Accès refusé aux prêtres à Kondengui
D'après nos informations, la messe catholique n'a pas eu lieu hier dimanche 21
septembre 2008 à la prison centrale de Yaoundé Kondengui.
Une tradition pourtant, dans ce pénitencier. De source religieuse en effet,
depuis deux semaines, le régisseur aurait pris une mesure d'interdiction de
l'accès de la prison aux prêtres, aux religieuses et aux séminaristes. D'après
les même sources, cette mesure ne concerne pas les pasteurs et les Imams et ne
viseraient que les serviteurs de l'Eglise catholique.
Joint au téléphone hier après-midi par Le Jour, le régisseur, Francis Lebule
Nkemanda apporte un démenti. "Je n'ai pas interdit les messes à la prison",
affirme-t-il. Il reconnaît cependant que des mesures de restrictions ont été
apportées aux mouvements des prêtres, des sœurs et des séminaristes à
l'intérieur de la prison centrale de Kondengui pour diverses raisons : "On s'est
rendu compte que certains religieux faisaient entrer frauduleusement des objets
interdits dans la prison. Nous avons pris des mesures visant à mettre fin à
cette fraude." Le régisseur de la prison de Kondengui précise par ailleurs la
nature des restrictions : "Il est désormais interdit aux religieux d'accéder aux
quartiers. Ils peuvent entrer dans l'enceinte de la prison les jours et les
heures de messe. Mais doivent en ressortir immédiatement après. C'est une mesure
de sécurité que l'on prend dans le but de mieux sécuriser notre prison. Elle se
situe en droite ligne des opérations de fouille qui ont eu lieu récemment."
Nos sources religieuses persistent : "Il n'y a plus de messe, ni de confessions
et de direction spirituelle pour les prévenus et les condamnés", déplore sous
anonymat un religieux. Plus grave, insiste-t-il, les grabataires et les malades
du "Kosovo", quartier populeux de la prison, sont privés de l'assistance des
religieux : "Les malades du Vih Sida n'ont plus d'assistance, la distribution
des antirétroviraux est perturbée. Il y a une rupture du protocole de soin chez
beaucoup de patients", regrette le religieux. D'après nos sources, des décès ont
été enregistrés samedi dernier.
En fait, d'après des indiscrétions glanées par Le Jour, l'ancien secrétaire
général de la présidence e la République, Jean Marie Atangana Mebara et
l'ancien ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono seraient les
principales cibles de ces entraves aux allées et venues des religieux
catholiques à l'intérieur de la prison centrale de Kondengui. On prête à ces
deux personnalités des amis dans le clergé. Les deux anciens ministres sont en
effet connus pour leur proximité avec l'Eglise catholique, qui aurait souvent
bénéficié de leurs largesses.
Pour mémoire, on rappelle la générosité dont a fait montre l'ancien ministre de
la Santé publique lors de la Journée mondiale des malades organisée par l'Eglise
catholique. Au compte du ministère de la Santé, il avait fait débloquer une
somme de 100 millions Fcfa pour les festivités auxquelles avait pris part un
émissaire du pape. Les habitués de la basilique de Mvolyé et du monastère du
Mont-Fébé se souviennent de l'assiduité de Jean Marie Atangana Mebara au culte
de 6h chaque matin. Peu avant son interpellation, la presse s'était fait l'écho
de tractations en coulisse menées par de hautes autorités de l'Eglise catholique
pour prémunir l'ex Sg de la présidence des foudres de l'Opération épervier.
Les mesures restrictives à l'encontre des prêtres à la prison de Kondengui
mettraient ainsi en avant la volonté du pouvoir de couper ces anciens ministres
d'éventuels confidents. Même si le régisseur n'y voit qu'une banale mesure de
sécurisation de la prison.
Source : Le Jour
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