Suzanne Bomback
“Excellence madame le ministre, il existe encore des problèmes qui empêchent la
femme de Mora d’émerger. Nous citerons entre autre les mariages précoces et
forcés, l’accès au crédit bancaire et l’excision de la jeune fille ”, déclare
ainsi Aboubakary Aïssatou, présidente du réseau des associations féminines de
cet arrondissement.
Irrités par les propos de cette dame, seuls les regards des lamibés (chefs
traditionnels) en disaient long dans leur loge.
N’étant pas habitués à voir une femme avancer de tels propos, des exclamations
ont immédiatement suivis. “ Depuis quand une femme comme celle-là dit des
énormités en publique et surtout devant les lamibés ? ”, s’indignent ainsi
quelques chefs traditionnels. Malgré les indignations de certaines personnes
madame le Minproff a été obligée de mettre de côté son discours pour s’intéresser aux problèmes posés par la
présidente du réseau.
Le problème qui l’aura le plus marqué est celui des mutilations
génitales féminines. Pour interpeller les chefs traditionnels de cette unité
administrative, le Minproff leur dira tout de même qu’elle est en mission
recommandée. Et pour ce faire, elle doit ramener une réponse au chef du
gouvernement qui attend de pieds ferme leurs avis sur
l’excision. “J’ai voulu qu’on cause en famille et qu’ensemble nous trouvons une
solution à ce problème de mutilations génitales féminines qui est courant dans
cette province. ”. Suzanne Bomback lance le débat. Pour sa majesté le lamido de
Même ce problème est banni depuis plus de trois ans. “De nos jours, on n’en parle
plus. Nous avons instauré une amende avec cinq ans d’emprisonnement pour ceux ou
celles qui exciseraient encore leurs jeunes filles ”. Une réponse qui,
semble-t-il n’a pas plu au ministre qui leur a demandé si cette femme marié et
responsable de son état peut se permettre vu la coutume de mentir publiquement.
“ Moi je crois qu’elle ne peut pas mentir. Il y a quelque chose qui se passe. ”,
embarrassé sa majesté le sultan de wandala (chef supérieur) s’est plutôt
enflammé contre la femme qui dans son discours a dénoncé ce phénomène. “Il faut qu’elles viennent nous
dire qui l’a fait. Quand bien même ce serait vrai, elle devait d’abord nous
signaler avant de le déclarer publiquement”.
Pour les autres chefs, cette pratique est courante chez les arabes choa. “ Voilà
le maire qui est à votre droite. Il peut vous dire. C’est chez eux qu’on
pratique l’excision et non ici ”. Vexée par les propos des lamibés, madame
Amasia présente au débat prend la parole pour ajouter de l’eau au moulin de sa
consœur. “
L’excision se fait encore dans
cet arrondissement. Mais les hommes ne le savent pas. Les mamans s’arrangent
avec leurs parents qui viennent exciser les enfants en l’absence de leurs pères.
”, confirme-t-elle. Une heure de temps après, le ton monte, la tension aussi. Le
Minproff réfute le démenti des chefs. “ Vous-même les hommes… (Rires) pouvez-vous
accepter qu’on vous rase du haut jusqu’en bas ?" Pour éteindre cette
flamme dans la salle, le préfet du Mayo Sava a tout simplement rappelé les chefs
à l’ordre. “
Ce n’est pas le moment de vous en prendre à celle qui dénoncé. Cherchez plutôt à
trouver cette piste et nous à notre niveau nous ne baisserons pas les bras
”, conclut
préfet du Mayo Sava. Après les trois heures passées dans la salle, aucune
réponse n’a été donnée au Minproff. Source :
La Nouvelle Expression
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