Les routes, véritable fléeau au Cameroun
Au Cameroun, près de 50ans après l’indépendance, 90% du réseau routier est constitué
par de routes en terre, selon Bernard Messengue Avom, ministre des Travaux
publics, préoccupé cette semaine par la protection du patrimoine routier.
Son ministère précise également que sur 50 000 kilomètres de route, environ 5000
sont bitumés et 18016 sont en terre ; 27 693 sont des routes rurales.
Celles-ci sont malheureusement dans un mauvais état. Comme en témoigne le
directeur des routes rurales, François Félix Ewane : “ Les statistiques
actuelles indiquent que 6% des routes en terre classées sont en bon état ; 21%
sont en état normal ; 70% sont en état médiocre et 3% sont en mauvais état.
Quant aux routes rurales, elles sont pour la plupart en état médiocre ou
mauvais. ”
A son avis, “ on pourrait ainsi affirmer que plus de quatre cinquièmes du réseau
de routes en terre nécessitent un entretien urgent, car les interventions faites
jusqu’à ce jour ne permettent pas de garantir un niveau de service optimal et le
réseau continue de se dégrader progressivement. Le linéaire en mauvais état
s’est d’ailleurs accru ces dernières années. ”
La dégradation de ces routes dans l’arrière-pays se manifeste, entre autres, par
des couches de latérite enlevées et le torrent qui creuse des ravines et des
crevasses sur la chaussée, cela à cause de l’eau des rigoles et des accotements
qui se déverse sur la chaussée ; la chaussée envahie par la broussaille avec
pour méfaits la réduction de la visibilité et les risques d’accidents y
relatifs. Par ailleurs, la chaussée peut être inondée par les eaux ou par des
nids de poules, ravines, ornières. Ces dégâts entraînent souvent des coupures de
routes.
Pour beaucoup, les investissements sur le secteur routier sont à la traîne
depuis quelques décennies. Cela contrairement à la période de croissance des
années 80 où le pays s’est doté d’infrastructures routières à la faveur d’une
politique d’investissements intensifs consécutifs aux plans quinquennaux.
“ La crise économique qui va frapper notre pays au milieu des années 80 va
entraîner un ralentissement des activités dans les secteurs du bâtiment et
travaux publics. ” Explications de Barnabé Tang Ahanda, responsable de la
division études, normes et planification au ministère des Travaux publics. Ce à
quoi il ajoute le fait que les bailleurs de fonds ont considérablement réduit
leur participation dans la construction et l’entretien des routes. Sur le plan
interne, les budgets nationaux alloués à l’entretien routier et autres
investissements dans ce domaine connaissent une baisse drastique. Par exemple,
l’enveloppe allouée au financement des infrastructures routières est passée de
27,8 milliards de francs Cfa en 1985/1986 à 7,5 milliards en 1992/1993.
Par la suite, des réformes ont suivi. Elles visent à assurer la protection du
patrimoine routier tout en garantissant la pérennité de son entretien. Ainsi
avec le programme sectoriel des transports, on a assisté à une reprise des
financements des projets d’investissement dans le secteur, soit plus de 1 000
kilomètres de route bitumés entre 1995 et 2005.
En dépit, des différents cycles de réformes, des pesanteurs demeurent. Au nombre
desquelles figurent en bonne place les contraintes budgétaires. Ce à quoi il
faut ajouter la tendance à la hausse généralisée des prix observée sous forte
contrainte budgétaire ; la longueur et l’inadaptation au secteur routier des
procédures de sélection des entreprises qui empêchent d’engager à temps les
différents programmes d’entretien routier ; l’insuffisance et la vétusté du
matériel de génie civil disponible aussi bien que chez les privés qu’au Matgenie
et de celui des sociétés privées loueuses d’engins ; la faible capacité des Pme
locales et l’insuffisance des crédits alloués à l’entretien routier. Source : La Nouvelle Expression
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