Le pont du Wouri a apparemment bien réussi sa mue.
Les désagréments que les travaux de réfection causaient aux automobilistes relèvent désormais du passé. Même aux heures dites de pointe, ça roule relativement vite. Tout le contraire de la situation d'il y a quelques mois encore. Les travaux ont notamment porté sur le renouvellement de la chaussée sur le pont principal, la digue et le bras mort du fleuve. L'usager remarque d'ailleurs avec un certain plaisir la disparition du "deuxième pont" (en remblai), qui a cédé la place à une large route à deux voies permettant un trafic plus fluide. Mais, là n'est que la partie visible de l'iceberg. Le gros des travaux a été réalisé, à plus de 70%, en profondeur.
Les auscultations réalisées sur le pont en 2000 avaient en effet révélés deux problèmes importants : des usures généralisées des fondations et " une importante corrosion des câbles de précontrainte longitudinale et transversale ". Lesquels dégâts, expliquaient alors les ingénieurs, étaient de nature à remettre en cause la stabilité de l'ouvrage s'ils n'étaient pas rapidement réparés. Ce qui avait justifié le chantier d'une durée de 28 mois, ouvert sur le pont du Wouri courant juin 2003. Une affaire de 13 milliards de Fcfa supportée à hauteur de 7,87 milliards Fcfa par l'Agence française de développement (Afd), le reste étant soutenu par l'initiative Ppte et l'Etat camerounais.
Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous le pont. Le groupement Udecto/Etic international en charge des travaux a mis toute son expertise en jeu. Objectif : " permettre la consolidation de cet ouvrage d'art menacé par le vieillissement et les dégradations que le temps lui a fait subir ". A l'heure du bilan de cette opération de sauvetage, M. Hamadi Gabouge jubile presque. " Nous avons réalisé plus des trois quarts des travaux en profondeur. Ce que la plupart des usagers de la route ne savaient pas. Aujourd'hui, nous sommes fier des résultats. Après une réparation de cette ampleur, c'est vrai qu'on ne livre pas un pont tout neuf. Mais cet ouvrage peut encore vivre une vingtaine d'années sans problèmes. Mais, il n'est pas interdit de lui injecter encore de la vie. Il nécessite une veille permanente et des interventions régulières… ", avoue le chef de mission ayant assuré la maîtrise d'œuvre.
Surexploitation
Une délégation du ministère des Travaux publics conduite par le directeur des Routes, Patrice Ngiema Essono, est d'ailleurs arrivée à Douala mercredi, 15 avril dernier, pour la réception technique du chantier auquel a été soumis le pont sur le Wouri. Une visite guidée de l'ouvrage a ensuite été organisée jeudi, 16 avril. Une occasion pour les uns et les autres de se rendre compte de l'ampleur des travaux réalisés en dessous de l'édifice bientôt sexagénaire. Construit entre 1951 et 1954, dans une technologie naissante à l'époque (le béton précontraint), l'ouvrage n'avait en effet bénéficié d'aucun entretien conséquent jusque-là. Et pourtant, selon les estimations officielles, la circulation quotidienne sur le pont du Wouri est de 32.000 véhicules, 9.000 deux-roues, 2.500 piétons, auquel il faut ajouter deux trains omnibus de voyageurs !
Une surexploitation, en fait, pour une passerelle qui ne correspond manifestement plus aux besoins de l'économie du Cameroun, selon les avis des experts. Pour pallier à cette insuffisance, le gouvernement camerounais a ainsi finalisé des études en vue de la construction par la voie de la concession, d'un deuxième pont sur le Wouri dont l'entrée en service, croit-on ferme au ministère des Travaux publics, apportera des solutions durables aux prévisions de trafic sur la sortie ouest de la ville de Douala. Selon M. Hamadi Gabouge en effet, " un second pont sur le Wouri doit être construit le plus tôt possible… "
Source: Quotidien Mutations
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