Pierre Ngahane, nouveau préfet en France
Bonjour Pierre N’gahane, depuis combien de temps saviez-vous que vous alliez être nommé préfet ?
J’avais été titularisé le 20 septembre à ma demande (après un an, les préfets peuvent demander leur titularisation NDLR). Ayant été nommé préfet à l’égalité des chances en février 2007, en février 2008, j’étais en mesure de demander cette titularisation.
J’ai fait l’objet d’une évaluation à l’issue de laquelle le ministre de l’intérieur a accepté de me titulariser. Depuis le 20 septembre, je m’attendais donc à évoluer vers un poste de préfet territorial. (Tous les préfets n’occupent pas des fonctions territoriales, certains étant chargés de dossiers, NDLR). Il y a 100 préfets de département en France auxquels on ajoute les préfets de police qui sont délégués auprès des préfets territoriaux, sauf dans le cas de Paris où le préfet de police est considéré comme un préfet territorial.
Il faut également rajouter les six préfets délégués à l’égalité des chances dans les départements 91, 93, 95, 59, 69, 13.
En résumé votre nomination n’a rien à voir avec la victoire de Barack Obama ?
C’est un heureux hasard. Par contre, il y a deux ans, il y avait manifestement un acte politique de Nicolas Sarkozy, qui était à l’époque ministre de l’intérieur. J’avais été reçu par des préfets qui m’avaient dit que le ministre de l’intérieur souhaitait ouvrir davantage le corps préfectoral à la diversité.
Concernant ma nomination cette fois, elle m’avait été apprise par mon préfet de région qui la tenait lui-même du directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
Ces jours-ci j’avais eu vent de certaines choses par la presse, mais je ne pouvais confirmer qu’une fois que j’étais certain d’avoir l’information. Le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy a appelé, et le lendemain, le secrétaire général du ministre de l’intérieur a confirmé que ma nomination était bien à l’ordre du jour.
Quelles sont vos attributions en tant que préfet ?
Je serai responsable de la sécurité publique, de la sécurité civile, j’appliquerai la politique du gouvernement sur le territoire, en tant que représentant de l’Etat dans le département, mais en collaboration avec les collectivités locales, les communes, le département, la région en fonction des prérogatives de chacun.
Quand prendrez vous vos fonctions ?
Le 1er décembre prochain.
Vous êtes d’origine africaine, vous êtes préfet et une de vos attributions c’est la situation des étrangers, et les cartes de séjour. Ne redoutez-vous pas qu’il y ait un afflux dans le département de gens qui puissent voir en vous « quelqu’un qui puisse comprendre leur situation ? »
Je vais appliquer la politique du gouvernement. Nous avons une feuille de route du gouvernement très claire en ce qui concerne la gestion des titres de séjour des étrangers. La feuille de route prévoit cependant des situations particulières. Je je pense que lorsque j'aurai à étudier des situations particulières mon expérience me permettra de mieux les apprécier.
Mais il est cependant hors de question qu’il y ait un quelconque soupçon de laxisme par rapport aux instructions du gouvernement.
Vous êtes arrivé en France à l’âge de 20 ans. Que représente pour vous de devenir préfet près de 25 années plus tard ?
Je ne me projettais pas si loin il y a 25 ans. J’ai évolué dans mon parcours. A chaque étape, j’ai ajusté mes ambitions et mes attentes par rapport à la société, qui était devenue plus ouverte qu’à mon arrivée il y a 25 ans. J’ai aussi su saisir les opportunités que j’ai eues.
A mon arrivée en France en septembre 1983, je n’imaginais pas du tout devenir préfet de la république, et je ne suis même pas sur que je savais ce que ça signifiait.
Avez-vous des regrets de quitter la voie universitaire ?
Je suis entré dans la voie universitaire en 1983 comme étudiant et j’en suis sorti en 2007. Je n’ai pas de regrets. Le fait de changer de carrière était opportun, c’était le meilleur moment pour moi. Même si je n’ai pas choisi car c’est un coup de fil que j’ai reçu qui m’a donné cette opportunité.
Avez-vous un message pour les grioonautes qui vous liraient ?
J’ai un message à faire passer à cette jeunesse africaine qui vit en France, qui s’y retrouve, sans d’ailleurs l’avoir forcément choisi.
Dans la vie comme on dit, il y a un peu de grâce ou de chance. Mais il faut beaucoup de travail et la valeur travail est fondamentale pour trouver son chemin dans un monde de plus en plus complexe. On a plus de chance de réussir en mettant en avant la valeur travail que sans elle: oui c'est possible en travaillant.
Voici le message que je voudrais transmettre et s'il pouvait passer à travers grioo.com ce serait très bien.
Source : Grioo.com
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