Face à eux, d’autres hommes politiques tels que Adamou Ndam Njoya (Udc), Ekane Anicet (Manidem), Pierre Sende (Upc), Jean Jacques Ekindi (Mp), et Joseph Banadzen (Sdf). La société civile n’était pas en reste. C’est ainsi que des personnalités bien du grand public tels que Hilaire Kamga, Pius Njawe, Célestin Lingo, Pauline Biyong, Amadou Banoufe, Charles Atéba Eyene, se sont jointes aux universitaires que sont Alain Didier Olinga, Pierre Titi Nwel, Paul Kui, Atangana Amougou, Mathieu Mebanga, etc. pour échanger sur ce sujet.
Titi Nwel, a parlé de l’importance du débat dans la tradition africaine. Il indique que les sociétés africaines sont essentiellement des sociétés de dialogue. “ On peut se servir de cet exemple de la sagesse africaine au Cameroun pour réfléchir sur cette question relative à la révision constitutionnelle. ” A sa suite, Grégoire Owona va rappeler les positions de son parti. “ Le Rdpc a décidé de lancer un appel au Président pour qu’il organise une révision de la Constitution. Nous avons voulu répondre à la volonté de la majorité du peuple camerounais qui entend voir arrimer notre Constitution à la modernité ”, soutient-il.
87% des Camerounais disent non !
L’intervention du Dr Alain Didier Olinga porte sur “ le rôle historique de la Constitution dans la promotion de la démocratie au Cameroun. ” L’universitaire va interpeller les quatre constitutions que le Cameroun a connues depuis son Indépendance. Celle du 4 mars 1960 qui a établi la souveraineté du Cameroun; celle du 1er septembre 1961 qui a mis en place à l’Etat fédéral ; celle du 21 juin 1972 pour l’Etat unitaire, et enfin la Constitution de janvier 1996 que nous connaissons jusqu’à ce jour. Pour envisager une révision constitutionnelle, le Dr Alain Didier Olinga entrevoit deux perspectives : la première est inspirée par l’article 16 de la Déclaration française des Droits de l’homme et du Citoyen de 1789, qui dit que “ toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ”, la deuxième s’inspire de la Constitution donnée par le Général De Gaule en ces termes : “ Une Constitution, c’est un esprit, des institutions, une pratique ”.
Le Dr Alain Didier Olinga propose alors “ l’équilibre pour éviter la catastrophe ”. Ces clairvoyances juridiques vont tout de suite permettre à la grande majorité des participants à ce débat de donner la réplique aux convictions des représentants du Rdpc.
Si Ekane Anicet a demandé aux Américains quel est leur intérêt à susciter un tel débat, certains vont fortement rappeler que ce qui fait problème dans la volonté du Rdpc de réviser la Constitution est que celle-ci ne vise que l’article 6 alinéa 2 sur la limitation des mandats. Ndam Njoya propose alors une révision globale de la loi fondamentale du Cameroun. Mais ce qu’on peut appeler ici “ le Front du Non ” était plus fort. Pour Charles Ateba Eyene, “ le débat sur la révision de la Constitution n’est pas d’actualité au Cameroun. Comme l’a dit le président Paul Biya lui même, ce qui est urgent, c’est la lutte contre la corruption et la pauvreté ”.
Pius Njawe, le directeur général de Free Media Group sera encore plus cinglant : “ Un sondage que nous avons commandé et qui reste encore secret pour l’instant indique que 87 % des Camerounais sur un échantillon de 1200 sont contre la révision de la Constitution. Et sur les 87%, 95% se disent être du Rdpc. Vous comprenez bien que “ la grande majorité des Camerounais ” dont parle le secrétaire général adjoint du comité central du Rdpc est une vue de l’esprit. ”.
Il proposera alors que, “ si l’on en est vraiment là, alors que l’on intègre des aspects importants de la vie de la nation dont la Constitution actuelle n’a pas. C’est le cas du vote des Camerounais de la diaspora. Nous voulons rappeler que nous sommes allés en prison dans ce pays parce que nous avons dit que cette Constitution avait des défaillances graves ”.
Au final, ce débat a permis d’isoler de la plus belle manière les représentants du Rdpc. Difficile de savoir s’ils ont bien assimilé la leçon.
Source: Le Messager
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