Les mythes de la Rose-Croix au Cameroun.
On a prêté au défunt Benae Mpecké, ancien chef du cabinet militaire de Biya, un grand pouvoir dans cet ordre initiatique et traditionnel. On croit que Titus Edzoa, l’emmuré vivant du Secrétariat d’Etat à la défense a été le gourou du président de la République dans l’ordre de la Rose-Croix. Beaucoup dans les cercles du pouvoir sont réputés être des ‘grands rosicruciens’
De fait, les inscriptions étant gérées à partir du Château d’omonville en France, d’où lui parviennent individuellement les monographies réputées l’aider à accéder à ‘la maîtrise de la vie’, il n’y a qu’un membre de cet ordre ‘bien en jambe’ dans la basse cour politique pour pouvoir dire s’il appartient à l’Amorc ou non.
Toutefois, l’on sait que depuis le début des indépendances, du moins pour la partie francophone, ce n’est ni feu Dayas, ni feu Benae Mpecke ou encore Titus Edzoa qui ont dirigé la Rose-Croix au Cameroun comme on le croit généralement. Tout au plus ont-ils été des moniteurs régionaux chargés d’aider les Grands Conseillers dans leurs tâches. Au Cameroun, les responsables nationaux ont été dans l’ordre : Meke Me Ze, Michel Kalla (décédés) ; Emmanuel Toco; David Mahop (décédé) ; Ndjeneck (Marcel ?), Lengue Malapa (l’actuel maire de Douala premier) ; Beke Onana et Martin Ibock. Ce sont là, successivement les représentants officiels à diverses époques de la Rose-Croix Amorc au Cameroun.
Révéler l’identité d’un membre
C’est en 1986 que la première grande convention de l’ordre fut autorisé et organisée au Cameroun, sous l’égide du Grand conseiller Emmanuel Toco. Le public eut ainsi l’occasion de découvrir ces hommes et femmes de l’ombre qui depuis 84, faisaient la pluie et le beau temps des cercles ésotériques au Cameroun, à coté de la franc-maçonnerie aujourd’hui bien en cours dans les sphères occultes du pays.
Toutefois, suite à plusieurs événements, la Rose-Croix Amorc (à ne pas confondre avec la Rose-Croix d’or du défunt journaliste Lucien Mamba) a perdu beaucoup de son lustre d’antan. En 2006 déjà, la presse camerounaise signalait des « démissions croissantes à la Rose-Croix ».
Dans une conférence de presse donnée à l’époque par Christian Bernard, l’actuel imperator mondial de l`Ancien et mystique ordre de la Rose-Croix (Amorc) n’avait pas voulu donner les noms des personnalités camerounaises membres de la Rose-Croix : « il n`appartient pas à quelqu’un de révéler l`identité d`un membre. Tout simplement parce que son affiliation est quelque chose de personnel et d`individuel », dira t-il avant de révéler que l’Amorc comptait environ 2000 membres, beaucoup moins que les années précédentes où on dénombrait environ 15000 surtout répartis dans Les ‘loges’, ‘pronaos’ et ‘chapitres’ de Yaoundé et de Douala.
Magie
La Rose-croix est présentée par ses responsables comme « une organisation philosophique et initiatique qui vise à transmettre à ses membres un ensemble de choses héritées du passé ». Elle se défend d’être « ni une secte, ni une religion, mais une organisation où les membres reçoivent un ensemble d`enseignements susceptibles de les aider matériellement et spirituellement ».
En 2007, l’ancien Grand conseiller Martin Ibock interrogé, dira que « l’Amorc ne fait pas de magie. Il s'agit d'une école de connaissance. Une école initiatique et traditionnelle qui a pour vocation d'initier ses membres à la sagesse primordiale, au mystère de la vie. On entend par là l'initiation aux lois ‘cosmiques’ qui régissent la création ».
Toutefois, en 2006 comme en 2009, chaque fois que Christian Bernard séjourne au Cameroun, l’opinion à tendance à croire que sa présence vise à obtenir des autorités la libération de certains de ses ‘membres’ (anciens ministres et Dg camerounais) emprisonnés pour divers délits.
Tout ceci part du fait qu’en janvier 1988, entre autres péripéties, feu Raymond Bernard, très proche de Biya, père de Christian et son prédécesseur dans la hiérarchie mondiale de l’Amorc s'installe à Yaoundé. Il y rédige la plupart des écrits qui serviront de base à l'établissement du futur CIRCES. De retour du Cameroun, Raymond Bernard fonde le CIRCES (Cercle International de Recherches Culturelles et Spirituelles), puis l'OSTI (Ordre Souverain du Temple Initiatique) où s’engouffrent sans discernement, de nombreuses personnalités. Il est vrai que les rosicruciens camerounais sont souvent l’objet d’une double emprise spirituelle et politique, parfois liée, dont il n’est pas aisé de se sortir
Ainsi, en 1994, notre confrère La Sentinelle dénombrait dans un gouvernement de 47 membres, 17 rosicruciens. A ces 17 ministres, il convenait d'ajouter le président Biya lui-même et Edzoa Titus, à l'époque Secrétaire général de la présidence de la République.
Passage obligé ?
Une présidence de la République où les rosicruciens étaient dit-on, légions : du chef d'Etat-major particulier du président Biya au feu général Benae Mpeke on ne les comptait plus, ces proches collaborateurs du chef de l'Etat membres de la Rose-Croix. Résultat : de nombreux Camerounais avaient fini par penser que le plus court chemin menant au gouvernement passait par une loge rosicrucienne !
Les temps ont pourtant changé. Il faut dire que les luttes d’influences au sommet entre le clan Christian et celui de son père Raymond, le schisme qui en découla avec la création du Cénacle de la Rose Croix SETI et les querelles doctrinales ont fini par éroder le ‘prestige’ attaché à cet ordre initiatique. A cela s’ajoute le coût des enseignements dispensés à travers les monographies par l’Amorc, au moment ou le Seti offre gratuitement les mêmes cours sur Internet. A cela s’ajoute, au Cameroun, la rumeur sur la démission du président Biya de l’ordre et l’embastillement de quelques membres influents égarés dans la politique et la crapule.
La Rose-croix Amorc a t-elle encore la même influence que dans les années 80 ? Rien n’est moins sur. Aujourd’hui, tout aspirant au cercle restreint du pouvoir est franc-maçon ou presque.
Source: Camer.be
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