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Le parcours d'un jeune Camerounais perdu dans la jungle du foot
(24/12/2009)
Profession : footballeur. C'est écrit sur son passeport camerounais établi le 27 mars 2006. A cette époque, Yannick Abega Onana Ezembe n'avait que... 13 ans.
Par Le Monde
Dimanche 20 décembre, 10 heures. Le train de Madrid arrive gare d'Austerlitz, à Paris. Yannick - grosse valise et sac à l'épaule - rencontre pour la première fois Jean-Claude Mbvoumin. Ce "grand frère", président de l'association Foot Solidaire, doit déposer plainte, lundi 21, auprès de la Fédération internationale de football (FIFA) pour "trafic d'enfant, maltraitance, exploitation, escroquerie envers les parents" à l'encontre de Marc Salicru Massegu, l'agent espagnol du joueur camerounais.

Au même moment, les parents du jeune attaquant devraient également déposer plainte au tribunal de Yaoundé. Ce qu'a déjà fait Foot Solidaire - par sa représentation au Cameroun - jeudi 17. "Nous voulons que la FIFA radie cet agent, explique M. Mbvoumin, qu'elle en fasse un exemple."

Le mauvais rêve commence au printemps 2006. Une "grande cousine" du père de Yannick, Marie-Antoinette Edoa, débarque à la maison. "Elle nous dit qu'un agent espagnol va bientôt venir pour recruter des joueurs", raconte le footballeur. C'est une belle opportunité. Un tournoi est organisé. "On était presque 500", se souvient-il. Parti une semaine avec son club dans une autre ville, il trouve à son retour un contrat signé par ses parents, par l'agent et par Marie-Antoinette Edoa.


Cette dame, la cinquantaine, est devenue depuis peu sa tutrice légale - sa mère adoptive - afin de gérer sa carrière. C'est d'ailleurs son job : sélectionner des jeunes et les mettre en contact avec des agents. "Quelques jours plus tard, je reçois un mail de mon agent", raconte l'attaquant. Une liste de clubs prestigieux comme le Real Madrid lui est proposée pour faire des essais. Rendez-vous à Barcelone pour une tournée des clubs. "Marc demande à mes parents de payer le billet", précise Yannick, le troisième d'une famille modeste de neuf enfants. La famille s'endette et paie.

Agé de 13 ans, il se retrouve alors au Real Majorque, pour trois saisons. Il est placé dans une famille d'accueil, va à l'école, apprend l'espagnol. "Mais je ne reçois pas un centime, assure le Camerounais. Je demande de l'argent au père de ma famille d'accueil, il me paie des vêtements..." Le club et sa nouvelle famille font pression auprès de l'agent pour que Yannick reçoive de l'argent. "Marc est d'accord pour me donner des sous, lâche-t-il. Ça sera... 40 euros par mois et ça a duré deux mois."

Fin 2008, Yannick est appelé par la sélection camerounaise des moins de 17 ans. A son retour de Yaoundé, sans aucune explication, il doit quitter Majorque pour l'Espanyol de Barcelone. Puis part faire des essais à Manchester City. Il revient en Espagne, reste deux mois dans la maison d'un ami de l'agent, abandonné, sans un sou. Le garçon finit par atterrir en septembre à Almeria, une équipe de première division.

"Je me suis souvent retrouvé en situation irrégulière, avoue Yannick, qui n'a obtenu que des visas étudiants de trois mois renouvelables. J'ai dû retourner au Cameroun pour refaire mes papiers et mes parents ont encore payé les billets." Ils doivent 8 millions de francs CFA, près de 12 000 euros, une fortune ! Par chance, Yannick a récemment obtenu une carte d'étudiant valable jusqu'en octobre 2010.

Il y a quelques jours, le club d'Almeria lui demande de partir : mineur, Yannick ne peut prétendre à un contrat car ses parents ne vivent pas en Europe, en vertu du règlement de la FIFA. D'ailleurs, il n'a jamais su si le moindre contrat avait été signé avec un club.

Yannick fuit son agent et se retrouve à Paris, pris en charge par Foot Solidaire. L'association a été informée de la situation par Marie-Antoinette Edoa, "oubliée" par l'agent. Foot Solidaire va se charger de placer le jeune dans un foyer, de le scolariser et de lui trouver un club. Marc Salicru Massegu n'a pas souhaité répondre au Monde. "Ce n'est pas vrai", s'est-il contenté de dire. "Cet agent s'occupe d'une vingtaine de garçons, assure Marie-Antoinette Edoa. Ils sont tous dans le même cas que Yannick."




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