Zacchaeus Forjindam, l'ancien DG du Cnic
Dix-neuf heures vingt deux minutes. C’est l’heure à
laquelle l’équipe spéciale chargée de la perquisition est sortie du duplex de
Zaccheus Forjindam à Up station (Bamenda) en face de l’école publique du camp
militaire. Depuis neuf heures du matin hier jeudi 03 octobre 2008, ils ont
fouillé les coins et recoins de l’habitation. Conduite par le colonel commandant
du Groupement de gendarmerie de Bamenda, l’équipe comprenait, entre autres, les
commandants de compagnie de la Mezam, de la brigade de recherche de Bamenda –
Nkwen, et deux éléments.
Le matin, l’un des substituts du procureur de la
République était présent. Vers 16h, le procureur en personne, Mme Angeline
Atabong, est venu assister à la fin de l’opération. A l’issue de la
perquisition, l’équipe a récupéré entre autres des dossiers confidentiels, des
documents du Rdpc, des demandes d’emplois au Cnic, une caisse que l’on n’a pas
pu ouvrir, un disque dur d’ordinateur, un décodeur d’antenne « satellite ».
Le mandat de perquisition est venu de Douala où Zacchaeus Forjindam est détenu à
la prison centrale à New-Bell. Il est en procès avec son ancienne entreprise et
ses poursuivants lui reprochent, globalement, une mauvaise gestion ayant abouti
à un détournement de deniers publics d’un montant global de 998 millions de
Fcfa. La responsabilité du préjudice financier causé à l’Etat par cette mauvaise
gestion est imputée à 7 personnes au total : Forjindam, Njiande, Njoh, Youte,
Gounou, Meugang et Nuwalo. Mais l’équipe de perquisition n’est entrée en action
chez Forjindam à Bamenda que lorsque Sylvie Tamajong venue de Douala et
présentée comme la sœur cadette de Mme Forjindam, accompagnée d’un jeune homme,
David Tambe, ont ouvert le duplex pour vouloir y passer un coup de balai. C’est
à ce moment que la gendarmerie a été alertée. Quand l’équipe a débarqué, elle
leur a intimé l’ordre de se présenter. Puis elle a elle-même brandi l’ordre de
la perquisition. Et le travail pouvait commencer.
Méthode épervier
Sur les lieux, on pouvait apercevoir, outre la dizaine de
membres de la famille du prévenu, des avocats de Forjindam (Me Abenegoh, Me
Donatus du Cabinet Amaazee) et deux huissiers. Vers 17h30, l’essentiel des
pièces était déjà visité. Il manquait une seule chambre dont la clé était
introuvable. Mais un coup de fil à Mme Forjindam a permis de débloquer la
situation. Le coup de la justice chez Forjindam s’est donc achevé sous une pluie
qui a débuté autour de 19h. D’abord arrachée, la camera de Stv a été remise mais
la bande retenue.
Ce n’est pas la première fois qu’un domicile de Forjindam est ainsi fouillé sur
ordre de la justice. Le 06 juin 2008, sa villa, rue de la voirie municipale à
Bonanjo (Douala), a été perquisitionnée. Le 28 mai 2008, c’est le tribunal de
grande instance du Wouri qui a fait fouiller son bureau du Chantier naval, alors
sous scellés. L’objectif est d’obtenir des éléments matériels qui pourraient
conforter la thèse du détournement de deniers publics, motif pour lequel il
avait été placé sous mandat de dépôt. Mardi 23 septembre, une nouvelle demande
de mise en liberté provisoire de Forjindam a été rejetée.
La perquisition est une méthode désormais très répandue dans le cadre de
l’opération de lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics,
baptisée Epervier. Quelques cas récents : les domiciles de Polycarpe Abah Abah,
ex-ministre de l’Economie et des finances, de Urbain Olanguena Awono,
ex-ministre de la Santé publique, de Jean-Marie Atangana Mebara, ex-ministre des
Relations extérieures…
Source : Le Messager
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