Mayo-Kani : Des rites initiatiques sèment la terreur
(25/05/2009)
Cameroun: Ces pratiques Toupouri qui ont causé de nombreux dégâts la semaine dernière sont désormais proscrites.
Par Dieudonné Gaïbaï (Quotidien Mutations)
Des rites initiatiques sèment le désordre à Mayo-Kani.
Des rites qui ont gagné en intensité ces dernières semaines à la faveur d'un regain d'intérêt de la communauté Toupouri pour ces séances qui avaient jusqu'ici fait la spécificité de ce peuple baroudeur et envié pour ses qualités athlétiques particulières. Mais les contours pris par ces rites la semaine dernière ont occasionné de l'avis des autorités administratives, " de nombreuses atteintes à l'ordre public ".
Parce que selon nos sources, dans la perspective d'intéresser tous les Toupouris à ces rites, des séances de traque des non-initiés ont été mises en œuvre. Des affrontements ont donc tôt fait de naître entre les non-initiés et les initiés. Et c'est à l'aide des coups de bâtons et machettes que l'invite au rite " Gorni" a été faite. Au terme des affrontements violents, de nombreux blessés ont été enregistrés. Des cas de fractures ont aussi été signalés dans les hôpitaux et les centres de santé. Dans cette furie des initiés, les chapelles et temples de plusieurs obédiences ont été détruits.
Initiés
Une situation somme toute normale pour quelques dignitaires Toupouri pour qui, " le Gorni est un rite initiatique assez particulier pour les Toupouris. Nous estimons que tout les toupouris doivent faire ces rites. Et pour inciter les gens à subir ces rites, les initiés doivent démontrer la puissance de la personne initiée à travers des actes de bravoure. " Des actes qui ont eu des conséquences physiques et matérielles dommageables pour de nombreuses personnes.
Et c'est pour tordre le cou à ces pratiques que le Préfet Joseph Otto Wilson a signé un arrêté interdisant les rites d'initiation dans les villages Toupouri situés dans le département du Mayo-Kani pour trouble à l'ordre public, voies de fait et violations des droits de l'homme. L'arrêté invite par ailleurs les sous-préfets, les chefs traditionnels et les forces de maintien de l'ordre à faire respecter cette décision. Une décision des plus controversée, en raison de l'hostilité des chefs Toupouri à faire appliquer cette mesure.
Pour eux en effet, " les rites initiatiques en question sont culturels. Les Toupouris doivent s'y faire. Est-ce que les Toupouris se sont plaints de cet état de choses. Il ne faut donc pas que les gens se substituent à nous pour décider quoi que ce soit. Nous ne sommes pas d'accord. Et il faut que le Préfet réajuste sa position " a indiqué un des chefs traditionnels toupouri qui a requis l'anonymat. Des chefs qui doivent d'ailleurs prendre part à une réunion de concertation avec le Préfet à ce sujet ce lundi dans l'arrondissement de Guidiguis. Une localité réputée être le terreau de ces pratiques.