Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, c’est l’arrondissement de Bogo qui a permis de franchir le rubicond de ces attaques qui n’ont pas quitté les routes des principales villes du septentrion, mais qui se sont étendus aux résidences privées. A Mokodos par Guinlaye, localité du département du Diamaré, les bandits se sont introduits d’après les informations obtenues au Bataillon d’intervention rapide dans la résidence d’Alhadji Hamidou. Autour d’une heure du matin, ils ont molesté et bâillonné les membres de la famille, avant d’emporter une importante somme d’argent et des effets vestimentaires.
Informés de l’intrusion d’un gang de bandits dans la résidence d’Ahadji Hamidou, quelques voisins du commerçant vont venir aux nouvelles avant d’alerter le Lamido Hamadou Ousmanou de Bogo. Lequel va prendre langue avec le sous-préfet Abdoulaye Oumarou. Le chef de terre va ainsi alerter les éléments du bataillon d’intervention rapide postés à Bogo, ceux des brigades de gendarmerie de Bogo et Maga et les douaniers de faction à Guirvidig.
Au cours du quadrillage du terrain, les éléments du Bir vont abattre Oumarou Siama non loin de son domicile de Guirvidig (arrondissement de Maga) qui faisait partie du gang. Deux autres brigands vont être rattrapés au cours de la course folle qui s’est engagée. Parmi ces derniers, le chef traditionnel de Waka dans le canton de Djiddel. Adamou Aguilaïni est passé aux aveux complets après avoir été dévisagé. Il a indiqué rapporte Yerima Dalil, interprète, " que le gang était constitué d’onze personnes et qu’ils ne détenaient sur eux qu’une partie de l’argent et des effets emportés. ".
On apprendra que le chef traditionnel au moment de son arrestation détenait 412.000 Fcfa, de même qu'Abderahmane son compagnon d’infortune attrapé avec une mallette contenant 400.200 Fcfa et des effets vestimentaires. Toutes choses qui ont été récupérées par les forces de maintien de l’ordre.
Quelques jours plus tôt, c’est une bourgade du département du Mayo Louti dans la province du Nord qui accueillait les ravisseurs. A Lawol un père de famille et ses deux enfants ont été abattus par les ravisseurs qui n’ont pu être satisfaits. Il a fallu l’intervention du Bataillon d’intervention rapide qui a pu se déployer dans la zone et récupérer quatre autres otages. Cette action fait suite à une autre scène d’enlèvement opérée dans le département du Mayo-Kani non loin du village Mbrodong. Ici dix camerounais ont été égorgés par les ravisseurs qui exigeaient d’après les chefs traditionnels du coin, près de 22 millions de Fcfa.
Ces attaques qui se multiplient à profusion ces derniers jours et dont l’énumération reconnaissent les responsables du 3ème Bir ne saurait être exhaustive. La situation géographique de la partie septentrionale, participe à la multiplication des actes de grand banditisme. Surtout que les pays voisins sont loin d’être des fleuves tranquilles. C’est ainsi que, les départements du Logone et Chari, du Mayo Danay et du Diamaré dans la province de l’Extrême Nord ; de la Benoué et du Mayo-Rey dans le Nord sont sujettes à des attaques des bandes en provenance du Tchad. Elles sont constituées des éléments des forces rebelles en quête de pitance quotidienne, mais aussi des bandes spontanément constituées. Le Mayo Sava, le Mayo Tsanaga et de nombreuses localités de la province du Nord sont pour leur part, les principales victimes des groupes structurées qui sont basées au Nigeria.
Ces bandes procèdent par des enlèvements, des séquestrations, des assauts sur les routes et dans les résidences privées qui se soldent le plus souvent par mort d’homme. Dans un environnement où la précarité est la règle, les brigands bénéficient des complicités au sein des populations. Les chefs traditionnels n’échappent malheureusement pas à cette constante. Ils servent de boussole, prennent la mesure des marchés à bétail, organisent les agressions…
Face à cette situation qui se dégrade au quotidien, le Bataillon d’intervention rapide, unité en charge de lutte contre le phénomène des coupeurs de route use de méthodes éprouvées. Les mouvements des éléments sont maîtrisés, les coupeurs de route développent des stratégies originales, tenant à l’implantation de leur base dans les pays voisins. Une fois les opérations réalisées, ils s’efforcent de rejoindre la frontière, où les risques sont moindres. D’où l’urgence d’une coopération accrue entre les armées des pays voisins. Une coopération clamée, mais qui ne se matérialise pas sur le terrain.
Source: Quotidien Mutations
|