Les tribulations d'une jeune séminariste de Jacques Fulbert Owono
Comme l'indique le titre, l'auteur questionne la place et la pertinence de
l'église actuelle par rapport aux réalités du nouveau millénaire mais aussi face
aux besoins de jeunes ayant besoin de repères et de certitudes dans le
quotidien.
Récit autobiographique sur ses 16 années passées au séminaire, Jacques Fulbert
Owono pose aussi la question de la légitimité de l'église dans les sociétés
africaines, aborde le statut de la femme et de l'homme noir, et les sujets
brûlants tels que la sorcellerie. "Je dirais que l'idée m'est venue d'écrire
ce roman afin de susciter un débat constructif sur le rôle de l'Eglise en
Afrique. Partant de mon expérience personnelle, j'ai voulu éviter deux attitudes
qui sont malheureusement courantes chez mes frères Africains : la résignation,
voir le silence complice devant le mal, les injustices - on se contente de tout
remettre entre les mains de Dieu, comme si Dieu avait besoin d'offrandes faites
d'aveu d'impuissance - et la contestation aveugle, faite de révolte stérile,
d'insulte, de haine, etc.. Plus que la voie des injures, j'ai voulu favoriser
celle du débat. Et parce que nos sociétés africaines ne peuvent s'émanciper
véritablement que si le débat public est suscité, encouragé et soutenu. C'est la
pierre de voûte, la statue chryséléphantine de toute société moderne qui se veut
démocratique. Et nous, les jeunes d'aujourd'hui, il nous revient de nous poser
la question de savoir sur quel socle voulons nous bâtir l'avenir de l'Afrique?
Quel héritage voulons-nous léguer à nos enfants? Serions nous assez forts,
toujours assez courageux pour aller en guerre contre toutes les formes
d'injustice et de non-liberté qui empêchent notre peuple de se réaliser
pleinement et activement ?".
L'auteur a choisi de faire de son roman un récit linéaire qui prend ses origines
aux onze ans du personnage principal qui abandonne presque tout pour répondre à
l'"appel du Christ". Déchirement entre convictions personnelles et pressions
familiales, il y décrit sa certitude d'avoir fait le bon choix jusqu'à, 16 ans
plus tard connaître le vrai déchirement avec son renvoi du grand séminaire à
quelques mois de son ordination diaconale. Commence alors une descente aux
enfers pour celui qui ne peut plus être prêtre et qui se trouve alors mis au
ban. Il sera sauvé par une bonne samaritaine, samaritaine qui, ironie du sort,
était musulmane.
L'Eglise est-elle ce qu'elle prétend être ? A-t-elle sa place dans nos sociétés
africaines ? Répond-elle aux besoins des jeunes ? N'a-t-elle pas besoin de
conversion ? L'auteur met avec "Les tribulations d'un jeune séminariste" le
doigt sur des points sensibles qui ont toute leur place dans une société où le
catholicisme ne convainc plus et ouvre la voie à la prolifération des églises
évangeliques avec de nombreuses dérives, ainsi qu'à l'Islam qui compte
aujourd'hui aux dires du Vatican plus de fidèles que l'église catholique.
Lire quelques extraits du livre et quelques critiques.
Jacques Fulbert Owono, Les tribulations d'un jeune séminariste, coll. Ecrire l'Afrique, 21,50 euros, 230 p. harmattan, sept 2009
|