Les Experts, de Sébastien Onomo
Bonjour Sébastien, pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Bonjour à tous et à toutes. Je suis donc Sébastien Onomo, un réalisateur et
producteur dorigine camerounaise. Jai un premier parcours personnel très
autodidacte, qui ma permis dapprendre sur le terrain, « les fondamentaux » du
métier de réalisateur, de scénariste, et même de comédien. Et jai également un
second parcours un peu plus académique avec une licence de Lettres Modernes
obtenue à La Sorbonne Nouvelle. Là, je termine actuellement une maîtrise en
production audiovisuelle à lINA Sup, lécole de lINA, qui nous forme pour
occuper des postes à responsabilités dans le secteur de laudiovisuel en
général. Je suis très content de cette formation car cest la seule vraie
formation axée sur la production en France. Et contrairement à la FEMIS, on nous
offre un panorama assez large de ce qui se passe aussi bien au cinéma quà la
télévision ou sur internet.
Vous êtes un jeune réalisateur, doù vous êtes venue cette passion pour un
métier peu courant ?
Pour dire vrai, je ne sais pas vraiment. Jai toujours aimé aller au cinéma et
regarder la télévision. Inconsciemment, je pense donc avoir toujours voulu
raconter mes propres histoires. Mais avant dy parvenir jai eu moi aussi, comme
Candide ou Gil Blas, un parcours initiatique qui ma permis de rencontrer des
gens qui ont influencé mes aspirations professionnelles. Cest vrai que cela
peut paraitre bizarre car dans mon enfance, ce nétait pas ce que je mimaginais
faire, loin de là… Et ce dautant plus que je navais personne de ma famille
dans ce milieu. Heureusement jai été soutenu par mes parents dans mes choix, et
jai un réel épanouissement à faire ce que je fais aujourdhui.
Quand on se passionne pour le cinéma, le théâtre ou lart dramatique, quest-ce
qui fait quon se retrouve réalisateur plutôt quacteur ?
Cest une très bonne question ! Moi jai débuté dans ce milieu en faisant
des apparitions comme comédien dans des court-métrages et pleins de petits
projets « vite fait ». Et cest en « galérant », car je voyais quil ny avait
pas de rôles me correspondant, que je me suis dis que si je voulais pouvoir
tourner davantage, il allait falloir que je monte mes propres projets. Du coup,
je me suis mis à lécriture, puis à la production et à la réalisation. Et jai
senti que jétais vraiment à laise dans ces corps de métiers que depuis,
joccupe régulièrement sur la majorité de mes projets. Cet exemple est valable
pour moi, cest mon vécu. Maintenant je pense que cela dépend du caractère et
des envies de chacun. Dautres auront probablement une réaction différente de la
mienne et continueront à persister dans leur branche. Et peut être que tous
simplement je navais pas toujours la motivation suffisante pour aller plus loin
en tant que comédien. Courir les castings cest fatiguant ! Moi jaime bien
sentir que je maîtrise un peu une situation. Je veux dire au sens où je me
souviens des moments de blues que javais à attendre des réponses pour des
rôles, alors que là quand tu es à linitiative dun projet tu en as davantage les commandes. Pour
moi cest une situation plus rassurante, et donc plus confortable.
L'acteur Cyril Guei
Comment avez-vous atterri dans le monde du cinéma ? Comment concrétise-t-on une
passion et comment seffectue le passage du rêve à la réalité ?
Moi je suis arrivé là un peu par hasard… Un jour je suis tombé sur une
annonce de casting pour une émission télé qui recherchait le témoignage de
jeunes sur des sujets dadolescents. Je suis entré en contact avec eux et ils
mont vu…pour un casting. Avec les autres comédiens, on ne le savait pas au
départ, mais il sagissait dun casting pour le pilote dune mini-série. Jai
été pris, mais
le pilote na pas convaincu les chaines de télévisions daller plus loin. En
tous cas ce tournage ma fais attraper le virus du cinéma car jai vraiment
adoré ! Ensuite, jai rencontré mon agent avec qui je suis resté durant 5 ans et
à côté jenchainais avec des apparitions dans des courts, des pubs, et pleins de
petits projets à « larrache ». Je me suis simplement dit que javais envie de
faire tout cela et que si je ne voulais pas regretter plus tard, il fallait que
je me lance. Et le plus dur est dy aller car beaucoup ont peur de la déception
et de léchec. Moi y compris ! Mais je me suis accroché et je continue de me
battre et dapprendre de mes erreurs. Aujourdhui je suis loin dêtre arrivé,
mais je suis moins proche de la ligne de départ, ce qui me rassure un peu.
