L'Agence de régulation des prix au Cameroun s'est exprimée sur les prix de la téléphonie au Cameroun.
D'après le rapport de l'Agence de régulation des télécommunications (Art), le Cameroun est passé de cinq cent onze mille (511.000) abonnés actifs de téléphone (fixe et mobile confondus) en 2001, à près de cinq millions et demi en 2008. On constate ainsi qu'en l'espace de sept ans, le nombre d'abonnés a connu une ascension fulgurante. Pourtant, les tarifs d'appels n'ont pas sensiblement baissé, du moins dans la même proportion que l'augmentation observée sur le nombre d'abonnés au téléphone. En effet, en 2001, l'appel intra réseau mobile coûtait au consommateur 259 francs Cfa par minute. En 2008, il vaut 150 francs Cfa, soit une baisse de 109 francs Cfa.
Ce qui amène à se poser la question de savoir qui fixe les prix du téléphone au Cameroun ? Marthe Michelle Essaka, chef de cellule de l'Analyse et de l'Evaluation économique à l'Art, a répondu à cette interrogation le 18 mars dernier au cours de la célébration à Douala de la journée du consommateur. Mme Essaka fait observer que les tarifs de communication sont fixés par les opérateurs de téléphonie mobile, sous le regard " vigilant " de l'Art. En effet, insiste-t-elle, " la marge de manœuvre de l'Art se limite à la tarification de l'interconnexion (passage d'un réseau à un autre). Actuellement, l'interconnexion constitue 19% du prix final d'un appel téléphonique. Ce qui réduit considérablement l'intervention de l'Art dans le processus de tarification de la communication au Cameroun ", explique-t-elle.
Investissements
Ainsi, fait remarquer Michelle Essaka, il y a donc une marge de manœuvre de 81% qui revient aux opérateurs de téléphonie mobile. Or, rappelle François de Salle Enyegue, chef cellule de la Communication de l'Art, les opérateurs (Orange et Mtn en l'occurrence) sont avant tout des hommes d'affaires, ils pensent d'abord à réaliser des bénéfices. Est-ce ce qui explique que, comme l'a relevé un intervenant au cours du débat, les tarifs de communications du Cameroun restent " les plus élevés d'Afrique " ? En effet, face à cette question qui est généralement posée aux opérateurs du secteur de la téléphonie mobile, ceux-ci se défendent toujours d'avoir beaucoup investi, et de vouloir amortir ces investissements avant de procéder à une baisse plus sensible des prix. Des investissements qui ont notamment consisté en la construction des réseaux face à la vétusté de celui existant, et dont l'entretien par l'entreprise publique exerçant dans le secteur des télécommunications n'a pas toujours été efficace.
Par ailleurs, pour influencer les coûts actuel du téléphone mobile, les opérateurs du secteur ont généralement sollicité des facilités telle que la gestion de la fibre optique, dont l'exclusivité revient actuellement à la Cameroon Telecommunications (Camtel), qui facture son usage par les entreprises privées à des coûts jugés exorbitants par ces derniers. Autant de charges que les opérateurs u secteur de la téléphonie mobile répercutent sur les prix de la minute de communication, qui selon un aveu du ministre d'Etat en charge des Postes, reste difficile à décomposer au Cameroun du fait de l'absence de comptabilité analytique dans les entreprises exerçant dans le secteur de la téléphonie mobile. Maïgari Bello Bouba s'exprimait ainsi la semaine dernière au cours d'une réunion d'information des Dg des entreprises exerçant dans les télécoms et les Tic, sur le projet gouvernemental de refonte de la loi de 1998 régissant le secteur des télécoms au Cameroun. Laquelle refonte, a indiqué le ministre d'Etat à cette occasion, va rendre obligatoire la comptabilité analytique au sein des entreprises des télécoms et Tic, afin qu'une structure des coûts de communication soit enfin déterminée.
Source: Quotidien Mutations
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