Philibert Andzembé aurait fait des placements qui ont fait perdre plus de trois cent milliards de francs CFA à la Beac
La Banque des Etats d'Afrique centrale (Beac) a tenu à garder le secret sur une réunion extraordinaire du comité ministériel qui s'est pourtant tenue au siège de la Beac à Yaoundé, lundi et mardi derniers. Une réunion exceptionnellement longue (ce genre de conclave dure d'habitude une demi journée, témoigne un cadre de la maison) au cours de laquelle les ministres des Finances et ceux en charge de l'Economie des six pays membres de la Cemac ont eu à discuter de " sujets préoccupants et importants ", dans une ambiance " souvent tendue ". Selon nos informations, le gouverneur de la Beac, Philibert Andzembé, qui souhaitait assister à cette réunion de crise, a été éconduit par le président du conseil ministériel, le ministre camerounais des Finances, Essimi Menyé.
Les conclusions de ces échanges souvent houleux n'ont évidemment pas été communiquées à la presse. Même les responsables de la maison, pour la plupart, n'en savent rien, priorité ayant été donnée aux chefs d'Etat de la zone Cemac qui se retrouvent en principe demain, 30 janvier 2009 à Libreville au Gabon, autour du président Omar Bongo Ondimba, pour un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac).
Selon des sources internes généralement bien informées, " le principal problème qui a occasionné ces réunions extraordinaires à répétition est une série de placements à risques effectués par l'actuel gouverneur de la Beac, et qui, avec la crise financière internationale, ont fait perdre beaucoup d'argent à la banque ". Avant d'ajouter : " Ce qui serait reproché à Philibert Andzembe, ce n'est pas tant d'avoir pris ces risques, mais de l'avoir fait en violation des textes réglementaires " (lire article ci-dessous). Un sujet qui a déjà été l'objet de préoccupations chez les administrateurs de la Beac.
Placements à problèmes
De ce point de vue, l'on se souvient que le communiqué de presse rendant compte de la dernière réunion extraordinaire du conseil d'administration de la Beac, tenue le 17 décembre dernier à Douala indiquait par exemple : " Le conseil a par ailleurs exhorté le gouvernement de la Banque à la prudence et au strict respect des dispositions prévues en matière de gestion des réserves de change officielles, en particulier dans le contexte actuel marqué par la persistance de la crise sur les marchés financiers internationaux ". Le ver était-il dans le fruit ? Selon une source interne, même " les précédents communiqués avaient déjà émis les mêmes réserves, mais les chefs d'Etat ont tardé à réagir et au moment où la Beac s'est retirée des circuits financiers internationaux, il se faisait déjà tard, le mal était fait. "
Le gouverneur de la Beac, qui n'a pris ses fonctions que le 12 juillet 2007 (après avoir été nommé le 20 juin en remplacement d'un autre Gabonais, Jean Félix Mamalepot, par l'Acte additionnel de la Conférence des Chefs d'Etat N° 19/CEMAC/CCE du 20 juin 2007, signé du Président en exercice de la Cemac, Paul Biya, président de la République du Cameroun), avait régulièrement indiqué, comme ce jour à la sortie d'une réunion du comité de politique monétaire (instance de la Beac qui se tient tous les trois mois et dont il statutairement le président), que " la Beac est dans une situation de surliquidité et notre zone n'est pas très compétitive. Il serait donc intéressant de faire des placement ailleurs pour faire fructifier nos réserves ". Selon des sources généralement bien informées, ce problème de placement à problème des réserves de la Beac vient simplement s'ajouter à d'autres problèmes à la fois de gestion et de management accumulés par le nouveau gouverneur.
Les mêmes sources indiquent que les chefs d'Etat qui se retrouvent à Libreville demain devraient plancher sur un ordre du jour en deux points : le remplacement éventuel de Philibert Andzembe (il serait alors demandé au Gabonais Omar Bongo Ondimba de proposer un autre candidat), et les voies et moyens pour atténuer les effets de la perte d'argent ainsi occasionnée. Nos sources à la présidence de la République ne nous ont pas permis de confirmer la participation effective du chef de l'Etat Paul Biya à ce rendez-vous pourtant capital pour la survie d'une sous région dont le Cameroun est souvent présenté comme la locomotive.
Source: Quotidien Mutations
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