Vous venez de réaliser un court-métrage, intitulé « Les Suspects ». Pouvez-vous
nous parler de ce projet ?
Les Suspects, est mon second, mais mon premier vrai court-métrage. Cest un film
que jai co-écrit, produit et réalisé. Cela naurait pas pu se faire sans le
soutien de mon ami et coproducteur Josselin Cadoudal, mais également celui du
Conseil Général des Yvelines, des Universités de La Sorbonne Nouvelle, de
Vincennes - Saint-Denis et du Crous de Paris. Pour la genèse, je voulais faire
un film avec un cahier des charges assez strict car je savais que je naurais
pas eu
pas beaucoup dargent pour le faire. Du coup dès lécriture avec mon ami et
co-scénariste Hervé NKashama, on a pensé lhistoire comme un huis clos policier
dans lequel lintrigue et la chute finale devaient surprendre tout le monde. Je suis
très content de ce que lon a pu faire avec ce quon avait comme moyens.
Jespère que le film trouvera une bonne réception au près des spectateurs qui le
verront.
Combien de temps y avez-vous consacré ?
Beaucoup ! Mais ce temps est à relativiser car en même temps je travaillais sur
dautres projets. Lécriture a du nous prendre un bon mois, ensuite le temps de
chercher quelques financements, de les obtenir, quils soient versés, que je
fasse le casting, que lon saccorde sur les dates avec les comédiens principaux
(Julien Courbey et Cyril Gueï) qui tournaient à lépoque tous deux en Guyane sur
le film lOrpailleur de Marc Barrat, cela a pris environ un an et demi après la
fin de lécriture… Mais bon cest ça lautoproduction !
Parlez-nous du tournage, des interactions avec les acteurs, de lexpérience
générale. Fut-ce enrichissant ?
Le tournage sest très bien passé. Comme dans chaque tournage on a eu des
péripéties, mais on a su les surmonter. On sétait bien préparé avec léquipe
technique donc on avait pu anticiper sur la plupart des difficultés survenues
durant les prises de vues. Javais aussi fais des répétions avec mes comédiens
bien en amont du tournage, ce qui nous a permis de gagner du temps sur le
plateau car chacun deux savaient exactement ce que jallais attendre de lui.
Pour lanecdote, le seul avec qui je nai pas pu répéter avant est Julien
Courbey, car il rentrait de tournage, la veille de son premier jour avec nous.
Du coup, je travaillais avec lui durant les temps dinstallations. La chose très
appréciable, et cest la marque dun grand acteur, cest quen plus de
parfaitement connaitre son texte, il sétait déjà imprégné de son personnage au
point quil est arrivé en me disant « il y a un ou deux trucs qui me dérangent,
je te propose un truc plutôt comme ça » et effectivement cétait juste car cela
fonctionnait mieux ! Et cest évidemment agréable et beaucoup plus facile pour
travailler quand on a des comédiens comme cela. En fait, ils mont tous beaucoup
impressionné chacun pour des raisons différentes. Christian sest métamorphosé
pour interpréter ce flic rompu et marginal, Karine était impeccable, Cyril Gueï
est juste un acteur phénoménal ! Dailleurs je lui prédis un grand avenir ! Au
final, ce fut une expérience très enrichissante car jai appris des difficultés
rencontrées, de mes comédiens, et du travail que lon a fourni pour achever le
film. Je remercie Benjamin Terres davoir passé autant de week-ends à lINA avec
moi pour faire le montage du film. Tout cela pousse à faire encore mieux pour la
prochaine fois. Une autre anecdote pour finir : sur ce tournage jai pris trois
élèves du collège Gustave Courbet à Trappes pour ce quon a appelé un « stage de
découverte professionnelle ». Jai pu leur transmettre ma passion et ils ont
découvert un univers quils pensaient inaccessible car ils grandissent en
étant quasiment formatés à léchec... Pour moi cest un excellent souvenir car on
ne me destinait pas forcément à men sortir, y compris au sein de ma propre
famille… Je pense essayer de mettre plus souvent ce genre daction en place sur
mes tournages.
Vous avez choisi le thème de lenquête criminelle. Ne craignez-vous pas davoir
du mal à percer avec la profusion des séries et films du genre ?
