"Je lutterai contre l'homosexualité jusqu'à ma mort"
Biloa Ayissi condamné
6 mois d’emprisonnement et à une amende de 90.000 Fcfa et plus. L’audience du
jour débute à 12 heures. Dans ses réquisitions, le ministère public affirme
qu’aucune preuve des faits énoncés n’a été fournie. Une fois les réquisitions
terminées, la collégialité des trois juges se retire pour statuer. Dix minutes
après, les membres de la cour reviennent ; le président se prononce sur les
culpabilités. Le prévenu est déclaré coupable de diffamation.
Après des remous de contestations, la parole est donnée aux avocats de la défense. «
Nous sommes outrés ; la cour n’a pas respecté la loi. Avant la délibération
des culpabilités, la défense n’a pas plaidé. Elle n’a pas réagi aux réquisitions
du ministère public », déclare l’un des avocats de la défense. Ils parlent
du non respect d’une phase de la procédure. Après les réquisitions du ministère
public, le prévenu devait être écouté avant que la cour ne se prononce. « La
violation de cette procédure ne nous permet plus de poursuivre les plaidoiries
», affirme un autre avocat de la défense.
Malgré la décision du président la cour de le mettre à la disposition de la
force publique et des gardiens de prison, le prévenu insiste pour se défendre. «
J’ai honte d’être Camerounais. La cour m’a condamné sans m’avoir entendu
», déclare Biloa Ayissi. Il affirme avoir des preuves du chantage des
partenaires du témoin de cette affaire, Parfait Mbapou, et entend les publier. «
Je lutterai contre l’homosexualité jusqu’à la mort » clame-t-il, à la fin
de son exposé. Se sentant acculé par le tribunal, le prévenu semble faire
diversion en pleine audience. Il cite pèle mêle des noms de ministres qui,
d’après lui, sont homosexuels mais ne s’en plaignent pas comme Grégoire Owona.
Partagée entre l’embarras et le doute, la cour se retire de nouveau.
Curieusement. Profitant de l’absence des juges, les gens ont commencé à accabler
le témoin, lui demandant pourquoi il avait changé de version après les
déclarations qu’il avait faites. Au deuxième retour de la collégialité en salle
d’audience, plus de trace de Biloa Ayissi. Le président reprend la parole et
maintient le même jugement. Un mandat d’arrêt est délivré à l’audience contre le
directeur de publication de Nouvelle d’Afrique.
Grégoire Owona réagit Dans un communiqué, le ministre délégué à la présidence de
la République chargé des relations avec les Assemblées, Grégoire Owona, se
désolidarise des insinuations qui sont faites dans la presse depuis quelques
jours sur « la base des repentirs et déclarations d’un citoyen, mettant en
cause ma personne vis-à-vis de certaines hautes personnalités de la République
et en rapport avec des histoires de mœurs et d’homosexualité ».
Il entend ainsi préciser qu’il n’est ni de près, ni de loin, mêlé à ce déballage
qui met en cause plusieurs de ses collègues membres du gouvernement. A la suite
du verdict rendu vendredi 1er août, il affirme avoir «tourné la page et
pardonné publiquement à tous ceux qui, de près ou de loin [ont porté
atteinte à sa] modeste personne ». Par ailleurs, Grégoire Owona précise
l’objectif visé par cette saisine des juridictions compétentes : « Lorsqu’en
2006, j’ai porté plainte, j’ai voulu exprimer clairement…qu’on ne pouvait pas
laisser croire à notre jeunesse que pour réussir, il fallait absolument passer
par l’homosexualité. Je réaffirme que cela est faux, inadmissible et
inacceptable».
Toutefois, il s’offusque de ce que « tous les condamnés de cette affaire,
jugement même confirmé en Appel, et certains avec mandat d’arrêt, sont en
liberté et n’ont jamais été inquiétés, à ma connaissance. Pourquoi ? »
Source: Le Messager
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