Le domicile de Jean Marie Atangana Mebara a été perquisitionné
Il est un peu plus de 16h30. Sur la ruelle bitumée qui va du Rond-Point Ecole publique Bastos à New Bastos, où on retrouve entre autres les ambassades du Brésil, de la Chine et de l'Algérie, une zone dans laquelle devait être édifiée une faculté de médecine et de pharmacie et qui a été mise en coupe réglée par des générations successives de barons du régime, rien d'anormal à priori. La torpeur ambiante dans ce quartier huppé est favorisée en cet après-midi par un soleil au zénith.
Mais la quiétude de l'automobiliste qui s'engage dans cette ruelle est très rapidement mise à mal dès qu'il découvre au bout de 50 mètres, au niveau du mini-carrefour qui mène à la résidence de Jean-Marie Atangana Mebara, une dizaine d'éléments du Groupement spécial d'opération (Gso), une unité spéciale de la police. On peut les reconnaître à cette tenue noire devenue célèbre grâce aux coups d'éclats réalisés dans la lutte contre le grand banditisme. La lassitude qui se lit sur les visages témoigne de ce qu'ils sont en faction là depuis pas mal de temps. La température ambiante n'est pas faite pour leur faciliter la tâche. Du coup, ils profitent comme ils peuvent de l'ombre qu'offrent Les hauts murs faisant office de barrière pour les résidences cossues qui s'amoncellent ici.
Devant l'imposante demeure de l'ancien ministre d'Etat secrétaire général à la présidence de la République quelques voitures, parmi lesquelles une Toyota pick-up de la police, sont garées. Des éléments du Gso en tenue sont également visibles ici. Quatre personnes en civil ne semblent pas du tout dépaysées au contact de ces policiers. Assis dans une rigole en face d'une Renault 4 dont l'éclat du blanc a vécu et qui détonne aux côtés de Mercedes classe A et d'autres berlines rutilantes, L'une de ces personnes tient d'ailleurs négligemment une arme du même calibre que celles qu'ont en bandoulière les éléments du Gso.
Impossible de voir ce qui se passe à l'intérieur de la résidence où le maitre de céans, sorti de sa cellule à la prison centrale de Kondengui en matinée, assiste à la perquisition conduite, selon nos informations, par des magistrats accompagnés de policiers. Jean-Marie Atangana Mebara, qui a d'abord été conduit au parquet du tribunal de grande instance de Yaoundé, bénéficie à la faveur de cette perquisition d'un moment avec les siens. Notamment son épouse et ses enfants, dont la dernière est à peine âgée de cinq ans.
Nkomekoui
Une chaleur familiale dont il était sevré depuis le mercredi 6 août dernier, date à laquelle il avait été écroué à la prison de Kondengui à Yaoundé après cinq jours de garde à vue à la direction de la police judiciaire. Six chefs d'accusation ont été retenus contre cet ancien ministre dont celui de détournement de deniers publics en coaction et complicité. Son épouse s'est d'ailleurs résignée, à la demande de son mari, à ne plus faire le déplacement de la prison pour lui porter son repas. Ceci face à la fin de non recevoir récurrente opposée à sa demande de rencontrer son époux.
Coïncidence troublante, hier à 17h30 sur le poste national de la Crtv, l'émission "Le point du droit" de Guy Roger Ebah était consacrée aux avancées procédurières observées depuis la mise en application du nouveau code de procédure pénale.
L'invité, Bernard Keou, avocat au barreau du Cameroun, relevait en ce qui concerne la perquisition que celle-ci doit se dérouler en présence de la personne avec la possibilité pour cette dernière de fouiller les officiers de police judiciaire avant et après afin de s'assurer que ceux-ci n'ont rien distraits. Joint au téléphone pour en savoir plus sur le déroulement de cette perquisition qui a débuté selon des sources concordantes autour de 13h et qui se poursuivait jusqu'à 19h, Ebanga Ewodo, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats du Cameroun et conseil de Jean Marie Atangana Mebara, s'est contenté d'affirmer : "c'est un acte procédural ordinaire. Je n'ai rien à dire en dehors du fait qu'il y a eu perquisition".
Au moment où nous mettions sous presse, des informations faisaient état de la poursuite de la perquisition dans la maison de Jean Marie Atangana Mebara à Nkomekoui, son village situé dans l'arrondissement de Mbankomo, département de la Mefou et Akono.
Source: Quotidien Mutations
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