Paul Biya et son épouse ont accueilli le pape à sa descente de l'avion
Très Saint-Père,
Vous foulez pour la première fois le sol du Cameroun. Je suis heureux, au nom du
peuple camerounais et en mon nom propre, de Vous souhaiter une chaleureuse
bienvenue dans notre pays.
Tous les Camerounais Vous accueillent avec ferveur, avec joie et se sentent honorés de Votre présence.
Ils
considèrent votre visite comme un privilège exceptionnel pour le Cameroun.
Les travaux du Premier Synode des Evêques pour l’Afrique
s’étaient en quelque sorte achevés au Cameroun par la promulgation en 1995 de
l’Exhortation Apostolique Post synodale « Ecclesia in Africa » par Votre Révéré
Prédécesseur.
La Providence a voulu que Votre visite offre l’occasion de la publication de «
l’Instrumentum Laboris » qui marquera le début de la préparation concrète de la
deuxième Assemblée Spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique qui doit se
tenir à Rome en Octobre prochain. Laissez-moi m’en réjouir et me féliciter de ce
que le Cameroun soit ainsi devenu une « terre synodale » ou, tout au moins,
comme l’a dit un fin observateur de mon pays « un cadre idéal pour s’adresser à
l’Afrique ».
Très Saint Père,
Qu’il me soit permis de dire que le thème retenu pour le deuxième Synode – «
l’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix
» - va dans le sens de nos propres préoccupations. J’ai en effet souvent déploré
que notre continent soit en permanence déchiré par les antagonismes
sociopolitiques et les conflits ethniques. Le Cameroun a toujours soutenu les
initiatives des organisations internationales pour réconcilier les adversaires
et apporter sa contribution lorsqu’il était fait appel à lui.
Grâce au Ciel, notre pays qui connaît une grande diversité ethnique a échappé à
de tels excès. Sans doute parce qu’il existe entre ses différentes composantes
une grande tolérance et un véritable respect mutuel. Probablement aussi parce
que le peuple camerounais est doué d’un sens des responsabilités qui l’incline à
la négociation plutôt qu’à l’affrontement.
D’autre part, comment ne pas souscrire à l’appel de l’Eglise pour plus de
justice pour les populations africaines décimées par les pandémies, la misère et
la faim, parfois privées de leurs droits élémentaires et soumises à des
conditions de vie dégradantes. Comment ne pas entendre « le cri de l’homme
africain » selon l’expression d’un prêtre sociologue camerounais.
Nous nous efforçons pour notre part de répondre aux attentes de notre peuple
concernant l’exercice de ses droits civiques et à la satisfaction de ses besoins
en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. Nous nous sommes ainsi
engagés depuis une vingtaine d’années sur le chemin escarpé de la démocratie et
du progrès social. Sans prétendre être arrivés au terme de notre parcours, je
crois pouvoir dire que, malgré les obstacles, nous avons avancé dans la bonne
direction. Et nous continuerons dans cette voie.
Quant à la recherche de la paix, elle est le fondement même de notre politique
extérieure. Parce que nous savons que, sans la paix, tous nos efforts pour
améliorer le sort de notre peuple seraient vains. C’est pourquoi nous menons une
politique de bon voisinage avec nos voisins avec lesquels nous avons beaucoup en
commun.
Le meilleur exemple de cette volonté de paix que je puisse citer, est le
règlement du contentieux sur la péninsule de Bakassi. Grâce à une bonne volonté
partagée et l’appui des Nations Unies et de quelques puissances amies, cet
épineux problème a pu être résolu à la satisfaction générale. La voie a ainsi
été ouverte à une coopération mutuellement bénéfique avec notre grand voisin.
Très Saint Père,
Les Africains et les Camerounais en particulier apprécient hautement Votre
décision de tenir un Deuxième Synode des Evêques pour l’Afrique. Ils y voient la
marque de l’intérêt constant que vous portez à ceux qui souffrent de la guerre,
de la misère, de la maladie ou de l’oppression.
Cette solidarité affirmée est aussi pour eux un encouragement à ne pas céder à
l’afro-pessimisme et à poursuivre leurs efforts pour construire une société plus
juste et plus solidaire. A cet égard, Votre seule présence est porteuse d’espoir
et de confiance en l’avenir. C’est la raison pour laquelle Vos paroles seront
suivies avec la plus grande attention et seront pour nous tous, source
d’inspiration et de réconfort.
Très Saint Père, Merci d’être venu vers nous.
Permettez-moi de voir en Votre visite la marque de l’affection réciproque qui
existe entre Votre Sainteté et le Peuple camerounais
Nous Vous souhaitons un très agréable séjour au Cameroun.
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