Il y'a de plus en plus de problèmes de succession dans les chefferies de l'Ouest du Cameroun.
Depuis août 2000, date à laquelle le gouverneur de la province de l’Ouest d’alors, Ahmadou Tidjani, avait profité d’une cérémonie de passation de commandement entre préfets, pour destituer le chef nouvellement entré au “la’akam”, Banfeko, un groupement de deuxième degré dans l’arrondissement de Banka, est resté sans chef. Les nouvelles consultations prescrites en la circonstance au préfet du Haut Nkam n’ont rien produit.
Ou plutôt se sont avérées risquées pour les nouvelles autorités qui ont préféré laisser la situation pourrir. “ A ce jour, notre village a perdu sa tradition. Les gens sont enterrés de manière sommaire et plus rien ne se passe ”, résume Zatiékoué, le responsable des notables et interlocuteur de l’administration, qui persiste dans leur option. “ Chez les Bamileké, seule la mort met fin au règne d’un chef. Notre chef a commencé l’initiation selon nos us et coutumes. Il n’y aura pas un autre chef avant sa mort ”, avait-il écrit avec ses pairs dans de nombreuses lettres pour contre attaquer ceux qui pensaient les amener à changer le choix initial, porté sur un “prince” qui n’était ni le fils du défunt Mbangofa ni son frère.
Les turpitudes de la chefferie, aujourd’hui, ne s’arrêtent pas à ce genre d’immixtion. A Bandjoun, en l’espace de trois règnes, on a vu se succéder au trône trois frères consanguins, alors que dans au moins un cas, le défunt avait laissé des enfants capables de tenir suffisamment haut le flambeau royal. Par moments, dans les villages, on évoque le redressement de certains torts historiques. Mais à Bameka, trois chefs se sont succédés dans des conditions suspectes. De même, les partisans de S.M. Gaston Guemegni, « chef légitime » de Baleveng, ont sauté de joie le jour où l’administration a finalement mis fin au bicéphalisme qui avait cours dans cette chefferie, en destituant le régent. Situation quasi-identique à Foreke- Dschang.
La dernière actualité dans ces chefferies démontre que de plus en plus de mains profanes touchent à la succession. Dans le village Badoumka, dans le Haut Nkam, la contestation de la désignation du nouveau chef supérieur, que les « neuf notables » attribuent au préfet a dernièrement pris une dimension violente. Dans la nuit du 24 au 25 mars 2009, une horde d’hommes armés de machettes, de gourdins et de bâtons ceints de clous a fait irruption dans le sanctuaire de la chefferie, où le chef désigné avait été admis en initiation auparavant et s’en sont pris aux personnes présentes. Après avoir sectionné le câble électrique qui alimente la concession, ces individus dont l’appartenance au village n’est pas évidente, ont usé de leurs lampes torches pour pourchasser, tabasser et charcuter tous ceux qui veillaient dans cette chefferie dont le contrôle a récemment dressé les ressortissants en factions. Un homme de 63 ans s’est retrouvé avec de grosses entailles dans le dos, cinq autres s’en sont sortis avec des blessures profondes sur les pieds et des balafres… L’intronisation a été interrompue, malgré les assurances de l’administration.
Des choses qui font douter de la capacité de la chefferie traditionnelle à résister à la bourrasque de la modernité. Aux assauts de l’argent et aux sirènes de la politique. Sur ce dernier terrain, beaucoup se mettent régulièrement à dos leurs sujets, du fait d’un alignement pas toujours pas bien compris dans les rangs des partis politiques.
Source: Le Jour Quotidien
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