Le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a noté avec
stupéfaction la déflagration judiciaire, le 02 décembre 2008, du cas de
diffamation opposant le journal Aurore
Plus et la Commercial Bank of Cameroon (CBC) du groupe Fotso, cible d’une
série d’articles incendiaires dudit journal et de son directeur, Michel Michaut
Moussala, depuis plusieurs mois.
Dans son édition du 28 novembre 2008, sous le titre
« Secteur bancaire : La CBC en faillite »
(en pages 6 et 7), le journal affirme que cette banque à capitaux camerounais
est, depuis le 27 novembre 2008, sous administration provisoire ; qu’elle
présente un solde cumulé de XAF 59 milliards [de francs Cfa] de créances
compromises ; et qu’un certain Georges Djadjo, ancien responsable dans le
groupe, a pris la fuite avec la somme de XAF un milliard deux cents millions
puisés à la CBC.
Ces informations sont entièrement fausses et affabulatoires : elles sont
démenties par la CBC et l’autorité sous-régionale, la Commission Bancaire de
l’Afrique Centrale (COBAC), mais n’ont pas fait l’objet de rectification dans le
journal, ainsi que l’instruit la déontologie.
Au contraire, dans son édition du 05 décembre 2008, le journal
Aurore Plus, non content d’avoir
asséné un coup de semonce sans précédent à la CBC - provoquant notamment des
retraits de fonds inhabituels de la clientèle de cet établissement -, s’acharne
sur le patron du groupe, Yves-Michel Fotso, qu’il qualifie de « banquier
véreux », s’en prenant, du reste, à « Une
meute de journaux payés contre Aurore Plus » pour avoir osé en rendre
compte.
Dans la même édition et nonobstant un procès en diffamation intenté par le
groupe, le journal, haineux, enjoint
« Tout épargnant averti [à] retirer son argent sur le champ. Vous êtes des
patriotes dignes, écrit-il. En fait,
le moins qu’on puisse dire c’est que la COBAC est complaisante et a mis en péril
les dépôts des clients ».
En rappelant sa position en faveur de la dépénalisation du délit de presse
au Cameroun, le SNJC tient à condamner avec la dernière énergie cette
déontologie du chantage permanent et de la malveillance qui n’est autre que du
terrorisme médiatique et une revendication publique de la liberté de diffamer
impunément autrui, même si cette pratique fait son lit, depuis une décennie,
dans certains journaux qui en vivent.
Le SNJC dénonce cette déontologie du type « Si tu ne me donnes pas de l’argent,
je te détruis ! ».
Cette déontologie qui dénie aux personnes supposées fortunées tout droit à la
vérité est, toutefois, l’une des manifestations multiformes de l’indigence
chronique des médias et des journalistes.
Pour éradiquer ces pratiques qui aliènent et entravent gravement le droit du
public à l’information vérifiée, le SNJC invite les organisations des médias et
le Gouvernement à s’investir dans une vraie politique de développement des
médias et dans une infrastructure autorégulatrice légitime, capable d’assainir
cette situation de déclin.
Le SNJC en appelle, enfin, aux capitaines de l’économie à l’investissement dans
de vrais projets d’entreprises de médias capables, au travers d’emplois décents
et respectables, d’empêcher à l’avenir ce type de dérives déshonorantes,
condition sine qua non d’un
professionnalisme de haut vol.
Fait à Douala
(Cameroun), le 10 décembre 2008
Par le Syndicat National
des Journalistes du Cameroun, SNJC
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