Aux lendemains de son emportement radiotélévisé le 27 Février 2008, le président camerounais a jeté les forces armées dans les rues afin d'éviter l'asphyxie de la capitale, où les hommes de troupe du Bataillon d'Intervention Rapide (B.I.R) sèment la terreur nuitamment.
Depuis le 25 février 2008, le Cameroun navigue dans les eaux troubles de la grève initiée par un groupe de syndicats de transporteurs.
Malgré les 20 heures de négociations au cours desquelles le gouvernement s'est résolu à baisser de six francs Cfa le prix du carburant, un « déchaînement de violences à l'encontre des personnes et des biens » a été enregistré dans certaines villes du triangle national. Et la riposte meurtrière des forces armées a laissé sans remords plusieurs vies sur le carreau.
Au troisième jour de cette crise sociale également ponctuée par la « revendication légitime » du relèvement du niveau de vie du citoyen camerounais, sans oublier les opinions divergentes sur la prochaine révision constitutionnelle, la ville de Yaoundé a connu sa « journée de casse inédite ». Le cœur du pays est touché et c'est la peur dans la capitale où il faut désormais utiliser « tous les moyens légaux » pour restaurer l'autorité de l'Etat.
De son Mvomeka'a natal, le Président de la République, Paul Biya, était en marge des réalités dudit mouvement d'humeur d'un peuple qui ploie sous le poids de la flambée des prix des produits de première nécessité. Toutefois, à la lecture de sa déclaration radiotélévisée du 27 février 2008, le n°1 camerounais s'est difficilement démarqué de la logique de diabolisation dictée par les « conservateurs » qui se sucrent dans son entourage.
Pour preuve, il y a le Secrétaire Général adjoint du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), Grégoire Owona, qui avait déjà « disqualifié » le Chairman Ni John Fru Ndi, le leader du Social Democratic Front(Sdf), le premier parti de l'opposition parlementaire. Il y a également le Ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya, qui a confirmé que « les apprentis sorciers » sont identifiés et « ces personnes (tapis dans l'ombre) auront à répondre de leur forfait ».
En attendant, les éléments de la Garde présidentielle (GP) sont sur le qui-vive autour du Palais de l'Unité tandis que le Centre de Formation Technique des Armées accueille plus d'une centaine d'hommes de troupe du Bataillon d'Intervention Rapide (B.I.R) qui quadrille la capitale.
Si à Douala, l'heure est à un couvre-feu qui ne dit pas son nom, les populations de Yaoundé subissent la « loi martiale » avec en prime, l'arrestation de jeunes « vandales » qui sont internés dans les geôles du Groupement Spécial d'Opérations (GSO) ; la torture d'autres manifestants incarcérés à la Légion de Gendarmerie du Centre ; les défilés des camions anti-émeutes. Et il faut aussi signaler la fermeture de la radio « Magic FM » dont les auditeurs ont vertement exigé la démission du président Paul Biya.
Ce 29 Février 2008, pendant que dans la zone anglophone du triangle national, on joue les prolongations du triste spectacle des casses et des violents affrontements entre les manifestants et les forces armées, dans les autres villes embrasées, les populations ont repris timidement le chemin de la misère au quotidien.
Source : Camer.be
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