Samuel Kameugne, le père de Stéphane, s'est confié à l'Union au sujet de la disparition de son fils. Rencontre avec un homme qui ne veut pas céder au désespoir.
Par L'Union (Corinne Lange)
Stéphane Kameugne
Stéphane Kameugne a disparu dans la nuit du 6 au 7 Décembre, lors de la
soirée de Gala et de remise de diplômes de l'Ensam. Intacte, sa voiture est
restée avec ses affaires dans le parking de l'école, et il n'a plus fait signe
de vie. Depuis lors, des fouilles avec gendarmes, plongeurs et même un
hélicoptaire n'ont rien produit. Interrogé par l'Union, Samuel Kameugne, le père
de Stéphane, veut garder espoir.
Monsieur KAMEUGNE, vous effectuez régulièrement la navette entre le Val-de-Marne
et Châlons pour suivre l'enquête sur la disparition de Stéphane. Où en est-on ? Samuel Kameugne : Les recherches sur le terrain sont suspendues depuis
samedi. Actuellement, les policiers ne veulent privilégier aucune piste et
toutes les hypothèses sont envisagées. Je pense que depuis aujourd'hui
(mercredi), le procureur a transmis le dossier à un juge d'instruction. Voilà où
on en est à ce jour.
Vous connaissez bien Stéphane, quelles sont vos convictions quant à sa
disparition ? Je reste convaincu que mon fils est vivant. Il a peut-être été enlevé ou
bien se trouve-t-il séquestré quelque part, tout est possible. Une chose est
certaine : Stéphane n'avait aucun souci professionnel, familial ou affectif. Il
n'a absolument pas pu organiser une fugue.
Comment pouvez-vous être aussi affirmatif ?
Je lui fais entièrement confiance. Il ne m'a jamais déçu. Il n'est pas du genre
à avoir des secrets pour sa famille. Samedi, lorsque je l'ai eu au téléphone
pour la dernière fois, Stéphane me disait qu'il serait chez nous, en famille
dimanche. J'ai essayé de le joindre ce jour-là mais je n'ai commencé à
m'inquiéter qu'à la nuit tombée. Lorsque je l'ai appelé sur son portable, je
suis tombé directement sur sa messagerie.
Justement, on a souvent évoqué son téléphone portable. Qu'en est-il à ce propos
?
On n'a plus revu Stéphane après 4 heures du matin et pourtant, selon les
policiers, il aurait fonctionné jusqu'à 8 h 25. Il a même été repéré à
l'intérieur ou autour de l'enceinte de l'Ensam. J'ai contacté Orange qui m'a dit
que le portable était éteint.
Les témoins affirment que Stéphane était ivre au moment de sa disparition.
Mon fils n'est pas quelqu'un qui a l'habitude de boire mais quel que soit son
état d'ébriété, Stéphane ne constituait aucunement un danger pour autrui. Ce
n'est pas un provocateur et il fuit les bagarres.
Justement, parlez-nous un peu de sa personnalité. Stéphane est Camerounais mais né en France. Il a un grand frère, un petit
frère et une petite sœur avec qui il s'entend très bien. C'est quelqu'un qui a
eu un parcours brillant mais qui n'a jamais suscité de jalousie. Je me souviens
d'une année scolaire au cours de laquelle il a effectué sa rentrée près de 20
jours après ses camarades. Ce jour-là, il y avait une interrogation écrite et
Stéphane a obtenu la meilleure note, ce qui a amusé ses camarades. Ses origines
n'ont jamais été un obstacle et il n'a jamais évoqué des problèmes de racisme à
son encontre. Il avait reçu son diplôme d'ingénieur aux États-Unis et le samedi
7 décembre, on lui en avait remis un second, celui de l'Ensam.
Comment s'est passée sa vie châlonnaise ?
Il est resté près de deux ans et demi à Châlons. Il vivait à l'intérieur de
l'Ensam comme bon nombre de ses camarades de promo. Il possédait un vélo et
n'hésitait pas à parcourir 3 à 4 km, été comme hiver pour aller donner des cours
à trois ou quatre lycéens. Il savait s'occuper. Le sport, les cours, les
copains, les sorties en ville, Stéphane est vraiment quelqu'un de très sociable.
Il était bien connu des commerçants de Châlons car très reconnaissable avec la
blouse de l'Ensam. Aujourd'hui, les parents des jeunes à qui il donnait des
cours de rattrapage sont inquiets.
Votre avocat a évoqué l'hypothèse d'un bizutage qui aurait peut-être mal tourné.
Qu'en pensez-vous ? Durant ses années à l'Ensam, Stéphane n'a jamais parlé de bizutage, je suis
catégorique. Mais c'est vrai qu'on m'a invité à démentir l'hypothèse du bizutage
qui aurait mal tourné. Non, Stéphane n'a été ni acteur ni victime de bizutage.
Il est quelque part, près de l'Ensam. J'ai visité la bibliothèque de l'école, là
où Stéphane s'est reposé. Aucun objet n'a été cassé alors qu'on affirme qu'il
était ivre…