Pour les usagers de l’hôpital Laquintinie de Douala, une chose demeure, c’est une institution hospitalière qui fourmille de monde à tout moment de la journée. Depuis lundi dernier, jour de déclenchement de la grève des transporteurs à Douala, le guichet de cet hôpital est pratiquement vide, plus de rang. Idem pour les autres institutions sanitaires publiques de la métropole économique. "La direction de l’hôpital a demandé de laisser ouvert le portail et de surseoir à tout contrôle de billet d’accès", a indiqué un jeune homme à l’entrée principale de l’hôpital Laquintinie Non loin de là, aux urgences, point de chute des familles, le personnel présent s’active tant bien que mal à redonner espoir aux blessés.
"Rien à faire, nous sommes débordés par la vague de blessés, de malades…", a confié le major des urgences de l’hôpital Laquintinie où, toutes les vingt minutes, une ambulance ou un véhicule des forces de l’ordre vient laisser un blessé. "Depuis ce matin, nous avons enregistré un cas de mort par balle et de nombreux blessés", a-t-il ajouté avant de répondre à un appel de détresse. A l’hôpital de district de Deido à Douala, c’est quasiment la même ambiance. "C’est presque l’accalmie depuis hier [mercredi 27 février] contrairement aux premiers jours. Les blessés arrivaient sans cesse sans oublier les autres malades en interne qui nous sollicitent également", expliqué Norbert Ndiyé, surveillant général. Jusqu’à hier, l’hôpital Laquintinie de Douala avait reçu plus de la centaine de blessés, l’hôpital de Bonassama, une cinquantaine et l’hôpital de Deido une vingtaine.
Une fois n’est pas coutume, pour un meilleur accueil des "blessés de la grève", la direction de l’hôpital Laquintinie et de l’hôpital de district ont pris des dispositions. "Une fiche de prise en charge des blessés a été ouverte, il s’agit de les recevoir sans toutefois rien exiger d’eux", a expliqué Géremie Sollé, directeur de l’hôpital Laquintinie. Des déclarations confirmées par des garde- malades. Egalement, tous les médecins, chirurgiens, anesthésistes, généralistes… ont été réquisitionnés depuis le début de la crise. "Je suis là depuis lundi et je ne sais pas quand je retrouverai ma famille", a déclaré Hervé Moby, chirurgien. A l’hôpital de district de Deido, les médecins et les infirmiers travaillent selon un planning bien établi. "Chaque équipe passe vingt- quatre heures avant de se faire remplacer", a déclaré Norbert Ndiyé.
Face aux difficultés de transport dans la ville, les médecins en service au Samu arrivent le matin à bord de leurs ambulances qui font le ramassage du personnel. Idem pour celui de l’hôpital Laquintinie et de district de Deido. Certains à bord de leur véhicule sont escortés mitraillette au poing par des éléments des forces de l’ordre. "Il fallait bien que ça se passe ainsi car nos ambulances et nos véhicules étaient devenus la cible des manifestants", a souligné Norbert Ndiyé. Du coté du Samu, l’on regrette surtout les nombreux cas d’appels fantaisistes de la part des populations. Dans ces institutions hospitalières, la grosse crainte actuellement c’est de voir le stock de médicaments s’épuiser compte tenu de la forte demande. Aussi, les anciens malades se plaignent d’avoir été délaissés au profit des "blessés de la grève" ce qui traduit de toutes les façons un manque de médecins en cette période de grève.
Source: Quotidien Mutations
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