La pauvreté fait son trou au Cameroun
La troisième Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM3) est une véritable mine de chiffres et de faits sur les tendances, le profil et les déterminants de la pauvreté au Cameroun, entre 2001 et 2007. Les résultats de cette enquête menée par l’Institut national de la statistique (INS) ont été présentés hier au palais des Congrès de Yaoundé, au cours d’un atelier modéré successivement par le directeur général de cette institution, Joseph Tedou, et son adjoint, Joseph She Etoundi. Une occasion pour les participants, qui se recrutaient dans différentes administrations chargées de faire reculer la pauvreté, mais aussi d’autres structures et organismes impliqués dans la vie économique, sociale et politique du pays, de se faire une idée précise et chiffrée de l’ampleur de la tâche, sur la voie de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement.
Il y est par exemple rapporté que : « Sur une population estimée à près de 15,5 millions d’individus en 2001, 6,2 millions étaient considérées comme pauvres. En 2007, l’ECAM3 estime la population du pays à près de 17,9 millions d’âmes, dont 7,1 millions de pauvres… » En valeur absolue, on note une augmentation de la population pauvre. Une toute petite satisfaction est cependant à noter au niveau de la valeur relative, qui met en évidence une sorte de stabilisation des rapports : 12,8% en 2001 et
12,3% en 2007.
Dans le registre des satisfactions, on peut notamment remarquer la relative bonne santé de certains secteurs, comme les télécommunications – ce secteur enregistre plus de 25% de taux de croissance par an – qui sont parvenues à stabiliser une situation économique, que malheureusement les couches pauvres de la population n’ont pas encore réussi à mettre à profit. En plus, il est rapporté que le sort est différent, selon que les sujets pauvres se trouvent en ville ou en milieu rural. De même, certaines régions sont moins touchées que d’autres. « En milieu urbain, on note un recul du taux de pauvreté de 5,7 points, alors que le milieu rural accuse une augmentation de trois points. Les campagnes qui concentraient 85% de la population pauvre en 2001 en comptent 89% en 2007. »
Les conséquences sur les domaines sociaux tels que l’éducation, la santé, le logement, etc., n’en sont que plus préoccupantes, si l’on s’en tient aux chiffres. Près de 48% de pauvres de la tranche d’âge de 15 ans et plus sont analphabètes ; ce qui tire le taux d’ensemble d’analphabétisme vers le bas, à plus de 20,4%. D’autres indicateurs ne sont pas mieux servis. Globalement, par exemple, le pourcentage de ménages possédant l’électricité au cours de cette période se situe autour de 48,5%, ceux utilisant des toilettes décentes (WC avec chasse d’eau et latrines aménagées) est à 33,6%, les ménages utilisant le gaz domestique sont de 15,3%, seulement. Des chiffres dont il faut pourtant inverser la tendance.
Source: Cameroon Tribune
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