une cinquantaine fortement armés de fusils de guerre, ont fait irruption à bord des embarcations à moteur sur les côtes de down Beach, donnant juste sur cette avenue des banques. Ils ont pris le soin au préalable de poster leurs boucliers sur un rayon de sécurité de plus d’un kilomètre. A toutes les entrées et servitudes de ce secteur, ils ont tendu des embuscades pour stopper toutes éventuelles tentatives d’intervention. Les vigiles qui assurent la garde de ces bâtiments et certains hommes en tenue qui étaient en faction ne se doutaient de rien, et n’avaient pas vu le danger venir jusqu’au moment où ils se sont fait surprendre.
C’est par la préfecture que l’assaut a commencé. Les assaillants ont ouvert le feu sur les bâtiments et un véhicule de l’armée qui y était stationné, ont défoncé portes et fenêtres, et s’y sont introduits après que les policiers et autres hommes en tenue aient pris la clef des champs pour se sauver. L’un d’eux a dû sauter du haut du premier étage de la préfecture pour s’enfuir, tandis que les braqueurs se livraient au pillage.
C’est ainsi qu’ils ont détruit les appareils, saccagé les documents et autres. Entre temps, la Scb Cameroun située tout juste à côté subissait le même sort. Ici, ils ont usé d’une grenade pour défoncer le bâtiment abritant le distributeur automatique, avant de s’attaquer au coffre. C’est l’agence de Amity bank qui prendra le grand coût lorsque, s’y étant introduit par les portes arrières, les assaillants ont utilisé des explosifs pour accéder au coffre fort qu’ils ont emporté. Quant à l’agence de la Sgbc, c’est visiblement le point qui leur aurait donné du fil à retordre, au regard des dégâts qu’ils ont causé avant d’y accéder. Les ouvertures principales pourtant garnies de dispositifs de sécurité renforcés ont été défoncées, les comptoirs saccagés, documents éparpillés, coffre fort éventré et son contenu emporté.
Sur le goudron, les poteaux électriques, mûrs et vitres des bâtiments voisins, les traces des balles sont restées visibles. C’est d’ailleurs en tirant sur un poteau électrique que ceux-ci ont occasionné un “ black-out ” dans la zone. Les militaires qui assuraient la garde à l’agence de la Beac ont témoigné qu’il n’était pas facile de faire face à ces assaillants parce qu’ils étaient fortement armés, et tiraient en continu. Ce qu’ont confirmé certains noctambules qui ont ajouté avoir reçu des balles à plus de 2 kilomètres de là avant d’affirmer avoir suivi des tirs jusqu’à près de 4 heures où les assaillants ont terminé leur opération. Un bus du groupe Fini hôtel qui assure la navette entre le centre ville et l’établissement hôtelier, ayant à son bord des clients et un agent de sécurité et qui les conduisaient au Calypso night club est tombé dans l’embuscade tendue devant la Beac. Les assaillants ont ouvert le feu, et ont fait plusieurs blessés dont Kum Evaristus (23 ans), Wilfried Babila (20 ans), Asama Elba (20 ans). Francis Bofung Geh, venu de Douala avec sa compagne pour une soirée en boîte de nuit est atteint d’une balle et meurt sur le coup.
Aba Josiane qui était à bord de ce car a rapporté que les braqueurs ont tiré sur leurs véhicules pendant plus de deux heures, et ce n’est qu’après leur départ que les militaires sont venus à leur rescousse, puis, ont conduit les blessés à l’hôpital provincial de Limbe où, jusqu’à hier après-midi à 14 H, une victime portait encore les balles qui ont transpercés ses reins. La dépouille de Francis B. Geh a été déposée à la morgue dudit hôpital.
Selon certaines sources, les éléments de la police et de la gendarmerie déployés pour contrer les assaillants ont dû rebrousser chemin face au dispositif de ceux-ci. Mêmes les hommes du BIR et de la marine venus de Man à War Bay ont été stoppés loin du champ d’action. Ce n’est donc qu’après le départ des braqueurs que les éléments des forces de maintien de l’ordre et les autorités administratives ont pu s’y rendre accéder au site des opérations. Informé, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Rémy Ze Meka est descendu sur les lieux. Il était accompagné du gouverneur de la province du Sud-Ouest Louis Eyeya Zanga, et de tous les chefs militaires de la province. Le préfet du Fako Jules Marcellin Djaga, visiblement perplexe n’a cessé de faire des allés et venus, passant l’essentiel de ses conversations au téléphone. Jusqu’à notre départ, il était impossible de savoir avec exactitude le montant total d’argent emporté par les assaillants, mais les dégâts matériels seuls peuvent être estimés à des dizaines de millions. En attendant, les enquêteurs étaient déjà sur les lieux pour évaluer avec exactitude les dégâts.
Par ailleurs, pour l’usager de l’axe Douala-Limbe, il lui est pratiquement impossible d’imaginer qu’un braquage aussi spectaculaire s’est produit. Alors que l’on s’attendrait normalement à des barrières pour filtrer hommes et bagages en provenance de Limbe, ce sont plutôt quelques postes de contrôle de routiers, et du Gmi n° 5 de Buea et du Gmi n°2 de Douala qui sont là, comme d’habitude, se livrant simplement à de vulgaires interpellations de véhicules de transport en commun dont le seul contrôle se limite à un simple entretien et échange avec le chauffeur. Par contre, plusieurs détachements d’unités spécialisées et corps d’élite comme le Gpign, le bataillon spécial amphibie, et le Bataillon d’intervention rapide (Bir) se déploient dans différentes localités de la province du Sud-Ouest en prélude, selon certaines sources dignes de foi, au 1er octobre, dans la perspective de réprimander toute éventuelle action de la Southern Cameroon National Council (Scnc).
Source : La Nouvelle Expression
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