Paul Biya, président en exercice de la Cemac
C’est le 25 avril 2007 que le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby Itno avait solennellement remis, comme le veulent les usages, le drapeau de la Cemac à Ephraïm Inoni à N’Djamena, à l’issue des travaux du 8ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de cette organisation sous régionale. Le Premier camerounais recevait ainsi le flambeau au nom du chef de l’Etat qu’il représentait à ces assises de la capitale tchadienne et qui devait donc assumer la présidence de l’organisation pour la période 2007-2008, conformément au calendrier de rotation en vigueur.
C’était au terme d’un sommet qui avait vu la Cemac apporter un certain nombre d’innovations à son fonctionnement, avec l’approbation par les chefs d’Etat et de gouvernement présents, du rapport d’étape du comité de pilotage des réformes de l’institution. Le pilotage de la Cemac passait ainsi d’un secrétariat exécutif pour une présidence de la Commission, avec des commissaires représentants les différents Etats, dans le modèle de l’Union africaine.
Un certain nombre de missions étaient par la même occasion dévolues au nouveau président en exercice de la Cemac.
L’une des plus urgentes au regard du calendrier international était le suivi des négociations des accords de partenariat économiques (Ape) entre l’Afrique centrale et l’Union européenne (Ue). Un accord qui devait, selon le calendrier établi avec l’Ue, devait intervenir avant le 31 décembre 2007. La première difficulté est née de la caractéristique même des pays de la sous région. Si le Cameroun, le Gabon et le Congo sont dits à revenus intermédiaires, le Tchad, la Guinée Equatoriale et la République Centrafricaine, figurent toujours au rang des pays les moins avancés (Pma). Ce qui a constitué une première difficulté aux négociations engagées pour l’aboutissement à la signature des Ape. Finalement, les pays de la Cemac ne purent parler d’une seule voie, et seul le Cameroun dans ces négociations avec l’Union européenne et seul le Cameroun parvint à la signature d’un accord intermédiaire le 17 décembre 2007.
Toujours sur le plan des réformes économiques, le Cameroun avait pour mission de suivre celles relatives aux tarifs extérieurs communs, notamment les tarifs douaniers qui selon des sources dignes de foi, devraient connaître une baisse allant de 30 % à 20 %. Une mesure semblait vouée à l’échec au départ, la mesure ayant fait l’objet de rejet de la part de la plupart des Etats membres.
Un échec de la présidence camerounaise qui s’ajoutait à celui lié à la libre circulation des personnes et des biens, dont le début était fixé au 1er juillet 2007, et qui a été renvoyé pour plus tard. A ce sujet, Antoine Louis Ntsimi, le président de la Commission de la Cemac indiquait la semaine dernière qu’ " Une feuille de route consensuelle qui reviendrait à étaler sur 18 mois, une série d’actions " allant dans le sens de la mise en route de cette circulation des personnes et des biens.
Le passeport Cemac, prévu pour entrer en vigueur en juillet 2007 également a été renvoyé à plus tard. On parle de plus en plus d’une entrée en vigueur graduelle, rien n’ayant été fait pour l’adapter aux normes internationales qui exigent de plus en plus un document biométrique.
L’autre dossier sur lequel les chefs d’Etat et de gouvernement devront à nouveau plancher au cours de leur séjour à Yaoundé est celui de la création de la compagnie aérienne communautaire Air Cemac pour laquelle le vol inaugural était prévu en mars 2008. Une compagnie dont le lancement est de plus en plus hypothétique.
L’autre fait majeur de l’échec de cette autre présidence camerounaise de la Cemac a été marqué par la quasi absence du chef de l’Etat camerounais sur le terrain diplomatique dans la sous région, et notamment dans la crise tchadienne qui a connu un nouveau développement en février dernier, et même dans cette énième rébellion qui empêche Idriss Deby Itno de prendre part aux travaux de Yaoundé. Même absence du numéro dans la crise en Rca où le " doyen" Omar Bongo Ondimba a encore dû jouer " les sapeurs pompiers " pour parvenir à un accord entre le gouvernement et les rebelles centrafricains.
C’est donc une Cemac qui doit repartir de zéro qui sera confié dès demain à François Bozizé, le président centrafricain.
Source: Quotidien Mutations
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