Paul Biya était absent de la finale de la coupe du Cameroun.
Jusqu’à vendredi 24 octobre 2008 au matin, la plupart d’entre eux savaient officiellement que cette manifestation serait présidée comme d’habitude par le président de la République en personne. Mais Paul Biya n’était pas au stade omnisports Ahmadou Ahidjo samedi dernier. La rencontre opposant Cotonsport de Garoua à l’Aigle royal de la Menoua (4-2) a été finalement présidée par le Premier ministre Inoni Ephraïm. Du coup, les fonctionnaires de la cellule de communication du ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) chargés de mettre au point la plaquette de l’événement sont allés changer en dernière minute la première Une. Celle-ci annonçait la cérémonie sous l’égide du chef de l’Etat.
Il en est de même du ministère de la Communication. En pareille occasion, ce sont les fonctionnaires de ce département ministériel qui doivent en collaboration avec la direction de la sécurité présidentielle s’occuper des accréditations des journalistes. Ceux-ci sont restés mobilisés jusqu’à ce qu’on leur fasse dire qu’ils pouvaient finalement laisser tomber cette tâche.
Depuis l’accession de Biya au pouvoir en 1982, c’est la 2e fois que la finale qui généralement clôture la sainson sportive au Cameroun est présidée par quelqu’un d’autre que le président de la République. En 1984, marqué par les douloureux évènements du 6 avril, le président Paul Biya (un an et six mois au pouvoir) ne s’était pas rendu au stade. On avait évoqué les problèmes de sécurité. La finale de la coupe du Cameroun s’est ainsi jouée sans lui. Cette année personne ne peut dire avec précision pourquoi le chef de l’Etat camerounais a choisi de manquer ce rendez-vous annuel auquel il est présent depuis 1985.
Secret d’Etat ?
Tout ce qu’on sait, c’est que Paul Biya se trouverait depuis son retour de Québec, lundi 20 octobre 2008, du côté de Genève en Suisse. Une source au Canada indique ainsi qu’il aurait annulé en dernière minute une visite à Montréal où il devait retrouver des ministres camerounais. Notamment ceux en charge de l’Economie, de la planification et de l’Aménagement du territoire; des Finances; et des Mines, de l’industrie et du développement technologique, à l’occasion d’un forum avec les hommes d’affaires canadiens sur les opportunités d’affaires au Cameroun. Sans que des explications ne soient données, Paul Biya et des collaborateurs directs sont retournés, non pas au Cameroun, mais plutôt à Genève d’où ils étaient partis. Et depuis, personne au sein du petit peuple qui l’a élu ne sait pourquoi.
Jeudi dernier, dans le sérail politique camerounais, quelques personnes ont annoncé son retour pour vendredi. On est même allé jusqu’à affirmer que la garde présidentielle aurait déplacé son arsenal pour l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen, dans la perspective du retour au bercail du “ premier sportif camerounais ”. Il n’en a rien été. Alors, on en vient à se poser la question légitime de savoir : le président de la République a-t-il un problème ?
Dans un pays où l’agenda (que ce soit les activités officielles ou les activités privées) du président de la République sont de l’ordre du secret d’Etat (?), il est difficile d’esquisser un début d’explication. Mais tout de même, après plus d’un mois d’absence continue du pays, n’est-il citoyen de dire enfin aux Camerounais ce que devient leur président ?
Source: Le Messager
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