René Emmanuel Sadi est très contesté.
L'on aura cependant noté sa fébrilité, malgré le verbe haut, l'intonation forte et la diction appuyée au cours de l'exercice pour lequel il se devait d'abord, de gagner une bataille contre lui-même. C'est que le choix du secrétaire général du comité central du Rdpc comme président des travaux d'hier à l'hôtel Mont Fébé a fait l'objet, pendant les préparatifs, d'une contestation sourde de ses collègues membres du gouvernement. Certains d'entre eux ne comprenaient pas en effet et l'ont dit sous cape, que ce soit lui.
Lui, se devait donc de jouer pleinement le rôle au risque de se mettre dans les parements d'un faucon. Il ne l'a pas moins réussi. Celui qui a, pendant longtemps été simple militant par procuration comme l'essentiel des nombreux hauts fonctionnaires qui peuplent l'administration publique camerounaise, a donc martelé et redéfini, comme un couteau à la gorge, même ce qu'il ne pense pas vraiment. Par exemple que " le centre est le point d'équilibre d'un pays en perpétuel mouvement. Comment pourrait-il jouer son rôle, maintenir cet équilibre si son équilibre est fragilisé? Sachons donc demeurer à la hauteur de cette responsabilité que nous confèrent l'histoire et la géographie. Montrons le chemin, brisons les barrières, donnons l'impulsion. N'oublions pas que nos compatriotes ont les yeux tournés vers nous ".
Un discours qui est loin d'être la vérité. Le Centre administratif n'étant pas le centre géographique comme le laisse croire le ministre qui appelle à continuer " d'accorder aux institutions républicaines, ce qu'elles attendent de nous: La fidélité au président Paul Biya qui les incarne: Le loyalisme ". René Emmanuel Sadi a donc prêché à la manière d'un gourou qui dompte et domine ses disciples dont il s'abreuve de force et substance. Du coup, c'est à travers la messe d'hier que certains observateurs commencent à le présenter comme un potentiel dauphin. Celui qui manquait au glacis des "peuples de la forêt". Celui par qui pourrait revenir le rassemblement appelé de tous leurs vœux par les membres présents. D'autant qu'à écouter certaines personnes dans l'assistance, c'est Paul Biya lui-même qui lui aurait demandé de prendre le bâton de commandement dans ses mains.
Et lui, n'est pas allé de mains mortes. Lui qui, pour défendre le chef de l'Etat, a notamment salué l'action de lutte contre les atteintes à la fortune publique que certains ressortissants du Centre ont qualifié de discriminatoire dans le fameux "mémorandum du Centre". Les tenants de cette thèse soutiennent en effet que pour cette raison, il n'existe plus de sérénité dans les relations entre Paul Biya et les forces vives du Centre. Lui, René Sadi, estime que " si l'on peut comprendre que l'implication dans l'opération Epervier de quelques fils de cette région suscite de la peine, une implication dont on sait qu'ils n'ont pas l'apanage puisqu'elle s'étend à d'autres compatriotes, elle ne saurait nous pousser à mettre en question le loyalisme envers les institutions républicaines qui a toujours distingué les populations du Centre ". S'il dit comprendre la peine des familles et proches des personnes détenues dont il partage l'angoisse, il se refuse d'inverser les responsabilités. Car, pense-t-il, " la justice établira la vérité en ne s'appuyant que sur les faits (…) Nous ne pouvons donc pas, et ne devons donc pas accréditer l'idée d'un quelconque acharnement volontaire contre les fils du Centre ". Un discours entendu du temps de leur superbe parmi ceux des anciens cadres du Rdpc aujourd'hui incarcérés.
Source: Quotidien Mutations
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