Taux d'abstention record pour les municipales partielles
En attendant les données officielles, il serait surprenant que le taux de
participation à ces élections municipales partielles atteigne les 35 % dans la
circonscription de Douala V. Un paradoxe, alors que la campagne électorale est
restée très animée jusqu'aux dernières heures de la nuit de samedi.
Illustrations : à 8h hier matin à l'école publique "La socialisation", un des
centres de vote situé à Kotto village, il y règne un silence de cimentière. Les
bureaux de vote ne sont pas encore ouverts, et l'enceinte de l'école est vide.
Pis, les listes sont invisibles. Dans la cour, certains présidents de bureaux de
votes déballent encore les cartons, comme pour rattraper le temps. Aux lycées de
Bonamoussadi et de Maképé, ainsi qu'à l'école publique de Bonamoussadi, vers
8h30, les bureaux étaient cependant ouverts et n'attendaient plus que les
votants, qui, eux, se faisaient attendre. Comme d'ailleurs quelques scrutateurs
de l'Union des populations du Cameroun (Upc), absents dans pas mal de bureaux de
vote.
Passée la fine pluie qui a arrosée la capitale économique le matin, on aurait en
effet cru que les habitants de la circonscription de Douala V n'étaient pas au
courant de la tenue des élections municipales partielles. Il fallait patienter
pendant près d'une heure, pour voir se pointer à l'horizon un ou deux électeurs
solitaires. Dans plusieurs des salles de vote, les urnes transparentes sont
restées quasiment vides jusqu'à midi. Seuls une dizaine d'enveloppes kakis y
étaient enfouies. "J'ai déjà fait quatre bureaux de vote et à midi, il n'y a
presque personne dans les centres. Le taux participation est très faible",
déplore M. Noé Essesse, président provincial de l'Organisation national des
droits de l'homme (Ondh). Ceci est d'autant plus vrai qu'au lycée de Maképé,
certaines urnes contiennent seulement deux enveloppes à cette heure de la
journée. Que se passe-t-il donc?
Sécurité
"On dirait que certains sont d'abord allés à l'église avant de penser au vote.
D'autres semblent avoir peur de tout cet arsenal sécuritaire déployé autour des
bureaux de vote, qui fait penser qu'il pourrait y avoir des affrontements entre
militants des partis en lice, comme ce fut le cas en juillet 2007. On attend de
voir si cette morosité persistera tout au long de la journée", témoigne Jacob
Kenfack, un militant du Sdf résidant à Bépanda. Dès les premières heures de la
matinée d'hier, dimanche 26 octobre 2008, la plupart des rues de la
circonscription de Douala V ont en effet été prises d'assaut par des policiers
et gendarmes armés jusqu'aux dents. Pour parer à toute éventualité, des cars
anti-émeutes se sont positionnés dans certains carrefours réputés "chauds" de
Douala V. Une présence particulièrement dissuasive, qui, selon certains,
pourrait expliquer la désertion des électeurs observée hier.
Par contre à Bassa, les bureaux de votes de l'Ecole Publique et du lycée de la
Cité des Palmiers ont ouverts leurs portes à temps, vers 8h. Tous les
mandataires des partis politiques en lice pour cette élection étaient dans les
bureaux de vote avec le représentant de l'Observatoire national des élections
(Onel). "Depuis ce matin, il n'y a pas encore eu d'incident. Les représentants
des partis politiques et de l'Onel sont présents", soutient un représentant de
l'Ondh. Mais la vigilance reste de mise. Les scrutateurs du Sdf et de l'Upc,
particulièrement, accompagnaient tous les votants du regard. "Il faut vérifier
qu'ils ne nettoient pas l'encre sur les doigts. Vous n'allez pas voter deux
fois…", avertit un mandataire du Sdf. Chose rare dans les autres quartiers, les
scrutateurs de l'Upc étaient omniprésents au collège de la référence à Pk 12. De
même qu'au collègue du soleil à Logbessou.
Côté organisation, l'encre était bien indélébile. Mais le principal problème
rencontré a été celui de l'identification des électeurs. Certains ayant des
récépissés de la carte nationale d'identité, et ceux ayant des passeports ont,
dans un premier temps, été interdits de vote. Ce qui a suscité la colère chez
certains votants et la mésentente entre les mandataires des partis politiques.
"La validité de mon récépissé été rallongée au commissariat du 12e. J'ai la
signature mais, on m'a interdit de voter sous prétexte que les noms de mes
parents ne sont pas mentionnés. Mon nom se retrouve sur les listes qu'ils ont en
leur possession…", se plaint un électeur inscrit au lycée d'Akwa nord.
A Bassa et à Bépanda, c'est le représentant de l'Onel et le préfet du Wouri,
Bernard Okalia Bilia, qui ont mis un terme à ces discussions. "Nous avons tenues
plusieurs réunions de travail au cours desquelles nous avons dit que le
récépissé c'est un moyen d'identification. Tous ceux qui refusent aux électeurs
de voter vont répondre de ce trouble. Ils s'exposent à des sanctions pénales" a
prévenu, le préfet du Wouri. Finalement, les seules pièces qui étaient refusées
sont les permis de conduire, les certificats de perte et les cartes
professionnelles.
Au moment où nous mettons sous presse, les premiers résultats laissaient
entrevoir un coude à coude entre le Sdf et le Rdpc. Les procès-verbaux des 371
bureaux de vote de la circonscription de Douala V, étaient en effet en train
d'être tous acheminés vers la sous-préfecture de cet arrondissement, qui va
centraliser l'ensemble des résultats. Lesquels seront probablement connus très
tôt ce lundi matin, 27 octobre 2008.
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