Alors là absolument pas ! Dailleurs cela ne métait jamais venu à lesprit…
Pour moi on nen est pas encore au stade où on tourne en rond. Les auteurs ont
une imagination débordante qui suit les évolutions de la société. Il y a encore
énormément de choses à raconter aussi bien au cinéma quà la télévision. Selon
moi lenquête au sens large du terme à de beaux jours devant elle, et je compte
bien contribuer en écrivant, produisant et ou réalisant des histoires qui
apporteront peut-être leurs pierres à lédifice. En plus il y a autant de
manières de raconter une histoire quil y a de réalisateurs, et autant de
manière de la percevoir quil y a de spectateur, cest dire à quel point la
marge est grande selon moi.
Parlons maintenant du Cameroun. Le cinéma camerounais est pour linstant assez
pauvre, même sil tente de se relancer depuis quelques années ; prévoyez-vous de
faire dans le Camerounais, ou plus large, dans le cinéma africain ?
Oui cest évident que de par mes racines, jai la volonté de raconter
des histoires qui mêlent mes deux cultures. Jai des projets de fictions qui
vont en ce sens, mais qui nécessitent un temps important de préparation, dû
notamment à la manne financière quil faudra pour les développer et les
concrétiser. Jai également proposé mes services à certains médias locaux, mais
pour linstant mon appel du pied est resté sans réponse… Quoi quil en soit, il
y a énormément de choses à faire et les talents sûrs et originaires de ce continent ne manquent
pas. Jai déjà eu loccasion de travailler avec Eriq Ebouaney qui est un acteur
fantastique, Sabrina Ouazani est à tomber, et Cyril Gueï est un « tueur à
gage ». Jespère pouvoir retravailler avec eux sur des projets denvergure plus
importante. La liste de ces talents nest pas exhaustive, mais ceux là je les
adore.
Avez-vous dautres projets en cours ? Prévoyez-vous de faire un long métrage
plus tard ?
Le seul moment dans ma vie où je suis un hyperactif est lorsque je travaille. Et
dès que je termine un projet très souvent jen ai au moins un autre derrière.
Donc là effectivement, jai dautres projets. Je travaille sur une mini-série
que je vais produire et réaliser, je viens de terminer le clip de lartiste
Indiyan actuellement en diffusion sur Virgin 17 et dautres chaines. Je vais
prochainement réaliser un clip pour un artiste Hip Hop, et je vais commencer
lécriture dun court-métrage mêlant animation et prise de vue réelle. Cest un
projet intéressant que jespère pouvoir concrétiser dans un futur pas trop
lointain. A côté je termine ma maîtrise à lINA, et je vais partir à létranger
pour faire mon stage de fin détude. Jen profiterai alors pour débuter
lécriture de mon premier long dont jai déjà une idée assez précise.
Le film Les Suspects est déjà produit, ou avez-vous des dates à proposer aux
internautes ?
Oui le film est terminé. La bande annonce est visible sur le site du film à
ladresse www.epuar.com/les-suspects-film. Il sera distribué par la société anglaise Shorts
International. Pour être tenu informé de lactualité et de la vie du film,
jinvite tous les lecteurs ayant un compte sur Facebook à rejoindre le groupe
intitulé « Les Suspects, un film avec Julien Courbey et Cyril Gueï ». Pour ceux
qui habitent dans le coin et qui souhaiteraient voir le film, la Municipalité de
Trappes en Yvelines organisera une projection du film le 13 Novembre 2009 à
lAuditorium de la ville. Il y aura deux séances, une à 19h et une à 20h. Cest
gratuit, mais pour réserver ses places il faut envoyer un mail à ladresse
« projection@epuar.com » en précisant nom et prénom. Dautres dates seront
annoncées un peu plus tard.
Comment voir le film, ou se le procurer ?
Pour les autres, une fois la distribution du film amorcée, celui-ci sera
disponible en VOD sur Itunes. Là aussi, il faudra consulter le groupe Facebook
pour suivre cela de près.
Comment vous contacter ?
Alors pour les filles mon numéro cest le 06 09… Non je déconne. Vous pouvez me
joindre à ladresse mail
sebastien.onomo@epuar.com Nhésitez pas à me
contacter si vous voulez me faire part de vos remarques, menvoyer vos
scénarios, vos liens, etc…
Merci davoir répondu à nos questions ; un dernier mot pour les internautes de
Bonaberi.com ?
Cest moi qui vous remercie ! Le dernier mot sera une dédicace à tous les
lecteurs qui fréquentent ce site, une pensée pour Bina qui traverse une période
difficile mais elle est forte donc elle sen sortira. Idem pour tonton Ludo. Et
à tous les petits frères et les petites soeurs qui veulent faire du cinéma,
cest possible si on sen donne les moyens !
|