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Paul Biya rendra t-il le pouvoir au Nord ?
(03/11/2008)
A la veille de la célébration de l’An 26 de l’accession du chef de l’Etat à la magistrature suprême, la question mérite qu’on s’y attarde. Décryptage. Paul Biya rendra t-il le pouvoir au Nord ?
Par Georges Alain Boyomo
Qui succédera au roi ? Un homme du Sud ou un homme du Nord?
Qui succédera au roi ? Un homme du Sud ou un homme du Nord?
La thèse du retour à l’expéditeur

Dans le débat politique au Cameroun, l’axe nord-sud est une donnée incontournable. C’est dans cette optique que, chaque fois qu’on parle de "succession", les regards se portent davantage vers la partie septentrionale du pays. A la moindre occasion, des noms sont jetés sur la place publique pour entretenir l’idée d’un pacte entre les deux principaux points cardinaux du landerneau politique national. Sadou Hayatou, Luc Ayang, Marafa Hamidou Yaya, Amadou Ali sont les noms qui reviennent le plus. Si dans leur écrasante majorité, les populations de la partie septentrionale croient dur comme fer à un probable retour d’ascenseur, la question ne fait pas l’unanimité parmi les barons de la région. Dakolé Daïssala pense par exemple que le contexte de transition au sommet de l’Etat ne sera plus le même qu’en 1982. Le peuple camerounais devra choisir son président par voie démocratique. L’on ne saurait réduire cette affaire à un jeu de ping-pong, soutient le leader du Mdr.

Pour Bobbo Salihou, maire (Undp) de Ngaoundéré 1er, l’alternance ne saurait être une affaire de région. Que le prochain président de la République vienne du nord ou du sud, l’essentiel, c’est qu’il assure le bien être de tous les camerounais, sans exclusive. En clair, selon l’édile, il s’agira pour le prochain chef de l’Etat d’impulser le changement que les camerounais appellent de leurs vœux. Sur la question du retour du pouvoir au nord, le président de la section Rdpc Vina-Sud marche sur des œufs. Pour Mohaman Lamine, c’est un piège de se prononcer pour l’instant étant donné que " tous les grands hommes d’affaires, commerçants et commis de l’Etat de la région sont favorables au chef de l’Etat Paul Biya. Ce n’est qu’à ce dernier qu’il reviendra le soin de choisir le moment venu celui qui va lui succéder ". Joints au téléphone, d’autres animateurs de la scène politique de la région n’ont pas daigné se prononcer. Toujours est-il qu’on se rappelle qu’il y a quelques années, Amadou Ali (aujourd’hui vice-premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux) avait publiquement déclaré que si l’envie venait à Paul Biya de quitter le pouvoir, qu’il se souvienne de là où il l’a pris. Allusion à peine voilée au fameux pacte nord-sud.

A en croire certains observateurs, nombre d’hiérarques locaux rongeraient leurs freins pour être khalife à la place du khalife. " C’est pour cela que l’adhésion au projet de révision constitutionnelle a été quasi timide dans le septentrion. Beaucoup n’ont pas apprécié que le chef de l’Etat prolonge son bail à la tête du pays alors que des gens valables ne manquent pas pour le remplacer ", note une source. A l’époque des faits, un responsable d’une section Rdpc de la Bénoué avait révélé au Messager -pour justifier cette tiédeur- que le président de la République lui-même a dit sur France 24 que le débat sur la modification de l’article 6 alinéa 2 de la Constitution de 1996 n’était pas à l’ordre du jour. Les urgences, selon Paul Biya, étaient la lutte contre la pauvreté, le Sida et la lutte contre la corruption. " Les porte fanions du Rdpc dans le Grand nord veulent désormais prendre leurs responsabilités devant Dieu et devant les hommes. Pour cela, ils ne sont plus prêts à jouer aux tartuffes dans un mélodrame de très mauvais goût que seuls de sinistres individus, légers, sans personnalité, sans ambition mais également sans vergogne (…) savent le faire. Si cette analyse se révèle être la bonne, il faut comprendre qu’ils peuvent compter sur tout le monde, y compris sur nous qui sommes de bords politiques différents ", argumentait Saïdou Maïdadi Yaya, secrétaire général de l’Alliance des forces progressistes (Afp).

N’empêche. Lorsque "la pilule amère" de la révision de la Loi fondamentale a été présentée à l’Assemblée nationale, aucun député du Grand nord n’a marqué officiellement son désaccord. Même le très remuant et iconoclaste parlementaire du Mayo-Kani-Nord, Adama Modi Bakary, est rentré dans les rangs. Certains opposants réputés corrosifs contre le régime ont même fait campagne pour la révision constitutionnelle. Cas de feu Antar Gassagay et Issa Tchiroma.

