Paul Biya à l’ONU : Le climat au centre des préocupations
(23/09/2009)
Le président Paul Biya a participé hier au sommet spécial sur les changements climatiques, en plénière et à l’une des table-rondes.
Par R.D. Lebogo Ndongo (Cameroon Tribune)
Le président camerounais Paul Biya participe au sommet des nations unies, dont la principale préoccupation est le réchauffement climatique.
Le président Biya a tout de suite pris place, à la première rangée droite, dans la salle de l’Assemblée générale. Madame Chantal Biya prenant place quant à elle dans l’espace réservé aux premières dames sur le côté. Dix minutes plus tard, l’arrivée du président américain Barack Obama a mis une ambiance particulière du fait du déploiement de sécurité.
Le secrétaire général des Nations Unies pouvait alors ouvrir le sommet mondial sur les changements climatiques, alors que le président Evo Morales de Bolivie arrive dans l’une des salles de réunion pour une communication. Non sans avoir passé la parole au président de la 64e session de l’Assemblée générale, Dr Ali Triki. Celui-ci a situé l’enjeu : un moment crucial pour la planète. La dizaine d’interventions des dirigeants du monde et des représentants de la société civile a permis de mesurer le chemin à parcourir. Chacun y est allé de ses chiffres, de ses propositions ou de son appréciation des efforts fournis. Des chiffres et des mots qui résonnent et qui vont rythmer les négociations d’ici au prochain et très sensible sommet de Copenhague.
Des mots d’abord. Le secrétaire général des Nations Unies ouvre le bal : « le prix que nous aurons à payer demain sera beaucoup plus élevé si nous n’agissons pas aujourd’hui ». Ce seront ensuite des enfants qui viendront interpeller les dirigeants du monde: « pourquoi dépenser tant d’argent dans les armes et si peu pour préserver l’environnement ». Et Ban ki-moon de faire encore monter la pression en affirmant que le « seuil critique » est atteint, les « glaciers fondent plus vite que n’avancent les négociations ».
Arrive alors le président Obama à la tribune. Il souligne que le monde a pris trop de temps pour se convaincre du danger et de l’envergure des risques. Il engage les dirigeants à « relever le défi ». Et il ajoute : « l’histoire nous jugera là-dessus ». Le représentant des Maldives, îlot du Pacifique, exprime sa peur de voir une fois de plus « l’indignation et l’émotion des grands forums retomber » alors que les pays insulaires voient les eaux monter, menaçant de les faire disparaître de la carte du monde. Comme en réponse, le chef de l’Etat chinois invite justement à tenir compte des besoins des pays insulaires, des plus pauvres, de ceux sans littoral et des pays africains qui sont si souvent menacés par la famine.
Le Premier ministre du Japon, au pouvoir depuis une semaine, s’engage à réduire les émissions de gaz carbonique de son pays de 25% d’ici à 2020. Mieux, il annonce son engagement à mettre à disposition des financements additionnels publics et privés pour aider les pays en développement. Au nom des pays africains sans littoral, Paul Kagame du Rwanda invite à l’élaboration d’une stratégie qui n’oublie personne, d’autant que la sècheresse menace du Kenya à la Mauritanie. Le président Sanchez du Costa Rica, en réponse à ceux qui évoquent le coût élevé des actions à entreprendre, lance : « à quoi serviront les missiles quand il n’y aura plus que des cafards dans les déserts » ? Le président français Nicolas Sarkozy vient d’une certaine façon doucher l’auditoire: « nous sommes sur la voie de l’échec ». En effet, les négociations sur un accord global sur le climat sont dans l’impasse. Pour des divergences d’intérêt. Mais surtout sur l’estimation du coût es actions et le financement.
Les chiffres ensuite. Il en a plu sur l’auditoire de ce sommet mondial sur les changements climatiques. Des chiffres à donner les vertiges. Sur l’Afrique, soixante-quinze à deux cent vingt millions de personnes seront très vite en danger du fait de la désertification, elle-même conséquente au changement du climat. Un drame de plus. Un autre chiffre plus réconfortant : l’Union européenne devrait dépenser entre cinq et sept milliards d’euro (entre trois mille trois cent milliards et quatre mille six cents milliards de francs CFA) pour l’assistance financière dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.
Et dire que ce n’est pas suffisant. Le président Sanchez affirme que les treize milliards de dollars (soixante-cinq mille milliards de francs CFA) d’aide publique au développement représentent à peine cinquante pour cent des engagements internationaux des pays industrialisés. Un chiffre qui pèse très peu à côté des treize mille milliards de dollars (six millions cinq cent mille milliards de francs CFA) de dépenses militaires prévues dans les dix prochaines années.
Les enjeux écologiques sont certes de taille ; l’avenir de la planète est certes menacé. Mais les enjeux économiques sont d’une tout autre dimension. D’où le choc des intérêts.