Lapiro, quand nous t'avons invité récemment à Bruxelles à la commémoration de la sixième édition de la semaine des martyrs du Cameroun en la mémoire des jeunes assassinés par le pouvoir en place en février 2008 au Cameroun, ta réponse tardive a inquiétée plus d'un. Quand nous avons voulu te prendre en direct au téléphone le 8 mars au cours de la conférence de Bruxelles, tu n'as pas répondu au téléphone. C'est depuis hier que nous avons compris que tu n'avais pas décroché ton téléphone pas parce que tu n'en voulais pas. C'était une façon de nous dire au revoir. Ndinga man, nous avons encore les larmes aux yeux. reposes toi en paix combattant.
Au mois de juillet 2011 quand tu arrives à Bruxelles et demande à nous rencontrer pour nous remercier, de cette rencontre, j’ai surtout retenu ton regard, un regard habité par l’angoisse, certainement l’angoisse nègre pour paraphraser Césaire… un regard las.
Cette lassitude m’avait inquiétée car comment ton regard, le regard d’un combattant de ton calibre pouvait il se lasser ?
Le moment était –il déjà arrivé de renoncer, de passer la main après avoir accompli ta part de devoir afin de ne pas jamais rompre le serment du devoir de génération ?
Et aujourd’hui, pendant que des milliers de voix s’élèvent à travers l’Afrique mais aussi à travers le monde pour te rendre hommage, à toi le martyr, je fouille dans ma mémoire afin que ton regard de héros qui tire sa révérence continue de nous illuminer sur le Cameroun et l'Afrique en général
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