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Les factures d’Aes-Sonel
(16/02/2009)
La crise de l’énergie, plus particulièrement électrique, ne frappe pas uniquement le Cameroun. Le Kenya, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud et de nombreux autres pays africains, vivent de manière cyclique, les inconséquences politiques dans la gestion de ce secteur.
Par Suzanne Kala Lobé

Mais la manière dont ces désagréments sont gérés par les populations africaines est un indice de comportement social, qui pourrait expliquer bien des atavismes.

Les regards de ce lundi 16 février, se saisissent d’un incident anodin, une facture trop lourde. Une coupure intempestive, pour vous proposer une réflexion sur les us et coutumes de la société camerounaise et surtout sur l’état d’avancement de la culture de combat.

Il était donc une fois une situation.

Tout était sombre et noir. Tout sombrait dans le noir et l’obscurité. Les lampes tempêtes avaient repris du service, la maladie du sommeil aussi. Les moustiques en profitèrent et la malaria augmenta. Mais tout cela ne semblait pas gêner les habitants de la ville de Douala car tous et toutes vaquaient à leurs occupations sans penser à demain. C’est ainsi qu’au fil des ans, une culture de la non-intervention a fini pas s’installer chacun estimant qu’il avait mieux à faire qu’à poursuivre Aes-Sonel ! Ou n’importe quelle autre multinationale. Il sera question ici, de revenir sur cette spirale du silence et du laisser-faire qui peut à terme conduire à la paralysie un pays riche, pourtant doté d’intelligences et de talents.

Les coupures d’électricité ne sont plus ce qu’elles étaient certes. Mais le trouble qu’elles provoquent a changé d’ampleur et les dégâts avec .Ce qui a aussi changé par contre c’est la façon de gérer ces secousses telluriques que provoquent les dysfonctionnements de l’auguste société. C’est l’indifférence dans laquelle elles ont fini par plonger la plupart des habitants du Cameroun, comme si le développement n’était qu’une prime à la pauvreté. En quelque sorte, le continuum vécu au quotidien, est devenu le lot normal d’un être socialisé vivant sous les tropiques.

Alors Aes-Sonel, comme d’autres entreprises au Cameroun, malgré des communiqués tonitruants pour prévenir ici ou là, n’en fait qu’à sa tête. Et oublie la gestion de proximité au cas par cas. Et les factures tombent sur la tête des consommateurs comme un coup de massue. Les montants sont si exorbitants pour certains que l’on se demande comment on a pu en arriver là. Mais n’allez pas vous plaindre à votre agence : le chef vous renverra à votre compteur pour que vous regardiez si l’index est égal ou supérieur à… En somme, on vous baladera d’un bureau à l’autre, traînant les pieds, essuyant des quolibets, pestant de rage, pour vous retrouver de toute façon avec une coupure à la clé et des frais de coupures en plus.

Ce quotidien de nombreux Camerounais, est à l’image au fond d’un pays où l’on tourne en rond et où plus personne ne refuse des situations insoutenables, parce que l’extraordinaire est la règle, tandis que le “ normal ” sort des gonds. L’actualité, il est vrai a été animée par des faits d’une certaine importance, mais dont les éléments ne sont pas symptomatiques d’une évolution, des mœurs, des cultures, des attitudes et même des mentalités. En dehors de deux phénomènes récents, à savoir l’élection d’Obama et la reprise de la guerre à Gaza, les événements qui secouent le monde ne sont que des effets d’une cause structurelle, de la crise qui est protéiforme. Alors tandis que l’on discute des grands enjeux du monde, tandis que toutes les rédactions se préparent à recevoir le Pape, tandis que la Fecafoot cherche ses dirigeants et qu'Eto’o fils est le sixième joueur le mieux payé au monde, que vaut une chronique, sur les factures de Aes-Sonel ? Un événement périphérique, un microphénomène auquel d’ailleurs le tout venant s’est habitué. Un de ces dérangements qui structure inconsciemment les Camerounais et les conforte dans la passivité ou la non-résistance : un fatalisme, qui frise le suicide collectif et une indifférence qui devient pathologique. Un événement qui est vécu chaque mois, par les abonnés, au nombre insignifiant, de la société d’électricité, un dérangement qui est devenu une habitude.

Dans un pays où les choses se dérèglent, chacun a fini par accepter l’impossible, pour vivre et survivre quand même. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Pourquoi, est-il impossible de créer la rupture, de dire non ! Non, aux désastres d’une urbanisation que l’on essaye seulement aujourd’hui de rattraper. Non, à la torture de factures sans significations. Non aux salaires dérisoires qui ne sont même pas des revenus. Pourquoi ? Pourquoi est-il si difficile au Cameroun de dire non ? De refuser, de se battre ? Pourquoi le discours de combat s’est-il enfermé dans une simple déclaration d’opposition à un système sans aucune conséquence de lutte, ni de combat ? Parce que d’une société de développement qu’aurait dû être le Cameroun, les habitants sont devenus des consommateurs : consommateurs de mots, de la rage des autres, consommateurs de la violence envers l’autres , des normes et des règles et vivant par procuration. Pour bon nombre de Camerounais, il y a toujours quelqu’un qui est délégué pour régler le problème qui se pose au moment x…

Comme par exemple la question des factures d'Aes-Sonel. Exorbitants. Avec des employés sans aucune considération pour le confort des clients. Avec une administration lourde et sans pitié pour ses consommateurs. Avec par-dessus tout, des coupures à géométries variables pour condamner encore plus les pauvres et les populations rurales à vivre en pointillé. Après la levée de bouclier qui marqua l’arrivée des Américains dans le capital et la gestion de la puissante société d’électricité, il y eut comme un calme. Mais les gens grinçaient des dents. A dénoncer les montants fantaisistes des factures. La barbarie dans la gestion des impayés. Aes-Sonel, toute à sa communication de spectacle, ne se souciait pas au fond d’assouplir sa gestion. Non : la méthode des coupures intempestives continue et la lourdeur administrative pour toute plainte, empêche la transparence de gestion. Les factures vont bon train, la passivité avec. Faut-il donc mettre Aes-Sonel sous tension, pour provoquer une décharge ? Allez savoir ce qu’une simple facture peut provoquer !




Source: La Nouvelle Expression


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