Dans un communiqué envoyé dans les différentes rédactions, les chefs sawa sous la conduite de Din Dika Akwa III du canton Akwa tiennent à exprimer " leur vive préoccupation quant au malaise quasi permanent que certains compatriotes tendent à entretenir à Douala relativement à la paix et à l’ordre public ". Des manifestations qui de leur avis font projeter de cette ville, " l’image fort regrettable d’une métropole en proie à l’agitation incessante ".
Les représentants de l’autorité traditionnelle dénoncent notamment ces " nombreux habitants " qui " développent des comportements et des actes de désordre urbain hautement préjudiciables à la qualité de la vie dans notre cité ".
Une récurrence de la violence et du désordre qui sont nuisibles selon eux tant au " développement de Douala, que ses habitants appellent de tous leurs vœux, qu’à la cohabitation harmonieuse de ses diverses et riches composantes sociologiques… "
Pour conclure leur sortie, les chefs sawa invitent tous ces fauteurs de trouble " à respecter scrupuleusement (leurs) valeurs cardinales que sont la paix, l’ordre et la convivialité, garants du progrès, du bien-être et d’une intégration réussie ".
Même s’ils ne le disent pas implicitement dans leur déclaration, on voit bien que la déclaration de l’autorité traditionnelle sawa ne vise ni plus ni moins que les différents manifestants qui prennent depuis quelques temps d’assaut, les rues de la capitale économique dans le cadre de marches pour protester contre la modification de la constitution. Douala a en effet été le théâtre la semaine dernière de deux événements de ce type. D’abord, la marche organisée par le Sdf à la suite de la conférence de presse donnée par John Fru Ndi, le président de ce parti mardi dernier et la marche initiée par Mboua Massok samedi 16 février 2008. Des manifestations qui se déroulent nonobstant l’interdiction signée il y a un mois par le gouverneur du Littoral Francis Faï Yengo.
La sortie des chefs sawa intervient également comme une prise de position de ces autorités traditionnelles dans le débat en cours dans notre pays. Une prise de position qui risque d’avoir peu de chances d’être suivie d’effets dans une ville de Douala souvent présentée comme la plus cosmopolite du Cameroun et où les populations dites allogènes apparaissent aujourd’hui comme constituant la majorité de la population.
S’il faut saluer l’appel des chefs traditionnels sawa comme un appel à la sérénité dans la ville de Douala, on ne peut pas manquer de remarquer que toute cette agitation ne connaîtrait sans doute pas cette ampleur s’il n’y avait pas eu la décision d’interdiction prise par le gouverneur, et le déploiement disproportionné des forces de l’ordre chaque fois que des populations ont voulu indiquer leur position dans un débat pourtant ouvert par le chef de l’Etat sur la révision constitutionnelle.
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Source: Quotidien Mutations
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