Les juges ont ordonné la remise en liberté de Léonie Battin, 39 ans, qui avait été interpellée le 12 janvier à Sèvres (Hauts-de-Seine) en vertu d'une demande d'extradition par le Cameroun dans une affaire de détournements de fonds publics.
Selon les autorités camerounaises, cette ancienne dirigeante de l'antenne du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) à Paris aurait détourné entre 2002 et 2005 à des fins personnelles près de 300.000 euros destinés au fonctionnement de la société.
L'avocate de Léonie Battin, Me Caroline Wassermann avait fait valoir lors de l'audience du 20 janvier l'article 49 de la convention franco-camerounaise de 1974 qui prévoit que "l'extradition est refusée si les infractions (...) ont été commises dans l'État requis", soit la France dans ce cas.
Une plainte déposée à Paris en mai 2007 est "[i encore en cours@", selon Me Wassermann, qui estime que "si quelque chose doit être reproché (à sa cliente), c'est à la France de la juger". Elle a ajouté qu'il "fallait réfléchir au contenu des conventions bilatérales d'extraditions avec les États voyous et les dictatures où la justice n'est pas rendue de manière décente".
L'avocate générale, qui avait dit ne pas s'opposer à un avis favorable à l'extradition, avait ajouté qu'il "convenait de rechercher plus précisément" la date et les lieux des faits commis. Pour l'avocate, qui avait assuré à l'AFP qu'il s'agissait d'accusations "fantaisistes", cette affaire était un "coup monté" dans le cadre de l'opération Épervier.
Plusieurs personnalités, dont d'anciens ministres, ont été condamnées à de lourdes peines au Cameroun dans le cadre de l'opération anticorruption Epervier menée depuis 2004 par les autorités, sous la pression des bailleurs de fonds internationaux. L'oncle de Léonie Battin, Joseph Edou, ancien dirigeant du CFC accusé également de détournement de fonds publics, a écopé en 2008 de 40 ans de prison.
De nombreuses organisations non gouvernementales locales et des diplomates estiment toutefois que la corruption demeure généralisée au Cameroun, qui reste l'un des pays les plus touchés par ce fléau, selon l'organisation Transparency International.
Source : Le Point
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