Le déguerpissement n'est que partie remise pour les commerçants à Douala
Tous se bousculent pour prendre un taxi.Certains s’arrêtent pour faire quelques “ courses ” chez les petits commerçants. Ces derniers sont presque aussi nombreux que les usagers. La nuit se rapproche à grands pas, mais c’est maintenant que leur business commence. Il y en a pour tous les goûts, pour toutes les modes et même pour tous les prix. Les vendeurs de chaussures ont la palme d’or. Ils sont présents sur chacune des artères qui desservent le carrefour. Une grande partie de l’unique station d’essence située à cet endroit est occupée. Les autres vendeurs à la sauvette proposent des vêtements. Le seul problème, c’est que tous les trottoirs sont occupés. Difficile pour les piétons de circuler. Ndokoti ressemble de nouveau à un capharnaüm.
Mais, ce n’est pas l’unique endroit où, après des déguerpissements, les petits commerçants reviennent. Au marché Central, les vendeurs du “ Gazon ” refusent également de mourir. En ce moment, à cause des travaux de réhabilitation de la route, les quelque 500 vendeurs de médicaments ont été obligés de procéder à “ des petits changements ”. Certains ont replié à l’intérieur du marché ; d’autres continuent de vendre près de leur ancien site, leurs marchandises posées sur de petites étables.
Résistance, pour la survie
Presque à tous les endroits de la capitale économique où la Cud a déguerpi des commerçants, ils sont de retour. Même au boulevard Ahmadou Ahidjo, quelques vendeurs de vêtements et de chaussures se sont réinstallés. “ Où voulez-vous que nous allions ? Il n’y a pas d’espace. Et en plus, à cause du déplacement, nous risquons de perdre nos fidèles clients ”, avance un de ces vendeurs à Akwa. Pour eux, “ la résistance est le seul moyen pour survivre ”. Vendeuse de chaussures pour femmes à Ndokoti, Laure renchérit : “ Si nous ne nous plaçons pas en bordure de route, il sera difficile de vendre car les consommateurs ont de la peine à faire leurs courses à l’intérieur des marchés à certaines heures. Et dans la journée, la plupart sont occupés par leur travail ”. La politique consiste donc à rester le plus près possible des consommateurs. Et le meilleur endroit pour leurs business, selon eux, est de s’accaparer le trottoir.
Le constat est là. L’activité de vente sur les trottoirs a repris de l’ampleur, même si les étals n’existent plus. L’on avait pourtant pensé, le 2 février dernier, que leur déguerpissement allait changer les choses. Fritz Ntonè Ntonè, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala (Cud), déclarait alors à l’époque que “ toutes les mesures seraient prises pour assainir Ndokoti et les autres grands centres commerciaux à long terme (…) Nous allons poursuivre notre action. Il n’y a pas de risque que les personnes déguerpies reviennent s’installer ”.
Cinq mois après, les faits ne lui donnent pas raison. Pour l’instant, ses services semblent oublier les commerçants récalcitrants. La Cud est plus préoccupée par les grands travaux routiers. Même ses agents facilement reconnaissables à leurs gilets de couleur orange se font de plus en plus rares. “ Quelques fois, ils font une descente, mais le lendemain, nous revenons ”, raconte Armand, un vendeur de vêtements. Loin d’être plus forts que le délégué du gouvernement, le retour persistant de ces commerçants sur les trottoirs montre l’incapacité de l’Etat à gérer l’après déguerpissement, en proposant notamment une alternative pertinente aux gagne-petit.
Source: Le Messager
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