Le Président de la République a nommé les 12 membres du conseil d'Elecam
C’est hier, au journal parlé de la Crtv - radio de 17 heures que la nouvelle a
été rendue publique. La nomination des membres du conseil électoral survient 24
heures après la date butoir de mise en place effective du nouvel organe chargé
de l’organisation, de la gestion et de l’ensemble du processus électoral et
référendaire.
Dans la liste des membres du conseil électoral, il y a des personnalités bien
connues du public, mais aussi des moins connues : Fonkam Samuel Azu’u, Justin
Ebanga Ewodo, Dorothy Limunga Njeuma, Abdoulaye Babale, Thomas Edjake Bonda,
Dieudonné Massi Ngams, Bonda Elie, Cécile Bomba Nkolo, Sadou Daoudou, née Ledy
Bawa, Adamou Ali, Jules Mana Souangale et Pierre Roger Efandene Bekono. Parmi
ces douze membres du conseil électoral d’Elecam, Fonkam Samuel Azu’u a été nommé
président et Me Justin Ebanga Ewodo vice-président.
Des pontes du Rdpc
Le président du conseil électoral, qui assure également les fonctions de
président d’Elections Cameroon, est un haut cadre de l’administration et du
parti au pouvoir. En effet, Fonkam Samuel Azu’u a effectué l’essentiel de sa
carrière au sein de l’administration. Aussi bien dans les arcanes du pouvoir
exécutif que du pouvoir législatif. Agé de 55 ans, originaire de Santa, dans le
département de la Mezam, région du Nord-Ouest, il a occupé les fonctions de
secrétaire général adjoint de l’Assemblée nationale, de conseiller technique
dans les services chargés des relations avec le parlement à la présidence de la
République, de chef de division chargé des relations avec les Assemblées au
ministère de l’Administration territoriale et de chef de division auprès du
ministre chargé des relations avec les Assemblées. Il est le n° 208 dans la
liste des membres titulaires du comité central du Rdpc.
Le vice-président du conseil électoral et vice-président d’Elecam n’est pas
connu comme un opposant au pouvoir en place. Mieux, il entretient de bonnes
relations avec les pontes du régime et ne fait rien qui puisse nuire à son
éventuelle entrée dans le gouvernement. Me Justin Ebanga Ewodo est avocat de
formation et ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun. Il a travaillé
avec l’Observatoire national des élections (Onel), dans sa délégation régionale
du Centre.
Abdoulaye Babale est ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat ; ancien
ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et membre
suppléant du comité central du Rdpc. Thomas Edjake Bonda est un ancien
gouverneur qui soigne ses relations avec les pontes du pouvoir et du Rdpc.
Ancienne ministre, Dorothy Njeuma a été récemment remplacée dans ses fonctions
de recteur de l’université de Yaoundé I. Elle est le membre titulaire n° 221
dans la liste des membres du comité central du Rdpc. Cécile Bomba Nkolo est le
membre titulaire n° 167 dans la liste des membres du comité central du Rdpc. Ces
deux dames sont consultées par le président national du Rdpc qui est, en même temps, président de la
République, dans le cadre des rencontres stratégiques du bureau politique du
Rdpc.
Certains membres du conseil électoral ont activement participé à la célébration,
le 6 novembre 2008, du 26ème anniversaire de l’accession de Paul Biya à la
magistrature suprême. Le Dr Fonkam Azu’u Samuel était l’un des vice-présidents
de la sous-commission des manifestations sportives. Cécile Bomba Nkolo était
l’un des vice-présidents de la commission centrale de supervision des
manifestations et activités marquant cet événement. Ils se sont engagés
pleinement dans les festivités, sur la base de la circulaire n°02/RDPC/CC/SG/du
troisième jour de novembre de cette année signée par René Emmanuel Sadi, le
secrétaire général du comité central du Rdpc. La circulaire s’adressait
clairement “ aux camarades présidents et présidentes des sections Rdpc, Ofrdpc
et Ojrdpc ”. La commission de supervision générale, les sous-commissions et les
délégations du comité central devaient accompagner et soutenir les responsables
locaux de ce parti dans l’organisation de ladite célébration.
Quelle impartialité et quelle neutralité ?
La loi n° 20006 / 011 du 29 décembre 2006 portant création, organisation et
fonctionnement d’Elecam dispose pourtant à l’article 8 que : “ Les membres du
conseil électoral sont choisis parmi les personnalités de nationalité
camerounaise, reconnues pour leur compétence, leur intégrité morale, leur
honnêteté intellectuelle, leur sens patriotique, leur esprit de neutralité et
d’impartialité ”. Comment les intervenants, différents acteurs du processus
électoral et notamment les partis de l’opposition, la société civile et
l’ensemble des électeurs pourraient-ils faire confiance à un organisme composé
principalement de personnalités dont on peut légitimement douter de leur esprit
de neutralité et d’impartialité, eu égard à leur engagement partisan ?
Par ailleurs, l’article 13 de la même loi dispose bien que : “ Les fonctions de
président, de vice-président et de membres sont incompatibles avec les fonctions
ou la qualité de ( …) membres d’un
parti politique ou d’un groupe de soutien à un parti politique, à une liste de
candidats ”. Quelle transparence, quelle amélioration du processus électoral et
quel renforcement du système électoral le chef de l’Etat vise-t-il en plaçant
des hommes et femmes de son parti politique comme arbitres des compétitions
électorales à venir ?
Le président de la République n’a pas encore nommé deux autres membres
importants d’Elecam : le directeur général des élections et le directeur général
adjoint des élections. Rappelons que, d’après les dispositions de la même loi,
le directeur général des élections détient l’essentiel des pouvoirs de l’organe
qui remplacera désormais l’Onel et le ministère de l’Administration territoriale
et de la Décentralisation (Minatd) dans le processus électoral. Le directeur
général des élections paraît même plus puissant que le président du conseil
électoral, qui est pourtant le patron officiel d’Elecam.
Source : La Nouvelle Expression
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