Le phénomène des coupeurs de route s'accentue au Cameroun
Le 14 juin dernier, les corps de dix éleveurs camerounais enlevés le 10 mai dernier à Pitoa et à Sadong dans l'arrondissement de Taibong, département du Mayo Kani ont été retrouvés dans une savane boisée au Tchad à la frontière du Cameroun. Ces éleveurs ont été froidement assassinés par les ravisseurs qui demandaient une rançon de plus de 25 millions. Les exemples de ce genre, il y en a des centaines dans la province du Nord Cameroun. Cette partie du pays est la cible des ravisseurs et coupeurs de route, car elle constitue l'axe principal des commerçants Camerounais, qui se rendent au Tchad pour vendre leurs marchandises. Plus encore, de nombreux éleveurs et paysans n'ont pas encore la culture de l'épargne bancaire et gardent leur argent dans les valises et dans les sacs dans leurs habitations.
Tenant sa source de la délégation provinciale du nord du ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries animales, l'hebdomadaire régional, L'œil du Sahel paru le 23 juin 2008, affirme que entre janvier et juin 2007, plus de 341 milliards de francs de rançons ont été payées aux coupeurs de route et autres ravisseurs. Le journal relève également 13 morts, 179 personnes séquestrées et 36 097 bovins disparus. Une situation qui créée la panique dans la région et fait fuir les éleveurs. " On enregistre des grands déplacements de troupeaux d'un département à un autre et hors de nos frontières, en direction du Tchad et du Nigeria ou les éleveurs pensent trouver la sécurité ", écrit le journal du Nord.
De sources concordantes, les ravisseurs et les nombreux coupeurs de route qui sèment la terreur dans cette partie du pays sont des rebelles Tchadiens. Selon L'œil du Sahel, le 03 décembre 2005, des rebelles Tchadiens ont tiré une balle dans la jambe de Alhadji Gadjéré. Celui-ci avait seulement donné 200 000 francs, des quatre millions de francs de rançon qui lui étaient demandés pour la libération de douze otages. Les ravisseurs assassineront cinq otages et seront arrêtés deux jours plus tard.
Pour assurer la sécurité dans la région, le Bataillon d'intervention rapide (Bir) est à pied d'œuvre. Certaines populations étant parfois complices des ravisseurs, les efforts du Bir sont jugés insuffisants par les populations. Celles-ci souhaitent la mise sur pied d'un nouvel dispositif sécuritaire ou encore d'une force mixte constituée de soldats tchadiens et camerounais. Temwa est le député du Mayo-Kani. " [i J'ai pris contact avec le ministre de la Défense, Rémy Zé Meka, pour lui expliquer comment on peut éradiquer ce phénomène. Je lui ai fait la proposition de créer une base militaire, qui serait à cheval entre les arrondissements de Taibong, Guidiguis et Kaélé], puisque c'est une brousse qui s'étend sur plusieurs kilomètres et qui va du Cameroun jusqu'au Tchad ", affirme-t-il. A son dernier passage à l'Assemblée nationale, en juin 2008, face aux députés, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Rémy Zé Meka, a invité les populations du Nord à adopter les méthodes d'épargne modernes.
Source: Le Jour Quotidien
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