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Ntaba : L'errance en héritage
(11/11/2009)
Ntaba: Les populations déguerpies de ce quartier n'ont toujours pas réussi à se recaser.
Par Pierre Célestin Atangana (Quotidien Mutations)
Les populations déguerpies du quartier Ntaba n'ont toujours pas été recasées par le gouvernement.
Les populations déguerpies du quartier Ntaba n'ont toujours pas été recasées par le gouvernement.
La véranda de Joseph Zibi, chef de 3e degré du quartier Djoungolo ne désemplit pas. Des nattes, des morceaux d'étoffes, des draps et des couvertures de fortune, forment le décor qui sert d'habitacle aux nombreux déguerpis de Ntaba qui, jusqu'ici, n'ont pas pu s'offrir un logis après la tragédie du 7 septembre 2008. Affairé au raccommodage de quelques haillons, un tailleur se confond avec le couchage qui traîne à même le sol. " Pendant plus d'un mois, des familles entières ont dormi sur ma véranda. Un an après, ces gens n'arrivent pas à se trouver un endroit où habiter ", explique le chef. Selon ses déclarations, bon nombre d'entre eux mènent une vie de vagabond pendant la journée. A la nuit tombée, comme des oiseaux de la basse cour, ils retournent dans leur poulailler, à la merci des intempéries.

Samuel South, habitant du quartier Ntaba, fait partie des victimes les plus meurtries par ce 7 septembre. " J'étais à la mairie pour la signature d'une copie d'acte de mariage, quand mon épouse m'a appelé pour me dire que l'engin qu'on a baptisé ici " la main de fer " était là. J'ai accouru pour sauver d'abord les hommes, parmi lesquels des malades, et ce que je pouvais ", se remémore-t-il. Depuis ce jour, sa vie et celle de plusieurs habitants, ont basculé dans le néant. Pendant un mois, raconte-t-il, des dizaines de familles ont partagé un hangar de fortune construit pour passer les premières nuits, non sans affronter les intempéries. Des semaines durant, elles ont cherché l'asile chez des proches en première solution, ou une maison dans les environs et ailleurs.

" Ces jours-là ont été difficiles pour moi et ma femme. Les gens savaient que Ntaba venait d'être détruit, et, pour cela, spéculaient sur le loyer en exigeant des avances prohibitives qui allaient jusqu'à à six mois. Nous qui n'avions pas de problème de loyer, on s'est retrouvé en train de nous séparer de tout ce que nous avions ", explique Samuel South. C'est ainsi que ce dernier a tout perdu. Appareils électroniques, électroménagers, mobilier, ustensiles de cuisine, bouteille de gaz, et bien d'autres effets, vendus pour payer les six mois d'avance de loyer exigés pour le modeste studio d'une pièce qu'il occupe aujourd'hui avec sa famille, derrière l'école de la fondation Mballa Bounoung, à deux pas des lieux du " sinistre ". " On a beaucoup perdu pendant que la main de fer piochait les toitures de nos maisons. Les gens qui nous venaient en aide profitaient pour nous soulager de quelques effets. Les gens s'occupaient en dehors de leurs familles, à sauver leurs lits ".

65 victimes

Physiquement déstabilisés, moralement atteints, et matériellement anéantis, beaucoup n'ont pas survécu au choc causé par ce qu'ils appellent le drame du 7 septembre. Ainsi, d'après les explications de Samuel South, qui a assuré le recensement des déguerpis, le nombre de personnes fauchées par le traumatisme issu du déguerpissement soudain et brutal de Ntaba, avoisine 65 victimes. La première à tomber sur le champ de ruine fut une dame âgée de plus 80 ans, qui, d'après des témoignages, avait fui Nkolmesseng où son fils l'avait recueillie, pour revenir là où elle avait toute sa vie. Les requêtes en solidarité introduites auprès de la primature pour subvenir aux besoins essentiels des populations, ont accouché d'une réaction du gouvernement, jugée timide par les populations. " Après les casses, ils nous ont demandé de faire un recensement. Au terme de cette action, chaque personne recensée avait reçu 30 000Fcfa des affaires sociales. Ce qui était insignifiant au regard de l'ampleur des dégâts et tout ce qu'on a perdu ce jour-là ", explique Samuel South.

Le fossé entre la période qui a précédé le déguerpissement et la situation actuelle, est très grand si l'on en juge par le nombre de personnes qui prennent d'assaut le domicile de Joseph Zibi pour "négocier" une place pour dormir. Les gens se sont adaptés à l'errance et à la transhumance. Beaucoup se réfugient en journée, dans les hangars de fortune, dressés spontanément aux premières heures des casses, quand ils ne flânent pas en ville. Ce qui fait dire au chef qu'une action de solidarité est nécessaire pour assurer la survie de ces populations démunies qui lorgnent vers sa bourse pour assurer leur pitance journalière. " Le gouvernement doit faire quelque chose pour m'aider, parce que je suis le seul à subir aujourd'hui le poids de ce problème ", explique Joseph Zibi. Au-delà de cette requête à peine voilée, le chef estime que les promesses de la Communauté urbaine tardent à se réaliser. " Partout où je suis passé pour savoir ce qu'il en est de ce site qui est envahi par les herbes folles aujourd'hui que je sarcle à cause du danger qu'elles représentent, on me dit d'attendre, que ce projet viendra et je ne sais plus si ces gens disent la vérité ou non. Dans tous les cas, j'attends toujours ", souligne le chef.


Source: Quotidien Mutations


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