Il y a quelques semaines, une Camerounaise immigrée - qui n'a pas souhaité communiquer son identité - est mise à la rue par sa famille. Se trouvant dehors seule et malade, elle trouve de l'aide auprès de madame E., une amie qui est aussi camerounaise.
Les deux femmes seront dénoncées par la famille de la première, et seront interpellées par la police des frontières. La première pour séjour irrégulier en France, et la seconde pour avoir aidé une personne en situation irrégulière. Plus précisément, pour délit "d'aide à l'entrée, à la circulation et au séjour d'un étranger en situation irrégulière", baptisé "délit de solidarité" par les associations.
La situation particulière de madame E. n'est pas une première. En effet, José Chidlovski avait été convoqué Lundi 5 Octobre par la police aux frontières de Toulouse. Il lui était reproché d'avoir hébergé une sans-papiers pendant un documentaire sur les conditions de vie des immigrés clandestins réalisé par lui-même.
Aujourd'hui, le cas de madame E. indigne les associations, ,selon qui son amie aurait d'ailleurs été régularisée : "C'est une situation ridicule, car la personne hébergée a été régularisée du fait de sa pathologie" déclarait Pierre Grenier, membre de la Cimade - Comité intermouvements auprès des évacués.
Aux côtés de la Cimade, les élus verts de Toulouse s'indignent aussi et demandent l'annulation des poursuites envers celle qui "pour avoir aidée une amie malade et dans le besoin, se retrouve dans la peau d'une délinquante". Ils militent aussi pour l'annulation du délit de solidarité, ce qui n'est pas chose facile, une proposition ayant déjà été rejetée.
Mis sous pression, Eric Besson a refusé d'admettre qu'il y avait un flou législatif mais a néanmoins concédé qu'il fallait clarifier la loi, et a déclaré en Octobre être en discussion avec de nombreuses associations humanitaires pour "définir où s'arrêtait l'action humanitaire".
Mais les modifications du décret de la loi datant de 1945, si elles étaient adoptées, ne concerneraient pas madame E., puisque ne seraient concernées que les personnes travaillant dans des associations humanitaires. Les bénévoles pourraient toujours êtres accusés du délit de solidarité.
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