Ces petits clivages qui font le Grand nord

En février 2008, une partie du pays s’embrase, dit-on, sous les flammes de la vie chère et de la "révision forcée" de la Constitution. Le septentrion reste de marbre. Pour beaucoup, il s’est agit là d’un attachement indéfectible à l’homme du 6 novembre dans l’esprit du "pacte". Au cours de l’anniversaire du Rdpc en mars 2007, à travers la région, des pontes du parti vont réclamer des retombées à leur président national. Dividendes en terme d’infrastructures de base, mais également en matière de marge de manœuvre dans le sérail.

Mais, un connaisseur de la région, universitaire de son état, fait remarquer que même si le chef de l’Etat ambitionne de remettre le pouvoir à un ressortissant du Nord, la tâche ne sera pas aisée. Ceci, compte tenu des clivages ayant cours dans la région. " Va-t-il remettre le bâton de commandement à un foulbé ou à un kirdi ? À un chrétien ou à un musulman ? À un natif de l’Adamaoua, du Nord ou de l’Extrême Nord ? Tous les cas de figures envisagés sont complexes ", indique notre source. Selon l’enseignant, les kirdi n’accepteront pas facilement d’être dirigés par un islamo-peuhl eu égard aux brimades qu’ils ont endurées avant l’avènement du Renouveau.

De même, le complexe de supériorité et la solidarité des foulbé ne sont pas de nature à les laisser se faire doubler par les kirdi, pourtant majoritaires. Notre analyste observe du reste que le retour du pouvoir dans cette région peut ouvrir la porte à des règlements de compte. " Mais le Prince est le seul à connaître son dauphin. Il faut également savoir que l’élite du Grand nord peut transcender ces divisions lorsqu’il faut se liguer contre une autre région ou formuler des revendications régionalistes. On l’a vu à l’occasion du mémorandum du Grand nord en 2002 ", précise l’universitaire.

René Emmanuel Sadi, la carte secrète ?

Sur la liste des potentiels dauphins de Paul Biya, le nom de René Sadi est souligné à grands traits depuis le 4 avril 2007, date ou il a été nommé secrétaire général du comité central du Rdpc cumulativement avec ses fonctions de secrétaire général adjoint à la présidence de la République et conseiller du chef de l’Etat dans le domaine de la diplomatie. Né en 1948 à Maroua dans l’Extrême Nord du Cameroun, René Emmanuel Sadi a passé un bout de son enfance à Meiganga (département du Mbéré, province de l’Adamaoua) avant de faire ses classes au collège de Mazenod de Ngaoundéré. D’ethnie Babouté (ethnie que l’on retrouve à la fois dans le Centre- Mbam et Kim, Haute Sanaga- et l’Adamaoua), René Sadi est, de l’avis de nombre d’observateurs, un trait d’union entre le sud et le nord-Cameroun. Il présente en outre l’atout de connaître la plupart des apparatchiks de la région et d’avoir été l’un des plus proches et fidèles collaborateurs de l’ex-chef de l’Etat Ahmadou Ahidjo. " Loyal vis-à-vis de l’ancien homme fort du pays, il l’est également vis-à-vis de son mentor Paul Biya ", affirme un militant du Rdpc. C’est donc dire que les nostalgiques de l’ancien régime de la région pourraient trouver en ce diplomate un pion idéal.
A l’époque d’Ahidjo, le fils de François Sadi (infirmier décédé) a été deuxième secrétaire et premier secrétaire de l’ambassade du Cameroun au Caire, en Egypte. Il est, par la suite, rappelé au Cameroun, précisément à la présidence de la République où il est nommé conseiller technique puis conseiller diplomatique avant de débarquer au ministère des Affaires étrangères. C’est alors que survient le putsch manqué du 6 avril 1984. Suivra un court moment de disgrâce. Blanchi de toute implication dans ce complot, il est rappelé à la présidence de la République comme conseiller avant d’être promu directeur adjoint du cabinet civil en 1985. En décembre 2004, Sadi prend du galon à la présidence de la République : il est nommé secrétaire général adjoint à la présidence. Une position qui lui permet alors de faire partie de tous (ou presque) les voyages du chef de l’Etat. Devant la difficulté de démêler les écheveaux Kirdi-Foulbé et nord-sud, René Sadi pourrait être la carte sécrète de Biya. Mais d’ici à 2011 ou 2018, le chemin est encore long…



Source: Le Messager


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